Retour au TGI de Paris pour la deuxième journée du procès #Baupin.
Lenaïg Bredoux, journaliste de Mediapart à l'origine de l'enquête sur les violences sexuelles mettant en cause M. Baupin, est appelée à la barre. #Baupin
Elle recontextualise le déroulé de l'enquête, il y a 3 ans. Elle parle du sexisme dans le monde du travail et en politique. "Ces femmes interrogées pensent qu'elles seraient disqualifiées en politique et dans leur travail si elles parlent des violences sexuelles vécues". #Baupin
"Ma responsabilité en tant que journaliste m'oblige à leur dire que oui, c'est malheureusement un risque réel" déclare Lenaïg Bredoux. #Baupin
"on a entendu beaucoup de responsables d'EELV dire qu'ils ne pensaient pas que ces faits étaient répréhensibles, qu'une plainte pouvait être faite". #Baupin
le 8 avril 2016, Mediapart reçoit un courrier de Me Pierrat, conseil de D. Baupin, qui demande de ne pas enquêter.
Baupin refuse de répondre aux questions de Mediapart et renvoie vers son conseil. #Baupin
"à force nous comprenons que le non de M. Baupin est définitif et nous publions le premier article le 9 mai 2016. Après cette publication, nous recevons beaucoup de nouveaux témoignages de femmes dont nous avions pas entendu parler jusque-là dans l'enquête". #Baupin
Les journalistes tentent de recontacter M. Baupin via Me Pierrat en mai. M. Baupin accepte pour Lenaïg Bredoux et Cyril Graziani. Conditions de M. Baupin : interview enregistrée et pas de off. #Baupin
Nouvelle condition par la suite : pas de radio, ce qui pose problème à Cyril Graziani de France Inter mais les deux journalistes acceptent. #Baupin
De nouvelles conditions imposées par M. Baupin apparaissent encore, entravant le travail journalistique. "finalement, nous quittons le cabinet sans avoir vu M. Baupin et sans la certitude qu'il ait vraiment été là" déclare Lenaïg Bredoux. #Baupin
En septembre 2016, un dernier témoignage est publié : celui de la directrice d'autolib. Pas de poursuite en diffamation pour ce témoignage. #Baupin
Le Président pose la question de l'absence de plainte déposée par les femmes.
"bien sûr nous nous sommes posés la question : "est-ce une revanche politique ? mais les femmes ne voulaient pas nécessairement nous parler au début. Elles ne se connaissaient pas entre elles - #Baupin
- pas de complot politique possible. Les femmes n'ont pas communiqué entre elles sur ces témoignages". finit Lenaïg Bredoux. #Baupin
Me Pierrat prend la parole. Il demande à Lenaïg Bredoux pourquoi elle n'a pas les preuves des sms de M. Baupin reçus par Isabelle Attard. Elle explique que son portable a été volé. L'opérateur est contacté : il n'est pas en mesure de récupérer les sms reçus. #Baupin
Me Pierrat ne veut pas y croire "avec les intelligences artificielles, tout est sauvegardé ! pourquoi parler de sms que vous n'avez pas lu ?" Mme Bredoux explique qu'elle rapporte uniquement les paroles de Mme Attard. #Baupin
La mention d'appels malveillants n'est pas de son fait mais de l'enquête policière.
Me Pierrat montre un téléphone portable sous les yeux de Mme Bredoux "vous savez ce que c'est ça ?" #mépris #Baupin
Me Pierrat lit des sms ne figurant pas dans les articles de Mediapart. "jeu érotique ou harcèlement sexuel pour vous ?" Mme Bredoux dit qu'elle n'a pas à répondre sur des sms non lus pour lesquels elle n'est pas poursuivie. Il insiste. Encore. #Baupin
"vous pourrez me demander indéfiniment, ce sera toujours la même réponse" dit Mme Bredoux.
