Gilles Raveaud décrit un marché européen “centralisé”, avec un “prix unique”, “quasiment soviétique”.
Aucun de ces points n’est correct.
Voici les faits, avec les sources officielles + mes analyses détaillées.
Il n’existe pas de prix unique de l’électricité en Europe.
L’Europe est découpée en bidding zones (zones de prix).
Chaque zone a son propre prix spot, déterminé par ses propres contraintes réseau.
Le couplage européen (Euphemia) n’unifie pas les prix.
Il couple les enchères locales quand les interconnexions ne sont pas saturées.
Quand elles le sont → les prix divergent.
C’est le fonctionnement normal d’un marché décentralisé et rien de soviétique. nemo-committee.eu/assets/files/1…
Et le coût marginal n’a rien à voir avec les énergies propres.
C’est une règle économique très classique :
le prix = coût marginal de la dernière unité produite.
Ce n’est ni un encouragement aux renouvelables, ni un “mécanisme étonnant”, ni une construction idéologique :
c’est tout simplement une propriété de l’équilibre d’un marché concurrentiel.
D’ailleurs, le coût marginal le plus cher n’est pas celui du gaz.
→ C’est l’effacement de la demande (interrompre volontairement la consommation).
C’est le signal ultime quand toutes les centrales disponibles sont déjà en fonctionnement.
Le gaz n’est marginal que quand :
la disponibilité nucléaire ne suffit pas,
la demande est élevée,
et les renouvelables intermittents sont bas.
Ce n’est pas un “design pro-gaz”.
C’est juste l’ordre de mérite.
Raveaud dit ensuite que “le kilowattheure était à 1 000 euros”.
Même en supposant qu’il parle du MWh, c’est faux pour la France.
Les données publiques montrent un maximum hebdomadaire ~600 €/MWh en 2022 : tse-fr.eu/debate-ambec-c…
Oui, certaines heures isolées ailleurs en Europe ont dépassé 1 000 €/MWh.
Mais pas en prix hebdomadaire FR, ni en prix moyen journalier FR.
On ne généralise pas un pic horaire dans une autre zone.
Raveaud cite ensuite un chiffre de “40 Md€ de marge en 2023”, prétendument tiré de la Cour des comptes.
Là encore, c’est incorrect.
mais un écart global entre prix facturés et coût français de production,
réparti entre producteurs, fournisseurs, traders & intermédiaires.
Ce n’est pas un profit net.
Ce n’est pas 40 Md€.
Ce n’est pas 2023 seulement.
Et ce n’est pas une manne captée par “des acteurs qui ne produisent rien”.
Revenons au cœur :
Le marché européen n’est pas un système centralisé.
Ce n’est pas un prix unique.
Ce n’est pas un mécanisme idéologique pro-enérgies propres.
C’est un système décentralisé, basé sur la physique et sur le coût marginal.
Il peut être critiqué, bien sûr.
Mais pas sur des faits inexacts ou mal compris.
Les données publiques, les rapports officiels et les principes économiques donnent un tableau très différent de celui présenté par Raveaud.
Poke @RaveaudGilles
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1/ — Pourquoi la libéralisation du marché ? (p. 4)
📌 Ce que dit Cayla (citation exacte)
La libéralisation « procède avant tout d’une volonté de rationaliser l’organisation de l’économie ».
L’objectif était de « dépasser les frontières nationales » et de « faire disparaître le contrôle politique des prix de l’énergie au profit d’un système fondé sur les prix de marché ».
J'ai parcouru l'interview. J'ai l'impression que sa vision se rapproche pas mal de celle des travaillistes britanniques qui ont créé Great British Energy
" Great British Energy (GBE) est une société publique d'investissement que le Parti travailliste souhaite créer dans le secteur énergétique. Celle-ci serait ainsi « détenue par les Britanniques » et devrait permettre d'accélérer les investissements dans les filières bas carbone,
C'est assez facile car Anne Debrégeas radote donc sur la raison de la hausse des prix qui n'aurait pas eu lieu avec le TRVe, vous pouvez vous référer à mon fil sur cette précédente tribune toujours dans @lemondefr
L'article pourrait laisser croire que le gaz est marginal, ce n'est pas le cas.
De plus, le gaz est l'énergie au coût la plus volatile donc face à des énergies bas carbone au coût marginal quasi-nul (ENR et nucléaire), les variations de prix du gaz vont expliquer grandement les variations de prix de l'électricité. C'est une question de variance.
La comparaison avec le tribunal ne tient pas. Ce dernier n'est pas une activité marchande contrairement à la fourniture d'électricité. La production d'électricité n'a jamais été un monopole naturel. JMJ confond avec le réseau.
Vos factures ne sont pas payées avec de l'amour et de l'eau fraîche. Même du temps du monopole, il y avait un service pour établir et faire vivre les contrats de fourniture.
La spéculation est bénéfique pour trois raisons. D'abord, elle permet de partager les risques. Les spéculateurs viennent en contrepartie d'agents économiques qui ont besoin de verrouiller un prix à un moment donné.