En prévision du webinaire du @hc_climat sur l’#adaptation de vendredi 11/02 et des rapports des groupes II & III GIEC (ils arrivent !), je vous propose plusieurs 🧵 sur les notions de risque, adaptation, vulnérabilité et résilience. C'est parti (1/30) ⬇️
En 2021, selon les chiffres des grands réassureurs mondiaux, le coût des catastrophes a augmenté de 24% et s’élève à 221 milliards d’euros. Ces catastrophes résultent de la réalisation d’un risque. 2/
swissre.com/media/news-rel…
L’évaluation du risque repose sur le fait que si on connaît le temps de retour moyen d’un événement et la valeur des éléments exposés, alors on peut calculer une espérance mathématique de dommage. 3/
Cette approche dite « par » les impacts est la base de l’assurance. On parle d’actuariat. Elle permet de définir le risque majeur et de prendre des décisions en situation d’incertitude, en comparant les bénéfices et les coûts des réponses envisagées. 4/
Cette approche ne permet pas d’expliquer pourquoi, par exemple, le séisme d'Haïti en 2010, de magnitude comprise entre 7 et 7,3 sur l'échelle de Richter a causé au moins 230000 morts & 300000 blessés, alors que des séismes analogues au Japon causent des dommages mineurs. 5/
Pour expliquer cet écart, on va passer de l’estimation des conséquences (approche par impacts) à la compréhension des causes des catastrophes (approche par les facteurs). L'inégale capacité de réponse (adaptive capacity) explique l’inégale vulnérabilité 6/
Source : IPCC AR4 2007
Du point de vue de l’histoire des sciences, le passage des "outcomes" aux "drivers" est évidemment plus compliqué. Il existe de multiples champs et disciplinaires, approches, méthodes.7/
link.springer.com/article/10.100…
C’est ce qui explique le flou terminologique et les changements réguliers de vocabulaire. Birkmann s’est par exemple essayé à résumer cela dans une figure (2013, p. 39). 8/
Cette évolution reflète également l’histoire de la prévention et de la gestion des risques de catastrophe, que Sandrine Revet a très clairement exposé dans un de ses articles. 9/
cairn.info/revue-critique…
Dans l’approche par les impacts, le risque est défini à partir d’une multiplication ou d’une fonction. « Vulnérabilité » est synonyme d’effets néfastes prévisibles.
Mais on trouve aussi parfois une addition. 😵💫🤪🤔10/
Le + désigne la situation géographique où un enjeu vulnérable (le monsieur sans casque) est exposé à un aléa (le pot de fleur, qui peut être risque ou ressource selon les cas). Risque = aléa + exposition + vulnérabilité. Supprimez un des 3, vous êtes tranquille ! 11/
Le risque peut être accru du fait de l’augmentation de la fréquence ou de l’intensité des aléas.
📢 C’est le cas avec le changement climatique actuel qui accroît la probabilité d’occurrence des extrêmes chauds, secs et humides. 12/
bonpote.com/synthese-et-an…
Le risque peut augmenter parce que l’exposition s’accroît. Par exemple, ces cartes montrent l’augmentation de l’exposition dans des zones à risque au fil du temps. 13/
journals.openedition.org/norois/docanne…
Le risque peut augmenter parce que la sensibilité physique des enjeux exposés s’accroît et/ou la capacité à faire face de ces enjeux diminue. C’est ce qui explique la corrélation (à exposition égale) entre les décès et l’âge. 14/
journals.openedition.org/vertigo/11074
SPOILER : ceci explique pourquoi l’augmentation des pertes dans un climat qui change n’est pas uniquement le fait du climat. 30/40% relèvent de l’évolution des aléas, le reste de l’augmentation de la vulnérabilité. Cf. rapport @dantec 15/
senat.fr/rap/r18-511/r1…
Un climat qui change va créer des menaces supplémentaires, sur des territoires jusque-là épargnés ou peu concernés, donc moins préparés, et par là-même plus vulnérables. C’est le cas avec le risque de submersion marine @ThomasBaietto 16/
francetvinfo.fr/monde/environn…
