Franck #Thiriez vient de rendre son rapport sur la réforme de l'#ENA. Au IXe siècle, Charlemagne, lui, ne disposait pas d'une grande école pour former et recruter les administrateurs de son empire... Un thread ! ⬇️ #histoire #medievaltwitter
Monté sur le trône en 768, couronné empereur en 800, Charles entreprend une vaste réforme culturelle désignée comme la « renaissance carolingienne » - terme aujourd'hui nuancé, car cette « renaissance » ne touche finalement qu'un nombre limité de personnes
Première différence majeure avec les fonctionnaires contemporains : l'entourage de Charlemagne est d'abord constitué d'élites religieuses. Ce sont en effet les clercs qui détiennent les savoirs techniques et le savoir (littéraire, historique...)
A cette époque, maîtriser le corpus littéraire de l’Antiquité était très bien vu : le jeune étudiant Loup de Ferrières, quand il écrit à Éginhard pour rejoindre son académie palatine, cite tour à tour Horace ou Cicéron et parle de son "amour des lettres"
On trouve également, parmi les proches de Charlemagne, des laïcs. Ces hommes – que des hommes... - doivent cette position à leurs qualités intellectuelles. Proches de l’empereur, membres actifs de la renovatio alors à l’œuvre, ils forment « l'académie palatine »
Parmi eux, les plus célèbres sont sans doute Alcuin et Éginhard. Le premier est un moine de Northumbrie, qui devient conseiller de Charlemagne et se consacre notamment à réformer l'enseignement (mais aussi à former les membres de l'académie palatine)
Éginhard est un Franc originaire de Germanie. Grand mathématicien et architecte, il est aussi régulièrement envoyé en mission diplomatique, notamment auprès du pape. Il devient également le biographe de Charlemagne !
Cette élite administrative est donc assez diverse : souvent clercs, parfois laïcs, à la fois professeurs, architectes, poètes, diplomates,... Cette diversité de parcours reflète avant tout le fait que ces différentes catégories, ajd séparées, ne le sont pas à l'époque
Du reste, le souverain lui-même s'implique dans cette rénovation intellectuelle : selon Eginhard, Charlemagne parle très bien latin, suit des leçons de grammaire, de sciences, d'astronomie, apprend le calcul et... apprend à écrire !
Un effort qui est étendu, au moins en partie, à la société toute entière : par le capitulaire Admonitio generalis, en 789, Charlemagne indique qu'il faut ouvrir des écoles pour les garçons, corriger les livres religieux et mieux enseigner le chant et la grammaire aux clercs
On le voit : pas grand'chose à voir entre la réforme de l'ENA en cours et la « réforme » entreprise par Charlemagne. Celui-ci veut avant tout s'entourer d'intellectuels capables de formaliser, puis d'imposer des normes homogènes aux populations de l'empire
En outre, à cette époque, la religion – ou plutôt sa pratique – est placée au centre de leurs missions : en diffusant l'instruction, il s'agit de s'assurer que les hommes ne dévient pas de la foi. D'où l'insistance sur l'importance de corriger les textes sacrés !
La réforme en cours de l'ENA vise à la fois à rapprocher les hauts fonctionnaires de la population et à éviter des pratiques comme le "pantouflage". Autant d'objectifs qui n'existaient pas à l'époque carolingienne : autre temps, autres pratiques, autres priorités
La question de la formation des hauts fonctionnaires de l'empire carolingien permet ainsi de voir à quel point les préoccupations et les pratiques politiques ont changé entre 800 et aujourd'hui. Retrouvez notre article sur notre site !
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