Il y a plus grave encore que la délégitimisation du mouvement des #GJ par ces éruptions de violence: l'autorité elle-même vole en éclats.
C'est l'aboutissement de la disparition de toute représentation légitime: politique, policière, artistique ou intellectuelle. (D. Bougnoux)
C'est l'aboutissement de la disparition de toute représentation légitime: politique, policière, artistique ou intellectuelle. (D. Bougnoux)
Il en découle une tentation autoritaite non par les marges, mais par le coeur (mainstream) de la société, ainsi que démontré par David Adler (NYTimes 23/05 2018). Pour le coeur (mainstream) la démocratie est moins liée au pouvoir pour le peuple, par le peuple, et au nom du peuple
que par un ensemble de valeurs (croissance économique, avortement, cause LGBT, intégration mondiale, individualisme) qu'on peut défendre au besoin en limitant la liberté d'expression, par un pouvoir fort (voir aussi étude globale Pew 2015) ou les juges.
cette déconnexion entre ce que représente la démocratie et le fonctionnement de la démocratie (voir @Ellibec) est source de grandes tensions dans la société: pour une partie de la population le vote est le seul accès à une forme de représentation symbolique (Jean Piaget).
Quand pour le coeur de la population (mainstream) la représentation est permanente via d'autres biais: publicité, célébrités, colloques, plateaux télé, plutôt valorisant par ailleurs. Cette inégalité d'accès à la représentation symbolique vient dans la crise des #GJ
Se superposer (imparfaitement) aux inégalités spaciales induites par le coût croissant du logement et de l'énergie (C.Guilluy). Dès lors quand le coeur (mainstream) se réfugie dans des anathèmes moraux ('lèpre' 'peste brune' 'traversez la rue' 'ceux qui ne sont rien') en allant
jusqu'à mépriser la fonction représentative des élus locaux et du parlement, la rupture est consommée; qu'il entend déléguer plus encore à Bruxelles ce qui déjà ici échappe à tout contrôle et débat démocratique; qu'il ne met pas en place de nouveaux outils de consultation démocr.
et qu'il ne tient pas compte des corps intermédiaires, plus rien ne nous protège de l'opposition frontale (aujourd'hui #GJ mais demain autre chose, et après-demain encore autre chose).
et la violence*, surtout mise en scène de nos jours, devient le seul accès à la représentation symbolique d'une partie de la population.
(il y a gradation dans la violence: bloquer un rond-point, faire irruption dans une préfecture, détruire les radars...)
(il y a gradation dans la violence: bloquer un rond-point, faire irruption dans une préfecture, détruire les radars...)
La plus grande des violences étant ici, je le répète, non les voitures brûlées et le caillassage de CRS par l'e-gauche, mais l'effondrement symbolique de l'autorité à l'Élysée, à Matignon, partant le sens des élections de 2017. Danger!