Pour prévenir, ou au moins réduire, les risques de catastrophes, on a donc trois types d’action 17/
↘️ la menace : atténuation (mitigation en anglais)
↘️l’exposition : protection ou la relocalisation
↘️la vulnérabilité : adaptation
Si l’on veut réduire la vulnérabilité, il faut d’abord regarder quels en sont les facteurs. Ils sont nombreux. /18
En 1994 par exemple, Blaikie et al., dans At risk: natural hazards, people’s vulnerability, and disasters, expliquaient pourquoi une catastrophe n’est jamais naturelle avec le Pressure-and-release (PAR) Model et distinguaient 3 niveaux de « drivers ». 19/
Une autre manière de raisonner est d’entrer par les « capabilités ». De façon très schématique, pour accomplir une action ou atteindre un but, trois dimensions se combinent : ce que l’on est, les moyens dont on dispose et des contextes macro. 20/ journals.openedition.org/developpementd…
Les caractéristiques intrinsèques sont souvent à l’origine d’une vulnérabilité spécifique, au sens où elle est valable pour un type d’aléa donné, ou un niveau d’intensité donné. 21/
Les ressources, capitaux, moyens, sont souvent qualifiés de « capacités ». Elles peuvent être héritées, acquises, développées, et sous-tendent la condition sociale des individus ou des groupes sociaux. 22/
Source : Wisner, Gaillard, and Kelman (2012, p. 28).
Ceci implique qu’il n’existe pas d’état de victime en soi. La vulnérabilité est en constante évolution. Être vulnérable ne condamne pas à être une victime passive impuissante. À l’inverse, l’individu ne peut porter à lui seul les réponses. 24/
oxfordre.com/naturalhazards…
Mais du coup, l’adaptation c’est quoi ? L’adaptation, c’est le fait de changer pour répondre à … un changement, souvent qualifié de perturbation. G. Simonet a montré comment ce terme a pris des significations particulières dans les sciences. ⬇️ 25/
cairn.info/revue-natures-…
Atténuation & réduction la vulnérabilité demandent donc des adaptations au sens courant du terme. Dans l'action climatique, on va réserver l’atténuation à l’action sur les émissions (causes du CC) et l’adaptation à l’action pour la réduction des dommages (conséquences du CC). 26/
Face à un risque, on peut d’abord répondre de façon ponctuelle, souvent réactive. C’est un ajustement. La somme des ajustements permet des transformations incrémentales. Mais si on veut vraiment résoudre le problème, il faut s’attaquer à la racine, aux causes profondes. 27/
Premier problème : les réponses apportées peuvent aggraver soit l’aléa, soit l’exposition, soit la vulnérabilité. C’est la mal-atténuation ou la mal-adaptation. 28/
Dit autrement, les réponses deviennent une composante du risque : il faut donc évaluer régulièrement l’impact des solutions envisagées, et, le cas échéant, les orienter. 29/
Source: Simpson et al (2021).
Deuxième problème : l’adaptation ne peut pas reposer sur une solution unique. Il est nécessaire de combiner un ensemble de leviers et ces combinaisons vont varier dans le temps et en fonction des territoires, des besoins, des ressources, du niveau de menace. 30/
La suite au prochain numéro : on y causera adaptation et résilience, on posera les questions qui fâche et on partagera des lectures, histoire de partir en vacances avec de quoi cogiter.
En attendant :
hautconseilclimat.fr/publications/r…
bonpote.com/non-lhomme-ne-…
Et pour un peu de lecture sur les causes structurelles 👇
oui parce que j'ai oublié le touit 23/
Il existe des causes profondes, structurelles, qui renvoient aux contextes macro, politiques, économiques, socio-culturels englobant, actuels et hérités, qui déterminent l’accès aux ressources et sont sous-jacents aux conditions sociales.
Et donc, les conseils de lectures 🤦♀️
Share this Scrolly Tale with your friends.
A Scrolly Tale is a new way to read Twitter threads with a more visually immersive experience.
Discover more beautiful Scrolly Tales like this.