Vincent Glad Profile picture
Journaliste @bangumiofficiel.

Sep 11, 2021, 12 tweets

Comment reconnaît-on un débat scientifique qui se polarise à outrance ? Les fake news proviennent des deux côtés.

Si les fausses infos pro-ivermectine sont légion depuis bien longtemps, on a vu apparaître récemment deux infos douteuses anti-ivermectine aux Etats-Unis.

Premier exemple : cet article publié sur le site d'une chaîne de télévision locale américaine, au titre idéal pour connaître une extraordinaire viralité. "Une étude révèle que l'ivermectine entraîne la stérilisation de 85% des hommes".

La source de cet news sensationnelle ? Une étude publiée en 2011 au Nigéria, sortie opportunément de l'oubli.

L'article aura tellement d'écho que la FDA publiera dans la foulée un communiqué: "L'infertilité chez les hommes n'est pas un effet secondaire connu de l'ivermectine".

Et chose exceptionnelle : tel un article scientifique, le papier sera retracté. "Des inquiétudes concernant les méthodes de recherche scient., la véracité du rapport, l'examen par les pairs ont conduit à notre décision éditoriale de retirer l'article."

wfla.com/community/heal…

Second exemple de mésinformation : cet article de Rolling Stone clamant que les victimes de blessures par balle sont laissées en attente dans les hôpitaux de l'Oklahoma, submergés par des overdoses d'ivermectine.

rollingstone.com/politics/polit…

L'information conforte si bien les biais de tous ceux qui s'opposent (à raison) à l'utilisation de l'ivermectine qu'elle va faire immédiatement le tour du monde, sans aucune vérification supplémentaire.

Le problème est que la source est pour le moins légère. Il s'agit des propos d'un seul médecin, qui en fait n'a même pas vraiment dit cela. Ses paroles ont été survendues par une chaîne de télévision locale, reprise ensuite dans le monde entier.

edition.cnn.com/2021/09/07/pol…

Oui, les hôpitaux sont surchargés en Oklahoma. Et oui, il y a des overdoses d'ivermectine (459 aux US en août) mais ce n'est pas la raison principale de l'embolie du système sanitaire. C'est évidemment le Covid. Tout le reste n'est qu'un appeau à clic.

Un hôpital de l'Oklahoma publiera dans la foulée un communiqué expliquant qu'ils n'avaient reçu aucun patient atteint d'overdose d'ivermectine. Un autre hôpital attestera lui de la présence d'une poignée de patients "ajoutant à la congestion".

"Au fur et à mesure que l'info circulait, on pouvait croire que tous les hôpitaux de l'Oklahoma étaient remplis de personnes ayant fait une overdose d'ivermectine mais ce n'est pas le cas", a corrigé par la suite le médecin à l'origine de toute cette affaire.

"Tout article de presse affirmant que les salles d'urgence sont débordées doit être confirmé par des médecins, des hôpitaux, des associations médicales, des cadres de la santé, ou un mélange des deux", écrit le Washington Post, jugeant très sévèrement cette séquence médiatique.

Les médias qui ont repris cette news "n'ont pas réussi à démasquer une histoire fantôme, probablement parce qu'elle confirmait leurs propres idées préconçues sur la vie dans un État conservateur", écrit le Washington Post.

washingtonpost.com/opinions/2021/…

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