Romain Espinosa Profile picture
Researcher in Economics (CNRS, CIRED). 🏳️‍🌈 Animal welfare, diets, experiments. Élu CNRS 37 & 52. Recommender at @PCI_RegReports.

May 22, 2021, 19 tweets

📣 Cette semaine, j'ai préparé des slides qui résument les grands enjeux associés à la consommation de produits d'origine animale (POA).

Je partage ce résumé (à grands traits) de l'impact de la viande sur l'environnement, la santé et le bien-être animal. 🔽

On compte au moins 5 enjeux environnementaux.

Le 1er est l'utilisation des sols. Les POA (viande, fromage, lait) nécessitent une surface agricole bien plus importante que les produits d'origine végétale (POV).
Ceci est vrai rapporté par calorie mais aussi par gramme de protéine.

La disproportion dans l'utilisation des sols entre POA et POV est également vrai en France, qu'il s'agisse d'ailleurs d'agriculture conventionnelle ou bio (chiffres de l'ADEME).

Le 2ème enjeu est celui des gaz à effet de serre (GES). Les POA représentent 31% des émissions de GES liées à l'agriculture (émissions directes) ainsi que 16% des par émissions indirectes (land use).

Soit quasiment la moitié des émissions de GES liées à l'alimentation.

Ceci s'explique par les fortes émissions en GES (en équivalent CO2) par calorie ou par gramme de protéines des POA.
Les produits d'origine végétale sont bien moins émetteurs de GES. Les deux groupes ressortent fortement visuellement.

Ici aussi les données de l'ADEME en France confirment cette idée.
Même si la France était plus "propre" dans sa production de POA, on a significativement plus d'émissions de GES des protéines animale que des protéines animales.
Manger de la viande bio ne change quasiment rien.

Les parts du transport, du packaging ou de la vente dans les émissions de GES sont très faibles. Ce qui compte c'est vraiment ce qu'on mange : les POA émettent plus de CO2.
C'est l'idée que le manger local est beaucoup moins important que le manger végétal.

3ème enjeu : l'utilisation d'eau.
Ici aussi, les protéines animales utilisent bien plus d'eaux. Le fromage et les protéines animales marines sont très consommateurs.
Une exception : les noix sont aussi consommatrices d'eaux. Heureusement, on en consomme peu.

4ème enjeu : l'eutrophisation des sols et des eaux. Là encore, les plus polluants sont les produits d'origine animale, bien au dessus des produits d'origine végétale.
On a toujours ces deux groupes d'aliments qui s'opposent : protéines animales vs. végétales.

Le 5ème enjeu, que je classe dans environnement, est celui de la biodiversité.
Le rapport de la FAO de 2006 (Longshadow) pointe le rôle grandissant de l'élevage dans la destruction de biodiversité dont la déforestation, l'utilisation des sols ou encore la pollution.

En ce qui concerne la santé, on observe un fort gain associé à la végétalisation de l'alimentation. Dans ces calculs, il y a principalement deux effets : réduction des risques associés à la consommation de viande rouge et bienfaits des légumes, légumineuses, fruits, céréales.

La viande rouge est en effet associée à plus de cancers, de diabète, de maladies cardio-vasculaires.
307.000 morts en Europe serait imputables à la consommation de viande rouge selon le Lancet Countdown de 2020.

Au contraire, les légumes, légumineuses, fruits, graines, et céréales complètes auraient un rôle protecteur pour réduire ces trois grands type de risques.
Ceci contribuerait à la diminution de la mortalité qu'on observe dans les alimentations végétales.

Autre enjeu sanitaire : les zoonoses.
Manger des POA est utile dans les pays à faible sécurité alimentaire, car cela aide offre une meilleure nutrition.
Dans les pays développés en revanche, où l'apport en protéines végétales est possible, on a surtout les aspects négatifs.

L'augmentation de la consommation de POA est associée à davantage d'animaux élevés, ce qui augmente les risques de contact avec des pathogènes de la faune sauvage (élevage extensif) ou bien augmente les risques d'avoir des milliers d'animaux infectés d'un coup (élevage intensif).

Dernier enjeu sanitaire : la pollution de l'air. De récents travaux pointent du doigt le rôle de l'élevage dans la pollution aux particules fines à cause de l'ammoniac provenant des déjections d'animaux. Résumé par @Treich13 ici.

Le dernier enjeu, éthique, concerne le nombre d'animaux tués pour la production de POA. On assiste au niveau mondial à une explosion du nombre d'animaux tués (surtout les volailles). On est passés de moins de 10 milliards d'animaux tués par an en 1961 à 70 milliards en 2018.

On observe le même phénomène en France. Le problème : les volailles (et les porcs) sont (trop) souvent élevés en élevages intensifs.
Les bovins, moins touchés par l'élevage intensif, représentent moins de 0,5% des animaux tués en France.
romainespinosa.com/dataviz-abatta…

▶️ Tous ces facteurs appellent aujourd'hui à une réduction significative de la consommation de produits d'origine animale au profit des protéines végétales. [Fin]

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