"dommage que votre merveilleuse intelligence s'arrête subitement face à des sms !" commente Me Pierrat. #Baupin
Dans la salle, j'entends "mais il est horrible". Me Tordjman, avocat de Mediapart, s'énerve "est-ce que les commentaires désobligeants sur ma cliente pourraient cesser s'il vous plaît ?". #Baupin
Me Pierrat lance une pique aux journalistes qui live-tweetent (coucou !). Le Président de l'audience rappelle que le live-tweet est autorisé et que la justice est publique. #Baupin
Me Pierrat veut déclarer les noms de victimes ayant parlé sous couvert d'anonymat en demandant à ce que cette information reste limitée à cette salle d'audience. Le Président : "la justice est publique, vous ne pouvez pas faire cette demande". #Baupin
Mme Bredoux dit être mal à l'aise à l'idée de dire des noms de victimes anonymes.
Me Pierrat s'acharne sur Mme Bredoux, dit qu'une ex-compagne de M. Baupin n'a jamais déclaré avoir été agressée par lui. Il ne laisse pas Mme Bredoux répondre. #Baupin
Le Président s'emporte et tape du poing sur la table de loi. Il rappelle Me Pierrat à l'ordre "ça suffit maintenant ! vous ne posez même plus de question et vous permettez des commentaires inadmissibles. vous ne pouvez pas empêcher la prévenue de parler !" #Baupin
Me Pierrat demande si Mme Bredoux a entendu des accusations concernant d'autres hommes d'EELV. Mme Bredoux parle de rumeurs, bruits de couloir mais l'enquête concernait M. Baupin. #Baupin
La procureure prend la parole et demande à Mme Bredoux si elle a entendu des faits mettant en cause d'autres hommes que M. Baupin er si oui, comment choisit-elle ce qu'elle publie ou non. #Baupin
Mme Bredoux explique qu'en tant que journaliste, elle doit pouvoir recouper les sources, corroborer des témoignages or elle n'a pas publié certains témoignages à cause d'une impossibilité de corroborer. #Baupin
La procureure "lorsqu'il s'agit d'éléments pouvant revêtir des qualifications pénales, est-ce que vous vous interrogez sur l'articulation ?"
Mme Bredoux explique qu'elle prend en compte la prescription de faits rapportés. Qu'elle n'a pas poussé les femmes à porter plainte #Baupin
Elle n'a pas d'autres questions, la défense non plus. Lenaïg Bredoux retourne s'asseoir. #Baupin
Me Tordjman demande s'il est possible de rappeler Edwy Plenel pour quelques questions supplémentaires, étant donné que l'audience d'hier a quelque peu été avortée par la perquisition tentée des locaux de #Mediapart. #Baupin
Le Président accepte et autorise seulement une ou deux questions par partie "il reste encore du monde sur le banc des prévenus". #Baupin
"il existe des vérités journalistiques qui ne sont pas des vérités judiciaires" rappelle encore M. Plenel. Il ajoute qu'il est journaliste professionnel, qu'il aimerait pouvoir parler "à armes égales" avec Me Pierrat sans ses commentaires désobligeants. La salle dit bravo #Baupin
Me Pierrat enchaîne "il n'arrive jamais à la presse d'avoir tort ?", le président rétorque "ça vous l'avez déjà demandé hier !" Rires dans la salle. #Baupin
Cyril Graziani, journaliste France Inter, prend maintenant la parole à la barre.
