Guillaume Giraudon Profile picture
Historien de l'art & des musées, XIXe, éclectique et curieux. Communication culturelle ; je tweete patrimoine, expos, opéra, concert, ballet, ciné, pop culture…

May 24, 2021, 14 tweets

Second fil sur la réouverture du @museecarnavalet...

Ici, je parle du massacre des emblématiques salles sur la Révolution, le XIXe et la Belle Époque.

Attention, images choc ! 1/14

Cf. le premier fil, bcp plus positif, avec les infos générales sur la rénovation et la visite de la première moitié du parcours, de la Préhistoire au XVIIIe, dans l’hôtel Carnavalet.

On arrive donc au débouché du nouvel escalier de la salle des enseignes, la galerie de liaison vers l’autre hôtel particulier… Et là, le musée made in 2021 apparait, et rompt tout le charme !

Murs blancs, parquet neuf, escaliers contemporains – par ailleurs assez élégants.

Les anciennes salles étaient très colorées, thématiques et avec plusieurs reconstitutions/évocations TRÈS appréciées de chambres de personnalités.

C’était l’identité du musée, immersif, désuet, un bonheur de s’y promener.

[Photos glanées sur le net, j’ai réuni tout un dossier]

On monte au 2e : salles sur la Révolution, pourtant rénovées en 2014, le fonds de référence sur la période.
Exit les tissus rayés kitschouilles qui évoquaient l’époque, bonjour des murs gris.

C’est neuf, c’est interchangeable avec n’importe quel musée - c'est l'objectif voulu !

On poursuit avec le XIXe : Napoléon, les monarchies, le Second Empire, la Belle Epoque, Proust…

Et là, ils ont tout rasé, vous ne reconnaitrez rien !! Un tout nv parcours, des murs svt gris ou blancs, des espaces tortueux, biscornus et/ou bas de plafond, aucune fenêtre.

Pire encore que la nouvelle muséographie, les œuvres sont TRÈS mal accrochées !! WTF ?!

Un ratage monumental. Sans oublier que beaucoup d’œuvres sont désormais en réserves.

Cela n'a plus aucun charme. Je n’ai plus envie de m’y promener.

Je vous laisserai juger de la nouvelle salle Marcel Proust, conçue avec les @AmisDeProust...
Les multiples projections au-dessus de l’évocation de la chambre, très peu pour moi.

On continue avec qq salles de 1910 à Mai 68, soit des murs blancs à moitié vides.

La scénographe (Nathalie Crinière) n’est pas très inspirée et les conservateurs ne semblent pas avoir grand-chose à dire. Ça ne donne (vraiment) pas envie de s’y attarder.

Enfin, la dernière nouveauté : l’inclusion de la période récente dans le parcours… sauf que de Mai 68, on passe (presque) d’un coup au XXIe siècle. À Hidalgo. Une ellipse d’un demi-siècle…

Chirac uniquement évoqué par son affiche de campagne déchirée... (Jacques Villeglé)

Heureusement, on découvre une esquisse de Garouste pour le rideau de scène du @theatrechatelet (qui a été magnifiquement restauré pour 33M€ entre 2017-19) et la maquette d'Adami pour la loggia.

Le parcours se termine donc sur la COP 21, la rénovation de la place de la République, la mutation (« réussie ») de la Goutte d’Or, les attentats et Charlie, les tags, l’incendie de ND, la Bourse de Commerce et, dernière œuvre, une photo 2021 d’un cycliste à Belleville…

Pour un musée d’histoire bientôt cent-cinquantenaire, l’institution de référence sur l’histoire de la capitale, aborder sans aucun recul la période actuelle (qui n’est pas encore de l’histoire) et servir la soupe à l’idéologie de l’équipe municipale en place n’est guère sérieux…

En résumé : un musée gratuit et rénové avec un meilleur accueil et plus d’accessibilité, une nouvelle médiation assez réussie, la joie d’explorer à nouveau l’hôtel Carnavalet.

Et le massacre total et scandaleux du parcours XIXe-XXe-Hidalgo, qui ne fait plus rêver. #saccageparis

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