Thread by @DessertTaCause

#Rappel : Les "dessers ta cause" et formules équivalentes ne sont pas des arguments, mais des accusations.

Il y a une tendance dans les discussions/débats où des arguments sont échangés de le confondre avec un argument, mais cela n'en est pas un.

Un argument peut être l'énonciation d'une évidence, une citation de chiffres, d'articles, de livres, de preuves.

"tu dessers ta cause" est une accusation, porté sur le fond, la forme ou les deux.

La plupart des dessers ta cause sont énoncés par des non-concerné.e.s à des concerné.e.s.

Plus rarement, il arrive que des concerné.e.s accusent des concerné.e.s de desservir la cause. (j'y reviendrai)

Aparté et réponse à FAQ pour revenir sur les termes, qui sont souvent utilisés à tort et à travers:

Une oppression est une discrimination systémique d'un groupe social avec ou sans le soutien des structures d'une société.

Les oppressions sont étudiées par la science qu'est la sociologie.
Concerné.e = personne qui subit une oppression systémique donnée de la société.
Non concerné.e = personne ne subissant pas une oppression systémique donnée de la société. Fin de l'aparté

Parmi les groupes discriminés, on retrouve: les femmes, les personnes racisées, les personnes MOGAI, les personnes handicapées, ...
Une personne peut être concernée par une/des oppression.s et non concernée par d'autres.

Le cumul d'oppressions a un effet aggravant : c'est ce qu'on appelle l'intersectionnalité.
Le champ que couvre l'afroféminisme en est un exemple et est l'une des origines de cette notion.

Une oppression divise la population en deux: les concerné.e.s (ou opprimé.e.s) et les non-concerné.e.s.

Les non-concerné.e.s bénéficient de l'oppression, qu'iels le veuillent ou non, de cette division et sont privilégié.e.s.
L'un de ses privilèges est que leur parole porte plus loin et est mieux considérée.

Le/a non-concerné.e peut être aveugle de son privilège et nier l'existence de l'oppression.
On le voit notamment dans le discours des anti-féministes, où l'idée que "l'égalité est déjà là" est persistante.

Est-ce que ça veut dire que les non-concerné.e.s ne souffrent pas ? Non, mais cette souffrance, dans le cadre de cette oppression, n'est pas comparable.

Les oppressions sont étudiées, vérifiées, démontrées par la sociologie.
Remettre en question leurs existences, c'est comme croire au créationnisme ou que la Terre est plate.

Oui, vous pouvez très bien ne pas y croire, mais cela ne convaincra jamais celleux qui croient en la science. Voilà pour le fond.

Sur la forme, les non-concerné.e.s prennent mal qu'on leur rappelle les oppressions car iels en bénéficient. Ce n'est pas confortable.
Il n'y a pas cependant de manière confortable d'exprimer cette violence systémique.
Et ce n'est pas à des concerné.e.s à vous ménager.

L'Histoire de la lutte contre les oppressions n'a jamais montré aucun progrès acquis avec de la gentillesse, de la pédagogie et des cookies
Cette Histoire est pleine de répressions sanglantes, de manifestations, d'actes terroristes.

Pour en revenir aux concerné.e.s accusant d'autres de "desservir la cause" : le mécanisme de l'oppression inclut au processus d'auto-conservation, où les concerné.e.s les moins impactés vont protéger le système oppressif.

Pour le sexisme, il y a par exemple "la misogynie intériorisée".
Il y aura 3 types: les personnes qui valident le système oppressif, les personnes qui pensent qu'il n'existe pas, celleux qui y croient mais invalident la forme/fond

Pour celleux qui valident se système oppressif, iels se mettent souvent dans cette position parce qu'iels pensent avoir un traitement privilégié. Ce n'est jamais le cas (c.f. les femmes de droite de Dworkin pour le sexisme)

Pour celleux qui pensent que ça n'existe pas, pas grand chose à ajouter à part que ces phénomènes ont été chiffrées, documentées par des témoignages avec rigueur scientifique.

Enfin pour celleux qui ne font que rejeter la forme/fond. Il est normal qu'au sein du militantisme, il y ait des désaccords, mais: ne nous trompons pas d'ennemis, et l'ennemi, ce n'est pas le concerné.

Silencier par un "tu dessers ta cause" un.e concerné.e quand iels cherchent à reprendre un espace de parole est paradoxal. Privilégier des arguments, des chiffres, vos témoignages, ce sera toujours mieux.

Pour rappel ancien sujet épinglé:

https://twitter.com/DessertTaCause/status/821476199083937792

Je mets celui que j'ai refait pour le twittanniversaire, qui prend en compte les remarques que j'ai eus sur le précédent.