Il explique le déroulé de son enquête "j'ai entendu des déclarations lors d'un déjeuner. J'ai voulu creuser. Le travail d'un journaliste, c'est la recherche de la vérité" #Baupin
Il entend parler de Lenaïg Bredoux qui enquête déjà sur le sujet. "Nous ne sommes pas amis mais étant tous les deux journalistes politiques, nous nous connaissons et nous entendons bien. Je décide de l'appeler". #Baupin
"on a bien compris avec les premiers témoignages que les femmes ne voudraient pas de publication si elles étaient seules à parler. Ce qui nous a guidé dans notre travail. Nous savions que nous ne pouvions pas faire n'importe quoi" continue M. Graziani. #Baupin
"on a cultivé le doute. Vérifié les informations. Revérifié. On nous a évoqué d'autres cas. Nous notre travail, c'est d'enquêter, de corroborer les témoignages". #Baupin
"au cours de l'enquête, on a découvert que M. Baupin avait un mode opératoire. En discutant avec les femmes, on a essayé de comprendre pourquoi elles n'avaient pas parlé de ce qu'elles avaient vécu". #Baupin
"nous avons découvert que ces femmes étaient toutes en situation de faiblesse au moment des faits : en plein divorce, nouvelle en politique, voulant progresser dans le parti.. et il semblerait qu'il en ait tiré profit. C'est une affaire qui date de 90 jusqu'à 2013" #Baupin
"Nous étions avant #metoo il y avait une forte omerta.
Notre leitmotiv c'était de réussir à faire parler en on. Moi je suis journaliste radio. La voix a une force." continue M. Graziani #Baupin
"il nous manquait un élément important : Denis Baupin. Nous avons tenté de le contacter par sms, par mail. Il nous a renvoyé vers ses conseils. Nous publions l'enquête le 9 mai". #Baupin
"Après la publication, nous avons réalisé que la société française avait entendu leur cri. Nous avons reçu de nouveaux témoignages et avons décidé de continuer l'enquête" #Baupin
Sur ces violences sexuelles racontées, M. Graziani explique "nous ne voulions pas les entendre mais nous DEVIONS les entendre" #Baupin
"nous avons sorti la nouvelle série de témoignages le 30 mai 2016. Puis un témoignage en septembre d'une ancienne patronne d'autolib". #Baupin
"nous avons essayé de protéger au maximum celles qui ne voulaient pas parler, nous savions pourquoi elles ne voulaient pas parler" #Baupin
Un juge demande pourquoi dans les articles publiés en mai, il a été ajouté 2 articles du code pénal définissant l'agression sexuelle et le harcèlement sexuel. M. Graziani répond que c'est pour permettre aux lecteurs d'avoir une base auquel se référer. #Baupin
Me Pierrat pose ses questions. Il brandit des articles papier devant M. Graziani "c'est de qui ça ?".
M. Graziani répond "c'est une charte graphique. je ne suis pas l'auteur. je ne sais pas qui est l'auteur". #Baupin
Encore une fois, le Président rappelle à l'ordre Me Pierrat "laissez parler le prévenu et posez des questions, seulement des questions". #Baupin
"nous avons pensé qu'il n'était pas opportun d'appeler Emmanuelle Cosse pour lui dire "bonjour il est possible que le père de votre enfant est un agresseur sexuel" déclare M. Graziani pour expliquer pourquoi ils n'ont pas contacté tout l'entourage de M. Baupin. #Baupin
Me Pierrat répond "oh vous savez elle était à Acte-Up, elle a déjà vu en voir des vertes et des pas mûres.." #Baupin
Me Pierrat demande à M. Graziani le déroulé précis de son arrivée au studio lorsqu'il est diffusé l'enquête à la radio "vous avez diffusé l'affaire toute la matinée..".
M. Graziani répond "non, dans le journal de 7h15 et celui de 8h. Je ne suis pas seul à décider". #Baupin
Me Pierrat pose des questions sur des sms... Beaucoup de tensions, les conseils et le président crient. Il est demandé à Me Pierrat si c'est lui qui a décidé de reverser ces sms au dossier alors qu'ils n'y étaient pas : "bien sûr". La défense crie à la manipulation. #Baupin
Tous les conseils de la défense sont debouts, l'un dit "c'est une déloyauté. Me Pierrat pose des questions à mon client sur des sms qu'il a ajouté au dossier à 13h pour une audience à 13h30, sans en avertir la défense". #Baupin
Il est demandé par la défense que ne soit pas posé de questions sur ces sms jamais transmis au dossier jusque-là. Ils ne figurent pas dans le dossier presse, pas même en annexe. #Baupin
Un avocat de la défense n'est pas contre le fait que ces sms soient écartés du débat mais que celui-ci soit loyal. "en lisant maintenant les sms, je me rends compte en plus qu'ils pourraient être utiles à notre défense." #Baupin
Une avocate annonce qu'elle n'a même pas reçu le mail de 13h01 avec ces sms versés au débat. "je n'ai tout simplement pas le mail".
