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Sep 26, 2022, 21 tweets

[Thread] Et si un article écrit il y a 40 ans pouvait éclairer nos réflexions sur la nécessité du contrôle réel de nos fonds ? #Bankrun #Bitcoin

"Bank runs, deposit insurance and liquidity" a été écrit en 1983 par deux doctorants en économie : Diamond et Dybvig. Il deviendra un article référence dans le domaine des faillites bancaires et des crises de liquidités.

Ils décrivent en détail un postulat pouvant apparaître assez intuitif : les besoins de liquidités éventuels des prêteurs par rapport aux besoins de financement des emprunteurs placent structurellement les banques en position d’illiquidité.

Pour faire simple : les banques reçoivent des dépôts pouvant être retirés à tout instant. Le banquier va prêter cet argent à des investisseurs qui ont des besoins d’investissements sur du plus ou moins long terme. Ces investissements porteront leurs fruits dans le futur.

C’est cette caractéristique des bilans bancaires qui rend les banques vulnérables aux paniques bancaires mais permet en théorie d’apporter une amélioration du bien-être social.

Pourquoi ? Car deux types de profil, à savoir les "patients" et les "impatients" sont amenés à partager les risques.

Sans les banques, les impatients ayant besoin de liquidité rapidement devraient soit renoncer à leurs projets, soit investir dans des projets de court termes peu rémunérateurs.

Les patients quant à eux, pourraient se permettre d’investir à long terme dans des projets plus rémunérateurs, mais n’auraient pas la garantie de pouvoir retirer de la liquidité en cas de besoin impérieux.

Les risques sont ainsi partagés : les patients peuvent récupérer de la liquidité à tout moment si besoin, les impatients ont un rendement possible et plus élevé. C’est la théorie.

Le modèle et les volumes de liquidité en jeux rendent normalement l’équilibre robuste. Le problème, c’est que tout le monde est officiellement en mesure de retirer sa liquidité.

La panique bancaire prend place dans plusieurs scénarios possibles : un contexte économique critique, une rumeur sur la solvabilité d’un établissement (vraie ou fausse) ou encore une première crise de liquidité d’un autre établissement équivalent.

Les auteurs décrivent alors des phénomènes de prophéties auto-réalisatrices et les effets qu’entrainent les doutes sur la capacité d’une banque à rembourser ses déposants. Les différents profils pourraient être tentés de se présenter aux guichets pour retirer leurs liquidités.

Ces doutes pourraient alors rapidement gagner l’intégralité des clients, conscients qu’ils auront d’autant moins de chances de retrouver leurs liquidités qu’ils se présentent tardivement à la banque. Ça vous rappelle quelque chose ?

Les auteurs proposent des solutions pour empêcher ce type de situations. Par exemple, la suspension de la convertibilité des dépôts (tient donc…) ou la mise en place d’un système public de garantie des dépôts.

La garantie publique des dépôts, via le prélèvement d’une taxe sur les retraits effectués dans un laps de temps trop court après le dépôt, constitue pour eux la seconde option.

Cela permettrait véritablement de dissuader les agents de paniquer et plus précisément, d’éviter que les agents "patients" ne se comportent comme des "impatients".

C’est ainsi notamment qu’en Europe, les États membres de l’Union Européenne sont tenus de garantir les dépôts bancaires à hauteur de 100 000 euros par banque et par déposant conformément à la directive européenne 2009/14/CE. legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTE…

Intéressant à noter : les auteurs précisent que "la mise en place d’un système de garantie des dépôts pourrait conduire les déposants à abaisser leur vigilance à l’égard des activités de leurs banques, ce qui pourrait inciter ces dernières à prendre davantage de risques".

Mon interprétation : les banques sont dangereuses mais fournissent un service faisant sens dans notre contexte sociétal et en période économique forte. Chaque sécurité ajoutée augmente en réalité leur pouvoir et donne l’illusion qu’elles sont indispensables et sans risque.

Est-ce cependant indispensable ? « Je préfère avoir cent francs avec la liberté d’en faire ce que je veux plutôt que deux cents francs sans cette liberté » Vincent Van Gogh.

A l’heure actuelle, quel actif peut se targuer de permettre un stockage de valeur non physique alternatif aux banques, sans risque de panique bancaire associée ?

#Bitcoin

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