@Hazukashi1 1/6 L’occasion de raconter une petite histoire:

Un jour les citoyens d’Ephèse demandent au philosophe Héraclite son avis sur l’homonoia, c’est-à-dire la concorde politique, l’harmonie dans la cité. Sans dire un mot, Héraclide prend un verre contenant une boisson appelée kukéon. @Hazukashi1 2/6 Il s’agit d’un breuvage rituel composé d’eau, de farine d’orge, de menthe, de miel. Le nom de la boisson vient du verbe kukao qui veut dire agiter, car il faut agiter la boisson pour mélanger tous les ingrédients. Donc, Héraclite prend le kukéon, l’agite, le boit et s’en va.

Les libéraux répètent depuis 300 ans que le marché adoucit les mœurs, que le doux commerce a des vertus pacificatrices.
Examinons ce préjugé.🧶 Dans le jeu de l’ultimatum, un individu (A) à qui on a donné une somme d’argent, doit partager cette somme avec un autre individu (B).
Si B refuse le partage que A lui propose, aucun joueur ne reçoit d’argent.

Trump est vulgaire.
Normal, Trump est un doigt d’honneur. Un doigt d’honneur adressé aux élites et à leur injonctions morales, doigt d’honneur d’une Amérique populaire adressé à l’Amérique urbaine du tertiaire.
Plus Trump est grossier, plus il remplit son rôle de bouffon.🧶 Le talent de Trump est d’avoir compris qu’il était une insulte et d’avoir accentué sa grossièreté sans chercher à se policer.
Trump est une provocation.
Trump est le cheval que Caligula voulait nommer consul pour humilier l’élite.

Puisque le voile revient encore dans l’actualité, quelques mots pour dire ce qu’il est : un signe communautaire. On ne le porte pas pour plaire à Dieu mais pour plaire aux hommes.
Il signale que la femme qui le porte est placée sous la surveillance de la collectivité.🧶 Dans les cultures islamiques, le statut de la femme est fortement rabaissé ; des hommes s’en prennent régulièrement aux femmes dont la tenue n’est pas, selon eux, suffisamment modeste.
La femme est condamnée à la mort sociale.
Voilée, elle porte son propre deuil.

Parmi tous les exploits des champions olympiques, il y en a un, et non des moindres, sur lequel je voudrais insister : celui d’avoir fait taire les militants.
Quand les gens se réjouissent, les idéologues font la gueule car la joie n’est pas révolutionnaire.🧶 C’est la raison pour laquelle ils voient souvent d’un mauvais œil les réjouissances populaires qu’ils critiquent avec parfois l’idée un peu complotiste qu’il s’agit d’une manipulation des puissants pour détourner le peuple de ses véritables intérêts (Du pain et des jeux)

L’individu est influencé par l’environnement culturel dans lequel il évolue.
Un retour sur l’évolution culturelle pour donc fournir quelques clefs pour comprendre les tensions qui agitent nos sociétés de plus en plus multiculturelles.🧶 On distingue au moins deux systèmes de régulation du comportement, l’un fondée sur le sentiment de honte, l’autre sur le sentiment de culpabilité. Dans les cultures de la honte, le contrôle social est assuré par le groupe, dans les cultures de la culpabilité, il est intériorisé👇

Salman Rushdie nous rappelle ici l’importance de la fiction.
Et en effet, si l’homme est un animal politique, il est aussi un animal poétique qui a besoin d’inventer sa réalité. « Nous avons l'art pour ne pas mourir de la vérité » dit Nietzsche. 🧶

https://twitter.com/GrandeLibrairie/status/1790843344345878770

On se raconte des histoires, on romance les faits pour leur donner une cohérence. Les groupes, fédérés autour d’un récit commun, sont des constructions symboliques.
Voyager d’un pays à l’autre, c’est traverser des imaginaires. En passant une frontière, on change de réalité.

@nikitakarachoi 1/6 L’occasion de raconter une petite histoire:

Un jour, les citoyens d’Ephèse demandent au philosophe Héraclite son avis sur l’homonoia, c’est-à-dire la concorde politique, l’harmonie dans la cité. Sans dire un mot, Héraclide prend un verre contenant une boisson appelée kukéon. @nikitakarachoi 2/6 Il s’agit d’un breuvage rituel composé d’eau, de farine d’orge, de menthe, de miel. Le nom de la boisson vient du verbe kukao qui veut dire agiter, car il faut agiter la boisson pour mélanger tous les ingrédients. Donc, Héraclite prend le kukéon, l’agite, le boit et s’en va.

L’essor de l’Occident a de multiples causes. Une des raisons de cet essor, sur laquelle je voudrais insister ici, est la réconciliation de l’esprit et de la matière, du philosophe et de l’artisan. Car depuis l’antiquité l’artisan est plutôt méprisé.🧶 Aristote se demande si l’artisan peut compter parmi les citoyens, « car on n'est pas susceptible de pratiquer la vertu quand on mène une vie d'artisan et d'homme de peine. » (1)
Et bien qu’utiles à la cité, les techniciens sont déconsidérés.

On reconnait un bon livre quand on passe plus de temps à regarder le plafond qu’à tourner les pages. Quand on pense plus qu’on ne lit.
Ce fil est une méditation (divagation) sur «Technopolitique», livre d’@AsmaMhalla, ou plutôt sur les idées que j’ai vues passer sur mon plafond🧶 On lit ce livre comme une dystopie cyberpunk, puis un frisson nous traverse quand on réalise qu’il s’agit d’une description du monde, et que ce qui ressemble à une fiction est notre réalité.
On voit alors la distance qu’il y a entre notre époque et la compréhension qu’on en a.

