Le hashtag #SaccageParis attire l'attention sur la saleté de la capitale : ordures, couleur de la Seine, air pollué... Un vieux problème, que les autorités médiévales prenaient très au sérieux. Un thread ⬇️! #histoire #medievaltwitter
D'abord : oui, il y a de la pollution au Moyen Âge. Ce n'est pas la même que la nôtre (pas de gaz à effet de serre, pas de plastique...), mais elle existe. La saleté et la pollution font partie du ressenti des contemporains
actuelmoyenage.wordpress.com/2018/06/14/le-…
Cette pollution passe d'abord par... les défections, humaines ou animales. Dans le Paris médiéval, les sanitaires sont très rares, les égouts sont pratiquement abandonnés jusqu'au XIIIe siècle.
Dès lors, les besoins se font dans la voie publique, dans des rues ou ruelles aux noms évocateurs comme la voie Basse-Fesse, la voie Aysance ou encore Bourgerue Pipi...
Petit calcul pour avoir une idée du problème. Un humain produit environ 150g de selles et 1,25L d'urine par jour. En 1328, il y a environ 200 000 Parisiens : ça fait 37 piscines d'urine par an et plus de 10 000 tonnes de selles...
Et si on ajoute les défections des milliers d'animaux – bœufs, porcs, chevaux, moutons, poules... - qui vivent dans la ville à cette époque, vous comprenez que cette pollution poste de réelles difficultés
Les activités industrielles sont elles aussi salissantes et polluantes. Bouchers, drapiers, tanneurs, barbiers rejettent des déchets, et polluent également le paysage sonore et odorifique
Tout est, comme maintenant, question de perceptions. Les contemporains par exemple pensent que les drapiers polluent les rivières car ils rejettent des teintures dans les cours d'eaux : mais en réalité ces teintures ne sont pas polluantes car elles viennent de plantes
En avril 1399, Charles VI résume la situation dans une ordonnance : « notre Ville demeure très sale à cause des ordures, excréments, boues, gravats, infections, aux altérations [des sols] et autres putréfactions très préjudiciables aux Hommes ».
Les rois, tant pour la beauté que pour l'hygiène des villes, ne lésinent pas sur les ordonnances émises pour les limiter. 133 ordonnances concernant la limitation de la pollution et de la saleté de tout type sont émises entre 1210 et 1498 !
On peut citer par exemple celle de Charles V mars 1373 à Paris : « Que personne ne jette d'eaux puantes [eaux usagée de tout type] ni d'ordures, dans la rue, qui puisse porter préjudice à d'autres ».
On retrouve des pics d'ordonnances lors des épidémies de peste. En 1350, lorsque la peste décime Paris, on en compte alors 14, émises pour limiter les pollutions de tous types, dans ce contexte sanitaire particulièrement grave.
Mais la répétition d'ordonnances, parfois à l'identique, dit également qu'elles peinent à se faire respecter. Les Parisiens ne semblent pas changer leurs habitudes d'hygiène et les ordonnances peinent à proposer de véritables solutions pour gérer leurs déchets
Les rois n'interviennent directement que quand la pollution devient un risque majeur : en 1415, Charles VI fait nettoyer - à grands frais - la Seine car elle est tellement encombrée par des déchets qu'on ne peut plus y circuler ! Trop c'est trop...
La situation aujourd'hui s'est inversée : avec #SaccageParis, ce sont cette fois les Parisiens qui se plaignent de la saleté en ville et demandent à la mairie de Paris d'agir.
Le Paris médiéval, une ville polluée ? Retrouvez sur notre blog un article d'Elisabeth Paumelle, qui fait son master sur la pollution urbaine au Moyen Âge !
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