Une autre regrette que des pièces soient versées au débat au compte-goutte pendant l'audience et non avant. #Baupin
Une autre avocate de la défense n'a pas reçu le mail. Encore une autre. (les femmes avocates seraient-elles exclues par Me Pierrat des nouvelles pièces versées au débat ?) #Baupin
Ah non, des hommes aussi n'en ont pas reçu. En fait, presque aucun avocat de la défense n'a été prévenu des nouvelles pièces versées au débat. Pratique. #Baupin
"si le prévenu estime qu'il n'a pas à répondre à des questions sur des pièces versées au débat aussi tard, il peut ne pas répondre et manifester son droit au silence à tout moment" conclut le Président. M. Graziani revient à la barre. #Baupin
Me Pierrat mentionne une victime, une assistante parlementaire, qui aurait parlé sous couvert d'anonymat. M. Graziani invoque le secret des sources. "je refuse de donner le nom d'une personne qui a parlé en off et souhaite rester anonyme". #Baupin
Me Pierrat s'entête tout de même à lire tous les sms -les fameux versés au débat à 13h- qui seraient ceux de la victime ayant parlé en off et qui prouveraient une drague entre M. Baupin et cette femme. #Baupin
Me Pierrat dit "il y a drague des deux côtés. ce sont pourtant les sms envoyés par une supposée victime d'agression sexuelle !". M. Graziani refuse toujours de décliner l'identité de la victime. Son avocat dit que cette situation est inadmissible. #Baupin
Le président tente un énième rappel à l'ordre "ici ce n'est pas une démocratie, c'est moi qui décide, hein". Rires. #Baupin
L'avocat de Mme Mermet demande à M. Graziani si lors des interrogatoires pour l'enquête, il aurait senti une certaine animosité de la part des femmes, une volonté de nuire à M. Baupin.
M. Graziani répond "plutôt de la colère sur les faits puis du soulagement d'en parler" #Baupin
Audience suspendue, reprise à 17h.
L'audience reprend. Les interrogatoires prévus normalement hier. Les interrogatoires de la journée des prevenu.es poursuivi.es pour "auteur de propos" commencent seulement.
Laurence Mermet est à la barre. #Baupin
Dans l'enquête de Mediapart, il est question d'une "caresse sur la nuque", Mme Mermet confirme.
Elle raconte qu'elle est dans sa cuisine lorsqu'elle entend parler de l'affaire à la télé "un couvercle s'est réouvert sur une partie de ma vie que j'avais enfouie". #Baupin
"j'étais attachée de presse, j'étais connue des journalistes pour cette fonction. Je connaissais peu les journalistes politiques. J'ai appris à les connaitre. Je contacte les journalistes de Mediapart. Je remercie Mediapart d'exister" dit Mme Mermet doucement. #Baupin
"un geste déplacé, c'est un geste qui n'a pas sa place, qui n'a pas lieu d'être. Une caresse. Sur la nuque. Cette partie qui fait que je me tiens droite, qui est à la naissance de ma tête. On dit que je cérébralise tout". #Baupin
Mme Mermet parle de son travail dans le monde politique. "j'avais ce que beaucoup de femmes connaissent : le syndrome de l'imposteur. Par ailleurs, je n'ai jamais mélangé les affaires de coeur et les affaires professionnelles". #Baupin
Pendant une réunion politique, M. Baupin s'installe à côté d'elle. Il lui caresse la nuque. "alors ce n'est pas la poitrine, ce n'est pas une zone particulièrement sexuelle mais c'est une partie très intime pour moi. Je me suis raidie". #Baupin
"c'était une caresse très douce. Mais une douceur peut se révéler d'une grande violence. C'est comme ça que je l'ai vécu" continue Mme Mermet. Frisson. #Baupin
"j'ai le sens de la hiérarchie. J'ai toujours vu M. Baupin comme mon supérieur hiérarchique. Ce geste m'a fait comprendre que je n'avais pas ma place dans la politique. Ce n'était pas un ami. Je le respectais. On se tutoyait comme tout le monde dans le parti". #Baupin
Me Pierrat commence ses questions "Mme Voynet viendra témoigner jeudi pour la partie civile. Quels sont vos liens avec elle ?"
Mme Mermet, spontanément : "nous sommes amies facebook." Rires. #Baupin
L'avocat de Mme Mermet lui demande si elle avait la moindre animosité envers M. Baupin.
"non". #Baupin
Me Tordjman demande si les témoignages des femmes dans Mediapart publiés le 9 mai l'ont encouragé à parler. "ah oui oui. Je n'étais plus seule. J'ai ressenti le besoin de les soutenir dans un élan de sororité". #Baupin
Me Tordjman demande doucement "est-ce que vous pensez possible sur un sujet aussi grave.. de mentir ?"
Mme Mermet "j'ai un rapport à la vérité en ce qui concerne la sexualité qui est compliqué. Celui d'une personne qui se trimballe ses blessures, j'ai été construite comme ça".
"Peut-être que des femmes ont besoin de mentir quand elles ont un rapport maladif à la sexualité. Moi j'ai un rapport blessé. Je n'ai pas besoin de mentir".
Fin des questions pour Mme Mermet. #Baupin
Sandrine Rousseau est appelée à la barre. Le président lit les faits rapportés dans Mediapart, faits remontant à 2011.
Elle confirme que les propos correspondent à ce qu'elle a déclaré aux journalistes. #Baupin
Mme Rousseau raconte son arrivée à EELV. "c'était surréaliste pour moi. Je me retrouvais à négocier avec le Parti socialiste sur des sujets aussi importants que la sortie du nucléaire". #Baupin
"Il faut savoir que lorsqu'on esr une femme qui arrive en politique, ici à EELV, on se fait beaucoup draguer. J'ai été beaucoup draguée, je les repoussais. Aucun n'a vu d'ouverture. Enfin sauf M. Baupin visiblement" #Baupin
Elle raconte l'agression dans les toilettes. "j'ai tout de suite vu à son regard qu'il était différent. Il m'a plaquée contre le mur, m'a embrassée et a attrapé ma poitrine. C'était très furtif." #Baupin
Le déclencheur a été ensuite la photo de Denis Baupin le 8 mars avec du rouge à lèvres pour la journée de droits des femmes. "il se trouve que le 8 mars, c'est aussi mon anniversaire. Je trouvais que c'était un cadeau bien bizarre, comme s'il m'avait arraché ce rouge des lèvres".
"j'ai mis ma vie entre les mains des journalistes. À partir de là, ma vie a été complètement renversée" dit Mme Rousseau, la voix tremblante.
"que voulez-vous dire ?" demande le président.
"j'ai quitté la politique". #Baupin
"#metoo n'était pas encore passé. A ce moment-là, la seule femme à avoir pris la parole sur des violences sexuelles en politique, c'est Tristane Banon et elle en a pris plein la tronche" continue Mme Rousseau. #Baupin
Me Pierrat lance "donc vous dites avoir été victime d'une agression sexuelle. Pourtant vous continuez de parler de travail avec votre agresseur. Amicalement aussi. Vous mettez des smileys dans certains messages" #Baupin
"J'ai envoyé un smiley à mon avocat aussi. Un smiley n'est pas une déclaration d'amour" répond Mme Rousseau. #Baupin
Me Pierrat demande pourquoi elle n'a pas porté plainte.
"il y a quelque chose que vous n'avez pas cité, ce sont les sms envoyés juste après l'agression qui répondent en partie à la question. J'étais une femme à un poste avec un fort syndrome de l'imposteur". #Baupin
"J'en ai parlé dans le parti. Je voulais déjà régler ça en interne, pour préserver le parti et me préserver moi" continue Mme Rousseau #Baupin
"Je pense que les femmes sont légitimes en politique et qu'aucune femme ne devrait être agressée sexuellement" déclare Mme Rousseau. Applaudissements dans la salle, les policiers rappellent à l'ordre. #Baupin
Me Pierrat parle d'un livre "Petit manuel de survie des femmes en politique" dont Mme Rousseau a participé à l'écriture avec d'autres autrices. #Baupin
L'avocat de Mme Rousseau demande si l'affaire Baupin a joué un rôle dans son divorce.
Elle se met à pleurer.
Elle explique que juste avant la sortie de l'affaire, son mari lui a dit "tu sais, c'est en partie à cause de lui qu'on en est là". #Baupin
"cette phrase me hante depuis" dit-elle. "je n'avais pas réalisé l'impact qu'avait eu cette agression sur ma vie. et ça me rend dingue que mon mariage avec cet homme avec qui j'ai eu 3 enfants a été réduit à cause d'un connard" finit Mme Rousseau. #Baupin
Beaucoup d'émotions dans la salle. Beaucoup de larmes.
Je m'excuse pour la lenteur du live-tweet, l'émotion m'empêche de continuer à un rythme régulier. #Baupin
Elen Debost est appelée à la barre.
Pour recontextualiser, elle explique ce qu'elle a vécu avant de rencontrer M. Baupin.
Elle raconte avoir vécu des violences conjugales dans une relation toxique. Un viol conjugal. #Baupin
Cet homme a aussi été violent envers sa fille lorsqu'elle avait 27 mois. Elle raconte avoir pris son enfant, un biberon, un carnet de santé et être partie une nuit à 4h.
"j'ai découvert ensuite le continuum des violences". #Baupin
Elle a porté plainte contre cet homme pour les violences sur sa fille. Elle n'a pas osé porter plainte pour les violences qu'elle avait vécues.
Elle explique que ce parcours de violence explique pourquoi elle n'a pas porté plainte suite au harcèlement de M. Baupin. #Baupin
Elle n'a plus le téléphone qu'elle avait à l'époque du harcèlement. Elle a montré certains messages à l'époque à des membres du parti, on lui a dit que "c'était déjà arrivé, mais je ne sais pas à qui et combien de fois". #Baupin
Sur le harcèlement de la part de M. Baupin, Mme Debost déclare "la violence des hommes, je la connais. Il y a un bouton qui s'est allumé en moi et qui m'a dit : fais attention, tu es en danger" #Baupin
Mme Debost rappelle que "la cour n'a pas classé sans suite l'affaire Baupin parce que les faits de violences sexuelles étaient faux, mais parce qu'ils étaient prescrits". #Baupin
Pour elle aussi, la photo du 8 mars montrant M. Baupin avec du rouge à lèvres a été un déclencheur. "je suis allée vomir. j'ai écrit un post facebook où je dis que c'est du foutage de gueule". #Baupin
Le président lui demande de conclure. Mme Debost parle alors de sa prise de contact avec Cyril Graziani. "J'ai appelé Sandrine Rousseau juste après. Je lui ai raconté. Elle m'a dit "ok je parle" et elle me raconte". #Baupin
"oui j'ai accepté de participer à cette enquête. Et on ne le fait pas pour humilier un homme, on le fait pour que ça s'arrête. Pour que l'omerta cesse". #Baupin
"Cet homme a brisé les vies de femmes qui auraient pu avoir une carrière politique dans l'écologie, dans le féminisme" dit Mme Debost, la voix tremblante. #Baupin
Me Pierrat pose des questions. Il mentionne son portable de l'époque, absent aujourd'hui.
Mme Debost répond "je ne l'ai pas cassé. Je ne l'ai pas caché. Je me le suis fait voler, on me l'a arraché". #Baupin
Sur les sms, Mme Debost s'adresse à Me Pierrat :
"Vous semblez avoir du mal à comprendre comment on peut réagir face au harcèlement sexuel.
On répond pas en logique mais pour se protéger, pour mettre en distance." #Baupin
"Quand on dit non une fois, quand on dit non deux fois et que vous continuez, ça s'appelle du harcèlement M. Pierrat. Vous devriez apprendre la définition, ça nous aiderait beaucoup" déclare Mme Debost. #Baupin
Me Pierrat s'obstine à lire tous les sms malgré le refus de Mme Debost de répondre sur les détails de ses sms. Le président lui demande d'arrêter la lecture mais il continue.
#Baupin
Me Tordjman s'énerve : "on est ici pour des propos déclarés dans des articles ! ces sms ne figurent pas dans l'enquête de Mediapart et France Inter. On va refaire toute l'enquête préliminaire là !"
Le président le rappelle à l'ordre. #Baupin
sur un sms où elle dit à M. Baupin qu'il devrait arrêter de lui envoyer des messages car il a "une lionne à la maison" (pour désigner Emmanuelle Cosse). #Baupin
Mme Debost déclare "Mme Cosse est une femme que je respecte et même que je crains un peu. Je ne comprenais pas qu'il s'en prenne à des jeunes femmes du parti quand il avait une telle femme à ses côtés". #Baupin
Son avocate continue sur les messages.
Mme Debost répond : "mes messages sont un moyen de dire non, je ne suis pas intéressée, je respecte ta compagne. Quand je disais stop, il ne s'arrêtait pas. Mais peut-être que je ne sais pas m'exprimer. Pour moi c'est clair". #Baupin
À noter que M. Baupin se décrit lui-même dans les messages comme "un grand timide". Ah. #Baupin
Mme Debost a la voix qui tremble : "j'ai fondu en larmes dans le cabinet de Monsieur Lhomme en relisant les messages et en revoyant le nombre de refus que je lui ai opposé". #Baupin
Isabelle Attard passe à son tour à la barre.
Elle raconte son parcours avant les faits, sa vie en Suède : "ces années m'ont beaucoup marquées. C'est un pays qui fait beaucoup pour la lutte pour l'égalité. Je n'ai jamais été ni harcelée ni agressée". #Baupin
Lors d'un déjeuner politique avec Edwy Plenel et un autre journaliste de Mediapart, Matthieu Magnaudeix, Mme Attard mentionne les propos salaces de M. Baupin. "Edwy Plenel saisit la balle en bond". #Baupin
Elle parle aussi de la photo du 8 mars. "c'est une insulte à toutes les femmes que de se permettre de s'afficher comme soutien des femmes publiquement quand on est un agresseur derrière". #Baupin
"finalement, merci à Baupin de nous avoir permis de dénoncer sans honte et sans artifice les violences que vivent les femmes" conclut Mme Attard.
#Baupin
Le président demande si M. Baupin a finalement envoyé des messages de menace, après qu'on ait dit à Mme Attard, au moment de l'affaire, d'être "vigilante". Elle répond que non. #Baupin
Me Pierrat revient sur les échanges de sms. Mme Attard relit alors les sms de M. Baupin à voix haute.
"plus belle femme de l'hémicycle !" "femme formidable" "t'es un amour" etc.
Me Pierrat "et ça c'est du harcèlement sexuel ?" #Baupin
Mme Attard : "ça me gêne", Me Pierrat la coupe "je ne vous demande pas ce que vous en pensez, je demande si c'est du harcèlement". Elle répond "personnellement je n'envoie paq ce genre de message à mes collègues". #Baupin
L'avocate de Mme Attard lit des sms reçus par sa cliente de la part de Denis Baupin. Le dernier : "je t'envoie une nuée de petits bisous qui te caresse le cou et te mordille la nuque". #GrandTimide #Baupin
Annie Lahmer est appelée à son tour à la barre.
"M. Baupin m'a harcelée. Il a essayé de m'agresser. