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Oct 25, 2024, 20 tweets

Le Franc CFA, l’Afrique et la France 🇨🇵, un destin intimement lié ? Prédation des ressources, idées reçues et fantasmes ? Décryptage.

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La zone franc suscite depuis longtemps débats et critiques, d'abord parmi les économistes puis plus récemment en politique. Il est essentiel ici, en préambule, de rappeler que la question monétaire est intrinsèquement politique.

Le bilan de la zone FCFA est nuancé. Malgré une dévaluation de 50% en 1994, la stabilité du FCFA a évité une "dollarisation" des économies africaines en limitant l'inflation et permettant une croissance somme toute honorable.

La légende selon laquelle l'intervention militaire de la France en Afrique serait motivée par des intérêts économiques est à nuancer. Par exemple, l'uranium nigérien ne couvrait que 30% des besoins nucléaires français. Elle s'approvisionne ailleurs aujourd'hui (Kazakhstan).

Concernant le pétrole, les Français achètent principalement en Angola et au Nigéria mais cela ne représente que 5% du commerce extérieur de la France. La dépendance économique de la France est clairement exagérée par les officines de propagande (principalement russes).

La part de marché française a été divisée par 2 en Afrique mais les volumes ont doublé grâce à la croissance des pays africains donnant aux entreprises françaises les moyens pour continuer les investissements. Faits économiques basiques.

La zone Franc est très souvent décrite comme un atout pour la France. Sujet délicat : les États africains, encore aujourd'hui (AES compris) ont choisi de se maintenir dans le FCFA mais peuvent s'en retirer à tout moment.

Contrairement à l'idée reçue, la France ne tire aucun avantage économique de la zone Franc. Les dépôts des Banques Centrales Africaines ne réduisent pas l'endettement de la France et sont une contrepartie à la libre convertibilité du FCFA.

La France supporte un coût annuel de 200M d’€ pour ces dépôts et la disparition du FCFA ne causerait absolument aucun dommage économique significatif pour les finances françaises.

Les politiques monétaires sont gérées par les banques centrales africaines et non par Paris et les systèmes bancaires ne sont pas intrinsèquement liés à la zone Franc.

L'avenir de la zone Franc mérite d'être discuté car il en revient aux Africains de rédiger un nouveau chapitre auquel nous nous devons de nous poser quelques questions : quel serait le coût économique de sa sortie ?

Faut-il une monnaie commune ? Doit-elle être reliée à l'euro ou un panier de ressources ? Quelle parité, fixe ou fluctuante ? Autant de questions qui ne permettent pas l'improvisation, mais une réflexion approfondie avec toutes les élites économiques africaines.

Concernant les critiques sur la parité fixe, ils sont des procès d'intention car les pays partenaires ont eux-mêmes souhaité et choisi le maintien.

La diversité économique entre pays comme le Nigéria qui représente 70% du PIB ouest-africain et les pays de l’UEMOA complexifie la création d'une monnaie unique. Mais en attendant que ces questions soient tranchées, il faut arrêter d'accuser la France de tous les maux.

En 2019, le président Macron a décidé de supprimer la centralisation des réserves de change et de mettre fin à la représentation française dans les instances. Bien avant les derniers putschs enregistrés au Sahel.

Changer le nom du FCFA, évoquant des options comme l’Eco montre cette indispensable volonté d'évolution. Cette évolution dont les peuples d'Afrique ont besoin pour se sentir véritablement indépendants.

Pourquoi les États africains font imprimer leurs billets à l'étranger : principalement ⬇️
- Coûts trop élevés et économie d'échelle,
- Sécurité : les pays choisissent des imprimeries réputées pour minimiser les risques de contrefaçon,
- Qualité des matériaux.

43 pays africains ont externalisé l'impression de leurs monnaies.

Le premier imprimeur est le Royaume-Uni 🇬🇧 (17 pays) puis l'Allemagne 🇩🇪 et ensuite la France 🇨🇵.

Cela reste un choix délibéré des pays africains concernés.

L'avenir des unions monétaires en Afrique sera décidé par les États membres. Il est bon de rappeler que chaque nation a son mot à dire dans les perspectives d'une future.

Retroussons-nous les manches, mettons-nous au travail, arrêtons cette victimisation éternelle, cessons d'accuser un pays ou un autre de tous nos maux.

Travaillons, pour l'Afrique, pour les Africains par les Africains.

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