Le Franc CFA, l’Afrique et la France 🇨🇵, un destin intimement lié ? Prédation des ressources, idées reçues et fantasmes ? Décryptage.
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La zone franc suscite depuis longtemps débats et critiques, d'abord parmi les économistes puis plus récemment en politique. Il est essentiel ici, en préambule, de rappeler que la question monétaire est intrinsèquement politique.
Le bilan de la zone FCFA est nuancé. Malgré une dévaluation de 50% en 1994, la stabilité du FCFA a évité une "dollarisation" des économies africaines en limitant l'inflation et permettant une croissance somme toute honorable.
La légende selon laquelle l'intervention militaire de la France en Afrique serait motivée par des intérêts économiques est à nuancer. Par exemple, l'uranium nigérien ne couvrait que 30% des besoins nucléaires français. Elle s'approvisionne ailleurs aujourd'hui (Kazakhstan).
Concernant le pétrole, les Français achètent principalement en Angola et au Nigéria mais cela ne représente que 5% du commerce extérieur de la France. La dépendance économique de la France est clairement exagérée par les officines de propagande (principalement russes).
La part de marché française a été divisée par 2 en Afrique mais les volumes ont doublé grâce à la croissance des pays africains donnant aux entreprises françaises les moyens pour continuer les investissements. Faits économiques basiques.
La zone Franc est très souvent décrite comme un atout pour la France. Sujet délicat : les États africains, encore aujourd'hui (AES compris) ont choisi de se maintenir dans le FCFA mais peuvent s'en retirer à tout moment.
Contrairement à l'idée reçue, la France ne tire aucun avantage économique de la zone Franc. Les dépôts des Banques Centrales Africaines ne réduisent pas l'endettement de la France et sont une contrepartie à la libre convertibilité du FCFA.
La France supporte un coût annuel de 200M d’€ pour ces dépôts et la disparition du FCFA ne causerait absolument aucun dommage économique significatif pour les finances françaises.
Les politiques monétaires sont gérées par les banques centrales africaines et non par Paris et les systèmes bancaires ne sont pas intrinsèquement liés à la zone Franc.
L'avenir de la zone Franc mérite d'être discuté car il en revient aux Africains de rédiger un nouveau chapitre auquel nous nous devons de nous poser quelques questions : quel serait le coût économique de sa sortie ?
Faut-il une monnaie commune ? Doit-elle être reliée à l'euro ou un panier de ressources ? Quelle parité, fixe ou fluctuante ? Autant de questions qui ne permettent pas l'improvisation, mais une réflexion approfondie avec toutes les élites économiques africaines.
Concernant les critiques sur la parité fixe, ils sont des procès d'intention car les pays partenaires ont eux-mêmes souhaité et choisi le maintien.
La diversité économique entre pays comme le Nigéria qui représente 70% du PIB ouest-africain et les pays de l’UEMOA complexifie la création d'une monnaie unique. Mais en attendant que ces questions soient tranchées, il faut arrêter d'accuser la France de tous les maux.
En 2019, le président Macron a décidé de supprimer la centralisation des réserves de change et de mettre fin à la représentation française dans les instances. Bien avant les derniers putschs enregistrés au Sahel.
Changer le nom du FCFA, évoquant des options comme l’Eco montre cette indispensable volonté d'évolution. Cette évolution dont les peuples d'Afrique ont besoin pour se sentir véritablement indépendants.
Pourquoi les États africains font imprimer leurs billets à l'étranger : principalement ⬇️
- Coûts trop élevés et économie d'échelle,
- Sécurité : les pays choisissent des imprimeries réputées pour minimiser les risques de contrefaçon,
- Qualité des matériaux.
43 pays africains ont externalisé l'impression de leurs monnaies.
Le premier imprimeur est le Royaume-Uni 🇬🇧 (17 pays) puis l'Allemagne 🇩🇪 et ensuite la France 🇨🇵.
Cela reste un choix délibéré des pays africains concernés.
L'avenir des unions monétaires en Afrique sera décidé par les États membres. Il est bon de rappeler que chaque nation a son mot à dire dans les perspectives d'une future.
Retroussons-nous les manches, mettons-nous au travail, arrêtons cette victimisation éternelle, cessons d'accuser un pays ou un autre de tous nos maux.
Travaillons, pour l'Afrique, pour les Africains par les Africains.
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Mali : La Russie est-elle en train de perdre la main au profit de la Turquie ?
