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Feb 6, 2018 64 tweets 11 min read Read on X
Le procès #Jawad Bendaoud va reprendre pour le réquisitoire. Les prévenus viennent d'arriver dans la salle.
L'audience est reprise. Début du réquisitoire : "quelques mots sur le contexte particulier de ce procès, très attendu par les victimes du #13Novembre car il constitue une 1ere étape judiciaire."
Réquisitoire : "lorsque les victimes sont venues à la barre, toutes ont été d'une extrême dignité et d'une extrême lucidité."
Réquisitoire : "parmi les trois prévenus, il y a #Jawad Bendaoud, qui est très médiatique. Ce procès avait donc un écho très important."
Réquisitoire : "pour nous, professionnels du droit, il faut parvenir à prendre de la distance par rapport à cette hyper médiatisation, ne pas se laisser duper par les nombreuses images de lui diffusées à la télé."
Réquisitoire : "je le dis clairement, pour moi, le plus médiatique n'était pas le plus inquiétant."
Réquisitoire : "il y a une rupture nette et très franche dans l'organisation : jusqu'au soir des attentats, l'organisation est méticuleuse et la phase post-attentats marquent une véritable rupture."
Réquisitoire : "avant les attentats, il n'y a jamais eu de contact entre [les prévenus] et la cellule des terroristes."
Réquisitoire : "mon sentiment est que #Jawad Bendaoud et Mohamed Soumah sont des pièces rapportées dans ce dossier. "
Réquisitoire : "il est important d'insister sur le profil très particulier de Mohamed Soumah, qui compte 17 condamnations sur son casier judiciaire, dont une par la cour d'assises pour vol à main armée".
Réquisitoire : "pour #Jawad Bendaoud, on compte 8 condamnations, dont une par la cour d'assises."
Réquisitoire : "il y a selon moi deux questions à vous poser : "pouvaient-ils ignorer que les deux fuyards avaient commis un crime?" et "avaient-ils connaissance du crime commis?"
Réquisitoire : "seule une réponse positive à ces deux questions peut m'amener à requérir la peine maximale, à savoir 6 ans d'emprisonnement."
Réquisitoire : "on a affaire à des délinquants chevronnés. Etre en fuite dans ce contexte particulier signifie que les individus avaient commis quelque chose de grave. Et ça, les prévenus ne pouvaient pas l'ignorer."
Réquisitoire : "Mohamed Soumah sait qu'un tiers envoie de l'argent à Hasna via un mandat. Ce n'est pas difficile de comprendre qu'ils sont membres d'une organisation."
Réquisitoire : "Les explications de Mohamed Soumah ne sont pas recevables : on ne prend pas autant de précautions pour permettre à une consommatrice de crack de se mettre à l'abri."
Réquisitoire : "pour venir s'établir chez #Jawad Bendaoud, c'est que forcément on est dans une volonté de dissimulation. Lorsqu'on n'a rien à se reprocher, on va dans un hôtel normal."
Réquisitoire : "dès le mardi soir, #Jawad Bendaoud a la conviction que les gens qui viennent d'arriver chez lui sont encore plus suspects que les mafieux russes qu'il avait hébergé par le passé."
Réquisitoire : "ni #Jawad Bendaoud, ni Mohamed Soumah ne pouvaient ignorer le caractère criminel de ces deux fuyards."
Réquisitoire : "on a des éléments troublants, mais pas suffisamment pour affirmer avec certitude que Mohamed Soumah et #Jawad Bendaoud savaient qu'ils apportaient leur aide [aux terroristes]."
Réquisitoire : "venir en aide à l'homme le plus recherché du monde et en même temps draguer Hasna Aït Boulhacen me semble pour moi incohérent."
Réquisitoire : "#Jawad Bendaoud ne savait pas précisément à qui il avait affaire ... il n'a pas le comportement d'individu qui vient en aide à Abdelhamid Aaaoud et Chakib Akrouh."
Réquisitoire : "les ceintures explosives ont été fabriquées en Belgique par un homme venu spécialement de Syrie. La ceinture de Chakib Akrouh n'a pas été fabriquée chez #Jawad Bendaoud."
Réquisitoire : sur l'ADN retrouvé sur le scotch d'une ceinture explosive: "je ne vois pas Abaaaoud demander à #Jawad Bendaoud de lui venir en aide pour fabriquer une ceinture explosive."
