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Pour clôre ces #JNA18, nous vous proposons ce #thread et empruntons à @FluideGlaciaire son #️⃣ #ArcheoFake 😉

Montez dans notre machine à remonter le temps… ⚡️⚡️

Nous voici en novembre 1833, à Nérac dans le Lot-et-Garonne
Par un beau matin, la ville est le théâtre d’une surprenante découverte !

Un grand relief, long de 174 cm et haut de 82 cm, superbement sculpté des effigies de l’empereur gaulois Tétricus et de son fils. 😮👌 Image
La découverte est faite tout près du Parc de la Garenne où un site archéologique est fouillé depuis un an par Maximilien Théodore Chrétin.

#çaNeSinventePas
En fait, tout commence à la fin de l’année 1831, lorsque les vestiges d’un aqueduc d’époque romaine sont mis au jour à l’occasion de travaux dans le parc de la Garenne.
La municipalité confie l’exploration de ces vestiges à un adjoint au maire qui, quelques mois plus tard, prend pour assistant Maximilien Théodore Chrétin.
Artiste peintre et sculpteur (il vient de repeindre le théâtre de Nérac), professeur de dessin, Chrétin montre tant de zèle sur ce chantier qu’il en obtient bientôt la direction.
Chrétin interprète ce qu’il découvre comme les vestiges d’un vaste palais avec une entrée monumentale et de grandes salles à absides encadrées de galeries au sol mosaïqué. De l’autre côté de la rivière, la Baïse, se trouverait un temple.
A l’automne 1832, une première découverte est faite par un ouvrier !

👉 un médaillon en marbre décoré de la tête d’un homme de profil portant une couronne radiée avec une inscription : JULIANUS PIU(s) IMP(erator).
L’empereur Julien, originaire de Constantinople, règne de février 360 à juin 363.

👋 @museecluny 😉

Photos : LPLT et Classical Numismatic Group, Inc. / @WikiCommons CC BY-SA ImageImage
La présence de ce médaillon à Nérac est un peu étrange.
Quelques jours après, un second médaillon est mis au jour ! Légèrement plus grand et mieux conservé, il présente deux portraits encadrés d’une inscription. Image
Chrétin traduit ainsi :
Aux empereurs Tétricus, pieux, fortunés, augustes, les citoyens de la colonie de Nérac, pieuse, heureuse, auguste, ruinée par la guerre restaurée par nos empereurs vainqueurs des Goths. 5ème année du règne de Tétricus sous le consulat des deux empereurs
Cette première découverte concernant Tétricus ne reste pas isolée.

Durant l’été 1832, 6 inscriptions sont mises au jour sur le chantier de la Garenne !
D’abord très courtes et énigmatiques, elles deviennent de plus en plus longues au fil des découvertes et mentionnent toutes l’empereur Tétricus.
#cherryOnTheCake
Chaque nouvelle inscription vient éclaircir le sens de la précédente et apporte des éléments inédits sur le passé antique de la ville de Nérac !
Construction de monuments tels qu’un temple à Jupiter, un nymphée et un palais qui sont justement les édifices que Chrétin dit avoir mis au jour sur le site.

Le nom antique de la ville apparaît également dans ces textes sous la forme Nerae Aquae.
Ces inscriptions sont donc du plus grand intérêt !

Elles mettent en relation le passé antique de Nérac et les empereurs gaulois que sont Tétricus père et fils.
Chrétin est sûr de lui.

Les inscriptions mises au jour sur le site prouvent que Nérac fut une cité antique importante et fut même certainement la cité impériale des Tétricus !
Ces inscriptions intéressent au plus au point les sociétés savantes de Bordeaux et de Toulouse.

De son côté, l’État, qui finance les fouilles décide de reprendre le contrôle de la situation.

La direction des fouilles échappe alors à Chrétin.
Les découvertes continuent.

Une autre inscription, très longue cette fois (23 lignes), est découverte en 1833.

Elle fait également référence à l’Empire des Tétricus.
On ne sait rien du contexte de sa découverte.

C’est Chrétin, toujours présent sur le chantier, qui en fait part à Toulouse et à Bordeaux.
Au mois de novembre 1833, Chrétin annonce que sa femme, restée à Nérac, vient de lui signaler la découverte « d’un très beau bas-relief représentant deux empereurs montés sur un char traîné par quatre chevaux », chez un particulier dont le jardin est voisin du site de la Garenne
Chrétin achète le relief puis le revend à la Société archéologique du Midi de la France avec la longue inscription.

Le grand relief est immédiatement exposé au Musée de Toulouse. Image
Très vite, il va éveiller les soupçons du milieu scientifique.
Certains épigraphistes et érudits ont déjà soulevé des incohérences et des erreurs, dans les inscriptions précédentes.

D’autres s’étonnent que la cité de Nérac n’apparaisse dans aucun texte antique et doute de l’existence d’un État organisé sous le gouvernement des Tétricus.
Le débat prend de l’ampleur opposant les sceptiques et les partisans de l’origine antique de l’œuvre (parmi lesquels Mérimée et Vitet).
Quant à la Mairie de Nérac, elle porte plainte contre Chrétin et son beau-frère pour soustraction frauduleuse d’objets antiques.

Un procès s’ouvre en août 1835.
Lors de ce procès, plusieurs témoins sont entendus parmi lesquels les ouvriers des fouilles.

Certains révèlent que des charrettes de marbres sortis des fouilles ont été amenées chez Chrétin.
D’autres ont constaté qu’on avait remué la terre pendant la nuit, les découvertes se faisant toujours au matin, à la reprise du chantier.

D’autres témoins racontent qu’ils ont aperçu la nuit sur le chantier des hommes avec des lanternes…
Parallèlement, une enquête est menée à Toulouse où travaille aussi Chrétin.

Un marbrier avoue avoir épannelé un bloc de marbre pour Chrétin.

Un serrurier atteste qu’il a forgé pour lui des outils destinés à sculpter le marbre.
Et surtout !

Est découvert un gros éclat de marbre qui se raccorde parfaitement à l’angle supérieur gauche du relief de Tétricus…

mais qui ne porte pas d’inscription !
Image
Peut-être par peur d’être accusé de vol, et devant toutes ces preuves, Chrétin finit par avouer être un faussaire.
Le Triomphe de Téteicus est aujourd’hui dans la collection du MSR, conservé dans les réserves.

C’est le premier faux que nous avons présenté lors de l’opération : « Au Musée Saint-Raymond, tout est vrai au presque » qui a débuté le 1er avril dernier 😉 Image
Voilà ! C’est la fin de (long) #ArcheoFake !

Il vous reste 10 jours pour pister le faux du mois de juin dans nos collections permanentes 😉🕵️‍♂️🕵️‍♀️
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