C'est parfois très très dur de garder son calme. Par exemple, ce matin, en tombant par hasard sur les propos de Claire Chazal au @Le_Figaro. "Le féminisme victimaire me crispe" explique la sexagénaire, qui, se définit, elle, comme féministe, mais bonne version "Féminisme victimaire". Il y a tout dans cette expression. On y reproche à ses adeptes de se poser bien trop en victimes, de compter trop ses morts, de se plaindre trop alors que bon, ça va, hein, on a le droit de vote et l'avortement de quoi vous plaignez vous.

Viols. Agressions sexuelles. Harcèlement. Depuis deux ans nous parlons. Deux ans. Et il y a quelques jours @lefilmfrancais et @tf1 l’invitent à se pavaner sur tapis rouge. Au moins c’est clair. Vous vous foutez de nos gueules. closermag.fr/people/exclu.-… @tf1 qui refuse toujours de mener une enquête interne alors que nous savons qu il y a des victimes encore dans la tour -et que forcément les employés sont affectés par ces révélations.

Il y a 20 ans, journaliste à @tf1, j'ai fait un reportage sur un sujet qui m'a bouleversé. Il ne s'agissait pourtant pas de partir à l'autre bout du monde, ou de risquer sa vie dans un conflit. Il fallait juste sortir de Paris, rouler un peu en ile de France, le 93 Drancy. Pour moi c'était un nom dans le livre d'Histoire, un passage vite fait évoqué, presque un "détail" dans une histoire si ignoble, horrible, effrayante, celle de l'assassinat de 6 millions de personnes.

Je pense à @AnitaHill. En 1991, son courage a changé le regard sur ce que personne ne dénonçait ni même ne remarquait alors : le harcèlement sexuel. Elle a dénoncé son patron, qui pendant 2 ans l’a harcelé de propos sexuels et autres propositions indécentes. L’homme qu’elle accusait alors, c’est Clarence Thomas. Elle témoignait pour qu’il ne soit pas nommé juge à la Cour Suprême des États Unis. Elle n’a pas été entendue. Clarence Thomas est juge, à vie, et son rôle a été déterminant dans la révocation de Roe vs Wade hier

Le courage des femmes qui osent raconter dans cette enquête détaillée et passionnante ce qu’elles ont subi, dans un monde qui est leur monde professionnel. L’horreur de découvrir combien les médias d’aujourd’hui ne sont pas plus « safe » qu’il y a 20 ans, quand j’ai commencé

https://twitter.com/LenaBred/status/1539914774552641537

4 ans, bientôt 5 ans après metoo et on en est toujours là, même avec la nouvelle génération. Les mêmes dérives, les mêmes violences sexuelles, et aussi, je note, la même méfiance des femmes envers les institutions juridiques.

On porte plainte parce qu’on n’en peux plus. On porte plainte parce qu’on a mal. On porte plainte parce qu’on croit qu’on sera peut être entendu.e. On porte plainte parce qu’on veut protéger les autres. On porte plainte parce qu’on veut que ça s’arrête On porte plainte la peur au ventre. On porte plainte en espérant que le commissariat. Que la gendarmerie. On porte plainte avec le cœur qui bat. On porte plainte en espérant qu’il n’y aura pas de répercussion .

Au début je me suis dit je ne vais rien dire.
Ca ne va pas, cette couv, mais on parle de nous au moins, enfin on parle de “ça”.
On n’oublie pas l’affaire.
Mais ça ne va pas. Ca ne passe pas. Et je vous explique ici pourquoi (Thread @ParisMatch #metoomedias )

https://twitter.com/adrienborne/status/1511953986928226305

On me l’a envoyée de partout, cette Une. Du Nord de la France, de Californie, du Loir et cher.
“t’as vu ?”
Il y a cet homme qui se balade dans la rue et qui est donc en photo dans tous les kiosques de france.
Il y a ce titre : “paria”.
Le poids des mots, le choc de la photo.

Nous sommes donc 23. 23 à avoir pris du temps, à avoir tourné 7 fois notre témoignage dans notre tête, à avoir hésité, stressé, angoissé.. 23 à avoir décidé de parler à la police de notre pays. Je n’en connais pas la majorité, j’ai découvert après coup que certaines étaient mes collègues, des amies même, de vingt ans -on ne s’était rien raconté à l’époque, le silence commence déjà là, quand tu as tellement honte que tu ne le dis même pas à ceux que tu aimes.

Ca n'arrive pas qu'aux autres. Il était 23h, je rentrais de diner avec une copine, mon mari finissait de regarder un film. Quand tout à coup, les coups sur la porte d'entrée. Tellement fort que les murs de toute la maison en tremblent. On comprend pas trop ce qui se passe. La porte qui tremble sous les coups. Et puis les cris. Insultes. Menaces de mort. "Sale youppin, je vais t'encastrer. Je vais te défoncer la tête". C'est le voisin bizarre qu'on avait entendu dans la rue tout un soir, hurler des trucs antisemites pendant un temps interminable.