Réquisitoire : "à vouloir mettre un costume trop grand à #Jawad Bendaoud, on viendrait à décrédibiliser Abaaoud. Abdelhamid Abaaoud, ce n'est pas le premier venu."
Réquisitoire : "ça me semble important que les victimes comprennent pourquoi je n'abonde pas dans leur sens. Et l'argument principal pour moi, c'est que s'il avait su, il n'aurait pas hébergé ces individus pour un montant aussi modeste."
Réquisitoire : "on peut reprocher à Mohamed Soumah et #Jawad Bendaoud le recel de criminel, mais pas de criminel terroriste."
Réquisitoire : "Youssef Aït Boulahcen affiche pour moi le profil le plus inquiétant. Dans la presse, on parlait du procès #Jawad .. pour moi, c'est le procès Aït Boulahcen."
Réquisitoire : Youssef Aït Boulahcen, "on a tous les éléments que l'on retrouve traditionnellement dans les dossiers de filières et départ pour la Syrie : des photos d'Abdelhamid Abaoud, de la documentation antisémite ..."
Réquisitoire : "on a affaire à quelqu'un [Youssef Aït Boulahcen] de parfaitement radicalisé."
Youssef Aït Boulahcen intervient en plein réquisitoire : "je l'ai jamais reçu ce message !"
La présidente : "monsieur, non seulement vous arrivez en retard mais en plus vous prenez la parole. Je vous demande de vous taire."
Réquisitoire : "il n'a aucun courage dans les explications données par Youssef Aït Boulahcen."
Réquisitoire : "Abaaoud, il n'y pas besoin d'être son cousin pour savoir que s'il est en France après les attentats du #13Novembre c'est pas pour faire du tourisme. C'est pour frapper à nouveau."
Réquisitoire : "on a retrouvé sur le téléphone de Youssef Aït Boulahcen, un montage photo avec l'assaut à la télé, une photo d'Abaaoud, un poignard ensanglanté et qu"Allah le préserve" ... comme une sorte d'hommage virtuel à son cousin."
Réquisitoire : "on a eu un discours extrêmement lisse, calibré à l'audience, très réfléchi. Je me demande s'il ne vaut pas mieux des explications un peu rocambolesque comme celle de Jawad Bendaoud que des explications trop calibrées."
Le procureur requiert 4 ans de prison à l'encontre #Jawad Bendaoud et Mohamed Soumah.
Contre Youssef Aït Boulahcen, le procureur requiert 5 ans d'emprisonnement, la peine maximale encourue.
L'audience va reprendre avec les plaidoiries de la défense. Me Florian Lastelle se lève pour défendre Youssef Aït Boulahcen.
Me Lastelle : "je suis effrayé dans mes propres pensées depuis plusieurs jours. Plus depuis ces 15 très longues minutes [de suspension]. Je suis effrayé de m'interroger sur les réelles raisons qu'a eu le procureur de requérir 5 ans de prison pour un individu au casier vierge."
Me Lastelle : "Je ne vais pas vous livrer ces pensées parce qu'elles sont inutiles. Je vais m'attacher aux éléments objectifs, au débat juridique."
Me Lastelle : "au cours des réquisitions, on a voulu préjustifier une peine en parlant de radicalisation et en sortant totalement de la rigueur juridique."
Me Lastelle : "la prévention c'est "non-dénonciation de crime ... je n'ai toujours pas compris de quel crime."
Me Lastelle : "il y a des fichiers salafistes dans les scellés, des photos de son cousin Abdelhamid Abaaoud. Mais est-ce que la détention de ces fichiers saurait justifier d'une intention criminelle?"
Me Lastelle (avocat de Youssef Aït Boulahcen) : "sur des centaines d'écoutes, d'analyses où les enquêteurs ont tout éplucher, on ne retient que quelques phrases."
Me Lastelle : "on lui a reproché de traiter des policiers de chiens ... à la suite d'une perquisition. Une perquisition ça se passe mal, on retourne les appartements. Monsieur Aït Boulahcen s'est emporté."
Me Lastelle : "sur les propos qu'il a tenu sur les homosexuels, qui bien évidemment son abjects, il s'agissait d'une discussion privée avec son ami. Est-ce que ce n'est pas humain, avec ses amis, d'exprimer des propos bien exagérés?"
Me Lastelle : "je vous rappelle, lors des manifestations, les propos tenus par la France dont on n'a pas peur ... "on allait marier des chiens, se marier avec des enfants" Là c'était devant les micros, pas une conversation privée."
Me Lastelle : "Youssef Aït Boulahcen c'est un français, un enfant battu, placé dans différentes familles d'accueil, travailleur et qui respecte à la lettre les lois françaises. Personne ne peut dire le contraire. C'est objectif, il a un casier vierge."
Me Lastelle : "dans son téléphone, il y a Game of Thrones, vous savez la série avec les elfes, il y a Men in black ... mais il n'y a aucun contact avec la Syrie. Aucun. Et aucune preuve d'un prosélytisme aucun."
Me Lastelle : "au moment où Hasna appelle son frère [Youssef Aït Boulahcen], elle ne sait pas encore que celui qu'elle va voir est Abaaoud."
Me Lastelle : "Hasna n'écrit pas "Hamid il est là" comme indiqué dans le réquisitoire. Elle écrit "Hamid, il est dans le ..." Dans un dossier de cette envergure, je ne crois pas à la faute de frappe."
Me Lastelle : "Hasna lui communique des informations parcellaires et confuses, il décide de la rejoindre. "Elle est folle, mais c'est ma soeur." Il a une brique de lait et des Granola avec lui ... Est-ce que du lait et du chocolat c'est une aide apportée à des terroristes?"
Me Lastelle : "moi, à une période de ma vie, mon frère n'allait pas bien. Ca m'arrivait de lui apporter du Milka parce qu'il aime ça. C'est dégoûtant le Milka, mais ça lui faisait du bien."
Me Lastelle : "quand Youssef Aït Boulahcen vous dit qu'il ne prend pas sa soeur au sérieux, c'est aussi le cas de Soraya [la témoin qui a dénoncé Abaaoud] qui n'a pas dénoncé Hasna quand elle disait qu'elle allait se faire exploser en bombe humaine et partir en Syrie."
Me Lastelle : "Youssef Aït Boulahcen était dans l'impossibilité absolue de comprendre la réalité de la situation. Hasna est globalement incohérente. Il n'avait pas les moyens de construire le raisonnement qu'on est en train de faire aujourd'hui."
Me Lastelle : "reste le moment de l'assaut, sa soeur vient de mourir. Alors il panique et jette sa puce [téléphonique] mais comme c'est pas un terroriste, il ne nettoie pas tout."
Me Lastelle : "juste après [l'assaut], [Youssef Aït Boulahcen] se rend à la police. Il arrive et il dit tout : "j'ai jeté ma puce, j'ai des fichiers djihadistes, j'ai amené du lait."
Me Lastelle : "à ce moment-là, il n'y aucun élément de presse qui peut amener Youssef Aït Boulahcen à croire qu'Abaaoud est en France"
Me Lastelle : "pour condamner Youssef Aït Boulahcen de non-dénonciation de crime, il faut savoir de quel crime on parle."
Me Lastelle : "il faut une connaissance précise du crime et pas de simples rumeurs. C'est bien le crime qu'il faut dénoncer et non le refuge ou l'identité des auteurs."
Me Lastelle : "factuellement, il est impossible que Youssef Aït Boulahcen ait eu connaissance du projet [d'attaque] de La Défense [d'Albdelhamid Abaaoud après le #13Novembre ]"
Me Lastelle : "je suis honoré d'avoir défendu Youssef Aït Boulhacen, je vous demande de le relaxer."
Me Julien Dubs (avocat de Mohamed Soumah) : "Hasna, elle arrive, jean moulant, joint à la main et bouteille d'eau remplie d'alcool. Comment [Mohamed Soumah] peut penser une minute qu'elle est l'agent immobilier de Daech ?"
L'audience est suspendue, elle reprendra demain à 13h30 avec les dernières plaidoiries de la défense pour #Jawad Bendaoud.

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Mar 28
Palais de justice de Paris, salle Diderot.
Au procès dit du #VioleurdeTinder l'heure est au réquisitoire de l'avocat général, Philippe Courroye.
Rappelons que Salim Berrada est jugé pour 17 viols et agressions sexuelles et encourt 20 ans de réclusion.
"Vous les avez vues, entendues. Vous avez entendu le récit des viols et des agressions sexuelles subies par ces 17 victimes. Vous avez vu ici, à cette barre, celles qui ont eu la force de venir raconter leurs souillures", entame l'avocat général dans son réquisitoire.
