Par exemple : est-ce que détourner l'impôt des familles vers des frais d'inscription permettra d'augmenter le budget des universités ?
N'est-ce pas plus simple de directement augmenter ses dotations, quitte à augmenter l'impôt des grandes entreprises ?
L'exemple anglais le montre : les frais d'inscriptions ne sont pas un outil de plus grand financement, mais un outil de « rééquilibrage effort de l'Etat - effort des familles ».
L'avantage premier des frais d'inscription est de laisser aux familles le soin de décider de la dotation des universités : on pense ainsi optimiser la dépense dans l'éducation.
Cela va naturellement vers une concentration des moyens... Ce que le texte invite à éviter...
Le désavantage premier des frais d'inscription est l'augmentation de la précarité étudiante, notamment par le développement des prêts étudiants...
Mais le texte est contre cette précarité... Et pour des raisons qui peuvent étonner.
Le texte propose de « créer en nombre des filières professionnelles courtes correspondant notamment aux métiers émergents » et de réduire la précarité des enseignants.
Mais pourquoi avoir un emploi pérenne pour des formations à court-terme, plutôt qu'un recrutement ad hoc ?
D'ailleurs pourquoi utiliser l'Université pour faire des formations courtes et payantes sur des métiers rentables, alors qu'il suffit de laisser faire le marché et ses écoles privées, dont c'est la nature d'occuper ce secteur ?
Pourquoi financer une Université qui propose ça ?
Pourquoi avoir un recrutement national et régulé, avec des carrières attractives, si c'est pour rendre un service non plus public et global, mais seulement ciblés sur des secteurs économique et des étudiants solvables ?
N'est-ce pas mieux de contractualiser ?
« La fiscalité des grandes entreprises devrait être aménagée de manière à encourager le mécénat en direction des universités publiques, sans contrepartie autre que symbolique. »
Pourquoi ne pas utiliser l'impôt, si c'est pour atteindre le même objectif ?
« la loi ORE a permis en théorie aux universités de choisir leurs étudiants : c’est une évolution positive »
mais « le système universitaire français demeure largement sous-financé. »
Mais pourquoi sélectionner si on est suffisamment financés pour accueillir tout le monde ?
Autre exemple : le financement de la recherche doit reposer sur le « projet », mais « souple sur la durée », « simple » et « libre »...
Sauf que le principe même de projet est fait pour contraindre la durée et réduire les libertés, et que son coût principal est la complexité.
Le financement national par projet est -par essence- contraire au principe de subsidiarité... Pourtant le texte propose l'étendre même aux petites sommes et petites durées, « car privilégiant le principe de subsidiarité ».
C'est incompréhensible.
Ici la LRU, dont la seule intention est de développer les ressources propres, « n’a eu que des conséquences négatives »... Mais alors pourquoi proposer de développer ces ressources propres ?
Tout le texte repose sur des incohérences de ce type.
¯\_(ツ)_/¯
J'en tire une conclusion personnelle : l'#ESR, et en particulier l'Université, est dans un état de confusion majeure. Sa place et ses missions sont profondément bouleversées... Et de nouvelles réformes majeures arrivent à toute vitesse, sans prévenir ni expliquer.
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"L’obéissance jusqu’à l’absurde des fonctionnaires"
Cette histoire d'écoles se pliant à une demande (factice) absurde, me fait penser à une histoire que je me suis raconté pour comprendre la puissance de l'évaluation #ESR.
Avec justement des chapeaux.
Les évaluations qu'on connait aujourd'hui revêtent une apparence de rationalité.
Si on lit par exemple les tous premiers critères d'évaluation Hcéres, ça parait sérieux.
En fait, c'est toujours plus ou moins absurde.
Par exemple ici, il faut identifier des ambitions à long terme, ce qu'on pourrait estimer absurde alors qu'on a une visibilité budgétaire qui ne dépasse pas 2 mois depuis au moins une vingtaine d'années.
Que justifie le total silence du parti présidentiel sur cette question, alors qu'il a modifié le Code de l’Éducation tous les 8 jours en moyenne depuis son arrivée au pouvoir ?
Pourquoi ne pas n'expliquer son orientation politique et son projet ?
Cette histoire de délais de réponse dans #Parcoursup est un sujet vraiment passionnant quand on s'intéresse à l'action publique et à la techno-bureaucratie de l'#ESR.
Avant #Parcoursup, il y avait APB.
L'affectation s'y faisait avec une échéance collective, pour la hiérarchisation des vœux, puis une machine calculait les affectations en moins de 24h, et ensuite tous les candidats recevaient leur réponse en même temps. letudiant.fr/etudes/parcour…
Pour une raison peu claire, la hiérarchisation des vœux a été supprimée, et la machine ne peut donc plus calculer l'affectation en 24h.
A place, on mis la phase de réponse en continue de #Parcoursup, qui allait de mai à.. septembre. 5 mois.
[ #VeilleESR #LRU ] Document de travail acte II de l'autonomie
- suppression de la qualification et généralisation des CPJ
- suppression des 192h/384h et modulation des services
- « assouplissement » des ATER et vacations
- généralisation des EPE et dévolution
RH : on peut résumer par « supprimer les statuts des personnels », pour permettre aux présidences d'individualiser les recrutements, temps de travail et rémunérations.
Emmanuel Macron s'y était engagé.
Budget et finance : on peut résumer par « YOLO », avec financement à la « performance » plutôt qu'aux besoins, possibilité de faire n'imp avec le fond de roulement et possibilité de s'endetter.
Bref, un encouragement à flamber.
Résultat du Quizz « l'Education Nationale, ce bastion impossible à réformer », en image.
Voici les modifications du Code de l'éducation depuis l'élection de M. Macron.
(Attention, certains articles ont été modifiés plusieurs fois, ce qui ne se voit pas ici.)
Autre visualisation des modifications du Code de l'éducation, cette fois-ci pour un bachelier de l'an dernier, qui serait donc entré en maternelle en 2009.
(Attention, le gros ajout du début est sans doute de la consolidation de code, à droit constant.)
Depuis l'élection de M. Macron, le Code de l'éducation a été modifié par 55 lois, 15 ordonnances et 331 décrets (voir liste ci-dessous).
Pendant la scolarité d'un bachelier de l'an dernier, ça aura été 120 lois, 34 ordonnances et 589 décrets.