Comme pour toute combustion, il faut 3 choses pour que la société s’embrase: un carburant, un comburant, une énergie d’activation.
Le mécontentement populaire est le carburant, l’idéologie est le comburant, et un évènement inattendu fait souvent office d’énergie d’activation.🧶 On connait les causes de la grogne populaire. Ce qui nous intéresse ici est la prolifération d’idéologues qui exploitent cette grogne à leur avantage.
Ce sont souvent des intellectuels aux ambitions frustrées qui se retournent contre le système qui les a rejetés.

@LStrauchBonart Vous me corrigerez peut-être, mais il me semble que le néolibéralisme peut s'accommoder d'un état autoritaire. Développons un peu🧶 @LStrauchBonart Le néolibéralisme est né de l’impasse dans laquelle le libéralisme se trouvait à la suite de la crise de 29. La doctrine du « laissez-faire » avait abouti à la constitution de monopoles.

Une nouvelle fusillade vient d’avoir lieu dans le Maine. Cette actualité dramatique est l’occasion de proposer quelques réflexions sur les causes de la violence aux Etats-Unis🧶 On a tendance à considérer les USA comme un pays européen éloigné. Nous pensons les USA à partir de ce que nous sommes. Notre identification à la culture américaine accroit notre incompréhension. Or, ce pays n’est pas un pays occidental, c’est un pays d’Amérique latine.

Ce n’est pas l’algarade qui menace la démocratie. C’est au contraire lorsque les gens refusent de se quereller que la cité est en danger.
Ce fil est surtout l’occasion de présenter un texte enthousiasmant sur le conflit dans la cité antique. Les modes idéologiques contemporaines sont animés par un désir de pureté hérité du puritanisme anglosaxon, sorte d’évangélisme sécularisé qui se donne pour mission d’éradiquer le mal. Muray voyait dans cette aversion pour tout ce qui est négatif un signe de l’époque👇

Nous invoquons les fantômes de nos aïeux pour mieux condamner nos contemporains. Des voix s’élèvent pour rappeler le passé et entretenir la mauvaise conscience des peuples.
L’hypermnésie est une maladie dont nous souffrons, alors rappelons les vertus de l’oubli. 🧶 Des procureurs s’improvisent historiens. Ils s’intéressent au passé moins pour comprendre que pour accuser, et espèrent trouver la gloire qui leur manque en combattant les injustices d’autrefois. Ils se battent contre des statues comme Don Quichotte se battait contre des moulins.

A l’heure où les fakes news se multiplient, où la science est contestée, où les ressentis concurrences les faits et l’opinion conteste l’expertise, revenons un peu sur l’idéal des Lumières, sur cette volonté de prémunir le peuple contre les manipulations des mystificateurs.🧶 La liberté est une menace pour elle-même car elle peut être détournée par les charlatans, les démagogues, les vendeurs de temps de cerveau disponible. Les philosophes des Lumières se demandaient si on pouvait imposer la liberté pour émanciper le peuple.

On entend souvent dire que la religion sert à donner un sens à la vie, à souder une communauté ou à conjurer la peur de la mort. « La peur fit les dieux » écrivait déjà Pétrone.
Mais est-ce bien vrai ? D’ailleurs, la religion sert-elle à quelque chose ? L’approche fonctionnaliste, qui consiste à expliquer l’existence d’une chose par sa fonction (transpirer sert à refroidir le corps, la cérémonie du mariage sert à informer sa communauté qu’on n’est plus disponible), voit dans la religion un moyen de renforcer la cohésion sociale.

🧶Puisque le travail est au centre de l’actualité, j’en profite pour méditer un peu sur cette notion.
Depuis Adam Smith, on pensait que le progrès technique, satisfaisant tous les besoins des hommes, leur permettrait de travailler de moins en moins. 15h par semaine selon Keynes. C’est le temps que nos ancêtres chasseurs-cueilleurs employaient pour trouver des ressources. Ils vivaient dans un état de relative abondance, ne désiraient rien de plus que ce qu’ils pouvaient avoir.
Comme tout ce qui vit, ils devaient puiser l’énergie de leur environnement.

L’esprit de Noël est un démon qui incite à pratiquer la charité, donc à commettre une faute en pensant accomplir un devoir. Celui qui donne croit recommander son âme à Dieu alors qu’il la vend au Diable. Exorcisons cet esprit car la charité est le contraire de la justice🧶 Aider est une façon d’asservir. La main qui donne est une main qui étrangle. La charité est un pouvoir qui se fait passer pour une vertu.
Voici ce qu’écrivait Anatole France dans « Monsieur Bergeret à Paris »👇

@jeraeve Bourdieu critiquait déjà les bien-pensants « populistes » qui dénigraient la culture classique comme si ce n’était qu’un arbitraire de classe. Comme si les pauvres n’avaient pas intérêt à se l'approprier. Voici par exemple ce qu’il écrit dans les Héritiers.👇 @jeraeve Jadis la gauche défendait l’élitisme pour tous. Désormais elle encourage les gens, au nom d’un relativisme libérale, à persévérer dans leur médiocrité.

Ecrire sur twitter ce qui me passe par la tête me donne parfois l’impression d’être une folle qui interpelle les passants pour leur imposer ses élucubrations.
Comme ici en parlant du lien entre la physique quantique, la révolution russe et l’angoissante conscience de soi. 🧶 Je ne vais pas me risquer à présenter les principes de la physique quantique, j’en serais bien incapable. On trouve sur YouTube suffisamment de vulgarisateurs talentueux pour ça.
Et je vais sans doute dire des bêtises, mais des gens plus savants que moi me corrigeront.