"Et lui, les a-t-il seulement vues, entendues ? La question se pose tellement, tout au long de cette audience est resté imperturpable, comme bunkérisé dans le béton de ses dénégations", poursuit l'avocat général.
Read 25 tweets
Mar 27
Bonjour à tous,
De retour salle Diderot au palais de justice de Paris. Procès dit du #VioleurdeTinder
Dernier jour des débats aujourd'hui avant les plaidoiries et réquisitoire prévus demain.
Ce matin, la dernière partie civile s'exprime à la barre. Nous l'appellerons "Rania".
"Rania" raconte à son tour la prise de contact sur Tinder, le rendez-vous pour une séance photo. "J’avais apporté des vêtements dans un sac, on a commencé à discuter. Il m’a proposé un shot d’alcool, puis il m’a parlé des fêtes qu’il faisait, de la drogue … ça m’a paru étrange"
"Je me sentais totalement euphorique", se souvient Rania. Puis, alors que je regardais les photos qu'on venait de faire, il s'assied à côté de moi et m'embrasse. Je l'ai repoussé et lui ai dit :"je ne veux pas ça, tu ne m'attires pas". Mais il revient vers moi et dit "essaie".
Read 29 tweets
Mar 22
Bonjour à tous,
Salle Diderot, palais de justice.
De retour au procès dit du #VioleurdeTinder : Salim Berrada comparaît devant la cour criminelle départementale pour les viols et agressions sexuelles de 17 femmes lors de séances photo à son domicile.
Celle que nous appellerons Charline est la neuvième victime dont les faits dénoncés sont examinés par la cour. Elle a aujourd'hui 26 ans et est comédienne, explique-t-elle.
"Je vous laisse la parole", déclare le président à "Charline"
Long silence de la jeune femme.
"Quand j’ai découvert le travail de monsieur Salim Berrada, j’étais mineure à l’époque. Mais j’étais déjà modèle. Je faisais principalement du portrait."
Read 53 tweets
Mar 19
Retour au procès dit du #VioleurdeTinder devant la cour criminelle départementale de Paris.
Salim Berrada, ancien photographe de mode, comparaît depuis hier pour les viols et agressions sexuelles de 17 jeunes femmes qu'il avait contactées pour de séances photo.
Cet après-midi les premières parties civiles témoignent à la barre. Louise (le prénom a été modifié) a tout d'abord raconté l'agression sexuelle qu'elle dit avoir subie de l'accusé. "Soudainement, il s'est jeté sur moi, il m'a embrassée avec la langue. Je ne voulais pas"
A la barre en ce moment, Caroline, maquilleuse qui a travaillé avec l'accusé.
"Avec l’affaire Salim Berrada, il y a eu un avant et un après : les gens ont commencé à parler"
"C’est un peu le #MeToo de la photographie ?" relève le président.
- C’était avant MeToo, mais oui.
Read 21 tweets
Mar 18
Bonjour à tous,
Palais de justice de Paris, île de la Cité.
Dans la (petite) salle Diderot s'ouvre aujourd'hui le procès de Salim Berrada, ancien photographe de mode de 38 ans. Surnommé le #VioleurdeTinder , il comparaît pour les viols et agressions sexuelles de 17 femmes.
L'accusé, petites lunettes rondes, coupe afro, collier de barbe, est installé dans le box vitré.
Il avait été remis en liberté après un peu plus de deux ans de détention provisoire ... avant d'être réincarcéré à la suite de nouvelles plaintes pour viol.
Sur les bancs de bois de la salle d'audience criminelle départementale, plusieurs parties civiles. Ce femmes qui ne se connaissaient pas dénoncent toutes un scénario très similaire sur ces rendez-vous pour une séance photo qui ont tourné au viol.
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Feb 28
Bonjour à tous,

Aujourd'hui, nous sommes au tribunal judiciaire, quartier des Batignolles. Une salle du 4e étage pour le procès de l'influenceur d'extrême-droite Papacito devant la 17e chambre correctionnelle.
Le Youtubeur toulousain encourt sept ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende pour provocation publique, propos homophobes et incitation à commettre une atteinte à l'intégrité physique d'une personne.
En l'occurrence, la personne visée dans 2 vidéos du youtubeur est le maire de Montjoi, village de 169 habitants où un banal litige sur l'usage d'un chemin rural a viré au règlement de compte sur les réseaux sociaux.
Harcelé et menacé de morts, le maire du village a porté plainte
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