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May 5, 2022, 14 tweets

[#VeilleESR] Propositions de @AssociationQSF
« faire accepter l’instauration de droits d’inscription progressifs »

On peine à voir la cohérence dans ce long texte, très étrange à lire.

qsf.fr/2022/05/05/let…

Par exemple : est-ce que détourner l'impôt des familles vers des frais d'inscription permettra d'augmenter le budget des universités ?

N'est-ce pas plus simple de directement augmenter ses dotations, quitte à augmenter l'impôt des grandes entreprises ?

L'exemple anglais le montre : les frais d'inscriptions ne sont pas un outil de plus grand financement, mais un outil de « rééquilibrage effort de l'Etat - effort des familles ».

L'avantage premier des frais d'inscription est de laisser aux familles le soin de décider de la dotation des universités : on pense ainsi optimiser la dépense dans l'éducation.
Cela va naturellement vers une concentration des moyens... Ce que le texte invite à éviter...

Le désavantage premier des frais d'inscription est l'augmentation de la précarité étudiante, notamment par le développement des prêts étudiants...

Mais le texte est contre cette précarité... Et pour des raisons qui peuvent étonner.

Le texte propose de « créer en nombre des filières professionnelles courtes correspondant notamment aux métiers émergents » et de réduire la précarité des enseignants.

Mais pourquoi avoir un emploi pérenne pour des formations à court-terme, plutôt qu'un recrutement ad hoc ?

D'ailleurs pourquoi utiliser l'Université pour faire des formations courtes et payantes sur des métiers rentables, alors qu'il suffit de laisser faire le marché et ses écoles privées, dont c'est la nature d'occuper ce secteur ?

Pourquoi financer une Université qui propose ça ?

Pourquoi avoir un recrutement national et régulé, avec des carrières attractives, si c'est pour rendre un service non plus public et global, mais seulement ciblés sur des secteurs économique et des étudiants solvables ?

N'est-ce pas mieux de contractualiser ?

« La fiscalité des grandes entreprises devrait être aménagée de manière à encourager le mécénat en direction des universités publiques, sans contrepartie autre que symbolique. »

Pourquoi ne pas utiliser l'impôt, si c'est pour atteindre le même objectif ?

« la loi ORE a permis en théorie aux universités de choisir leurs étudiants : c’est une évolution positive »
mais « le système universitaire français demeure largement sous-financé. »

Mais pourquoi sélectionner si on est suffisamment financés pour accueillir tout le monde ?

Autre exemple : le financement de la recherche doit reposer sur le « projet », mais « souple sur la durée », « simple » et « libre »...
Sauf que le principe même de projet est fait pour contraindre la durée et réduire les libertés, et que son coût principal est la complexité.

Le financement national par projet est -par essence- contraire au principe de subsidiarité... Pourtant le texte propose l'étendre même aux petites sommes et petites durées, « car privilégiant le principe de subsidiarité ».

C'est incompréhensible.

Ici la LRU, dont la seule intention est de développer les ressources propres, « n’a eu que des conséquences négatives »... Mais alors pourquoi proposer de développer ces ressources propres ?

Tout le texte repose sur des incohérences de ce type.
¯\_(ツ)_/¯

J'en tire une conclusion personnelle : l'#ESR, et en particulier l'Université, est dans un état de confusion majeure. Sa place et ses missions sont profondément bouleversées... Et de nouvelles réformes majeures arrivent à toute vitesse, sans prévenir ni expliquer.

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