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1/11 Du 11 au 14 novembre, Bamako accueille BAMEX’25, présenté comme l’un des plus grands salons d’armement en Afrique.
Mais seules des entreprises turques sont présentes, pas un seul stand russe. Un salon organisé par The Peak Defense, une société basée à Istanbul.
2/11 Depuis deux ans, la coopération russo-malienne tourne au désastre.
Malgré des contrats colossaux, près de 120 millions USD par an pour Wagner, les résultats militaires sont aussi coûteux que maigres.
Le JNIM progresse et les attaques se rapprochent de Bamako.
Gardons en tête que la Côte d'Ivoire, c’est aujourd’hui 40% de la production mondial de cacao. Malgré une production essentiellement familiale, le pays envisage de transformer l’essentiel de sa production de cacao localement, pour conserver sa place de leader mondial.
D’où provient le cacao ? La réponse c’est l’Amérique du Sud, plus particulièrement l’Amazonie. Il a même été vénéré par les Mayas et les Aztèques. Ils en faisaient des breuvages ou mixtures, dont ils vantaient des attributs médicinaux !
Le Dragon chinois resserre ses griffes sur la Côte d’Ivoire
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Depuis une vingtaine d’années, la Chine est devenue incontournable dans le paysage économique africain. En Afrique de l’Ouest – et tout particulièrement en Côte d’Ivoire – sa présence s’est renforcée au point de dépasser largement le simple commerce.
Infrastructures, mines, cacao, pêche, réseaux sociaux… Pékin est partout. Une montée en puissance qui pousse à poser une question essentielle : quels sont les véritables objectifs de la Chine à long terme ? Car s’il y a bien une chose que la Chine maîtrise, c’est le temps long.
Alors que les tensions entre Israël et l’Iran s’intensifient, la question de leurs répercussions sur l’Afrique se pose pour nous. L’actualité s’emballe sur le sujet… Laissant l’Afrique loin des préoccupations internationales. C’est grave pour nous doc ?
🇮🇱 Des relations israélo-africaines historiquement fragiles
Israël a entretenu des relations diplomatiques soutenues avec de nombreux pays africains durant les années 1950 à 1970, mais la guerre du Kippour de 1973 a marqué un tournant : la majorité des États africains ont rompu leurs relations diplomatiques avec l’État hébreu, en solidarité avec les pays arabes.
Le retour de Benyamin Netanyahou au pouvoir en 2009 a toutefois relancé une dynamique de reconquête diplomatique. Aujourd’hui, plus de 40 pays africains entretiennent des relations officielles avec Israël.
Ces liens restent néanmoins souvent formels, sans réelle profondeur stratégique ou économique. Le poids politique et commercial d’Israël en Afrique reste donc limité.
Seuls quelques pays tels que le Maroc entretiennent des accords significatifs avec Israël : au-delà d’exercices militaires conjoints comme African Lion, Rabat a par exemple établi un partenariat avec l’entreprise israélienne BlueBird Aero Systems pour produire localement des drones militaires (WanderB, ThunderB, SpyX).
Mais reste que depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre 2024, plusieurs pays traditionnellement perçus comme pro-israéliens – comme la Côte d’Ivoire, le Togo, le Cameroun ou le Rwanda – ont adopté une posture plus réservée vis-à-vis de l’Etat hébreu.
Le Rwanda, par exemple, s’est démarqué en envoyant dès le 20 octobre de l’aide humanitaire à la population de Gaza, tout en appelant au respect du droit international.
Cybercriminalité chinoise : l’Afrique prise au piège d’un réseau tentaculaire ?
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Depuis fin 2023, une série d’enquêtes menées à travers plusieurs pays africains a révélé l’implantation progressive et méthodique de réseaux de cybercriminalité menés par des ressortissants chinois.
D’après un rapport d'avril 2025 de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), ces groupes généreraient des dizaines de milliards de dollars chaque année à travers des arnaques impliquant les investissements fictifs, les fraudes sentimentales, les jeux d’argent illégaux et les manipulations en ligne.
Fuir le chaos : où trouvent refuge les déplacés des pays de l’AES ?
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La détérioration sécuritaire dans les pays de l’AES – Burkina Faso, Mali, Niger – provoque un exode massif de populations civiles vers les pays voisins.
Face aux violences djihadistes, aux exactions des mercenaires russes et à l’instabilité politique, des centaines de milliers de personnes fuient en effet leurs foyers pour trouver refuge au-delà des frontières.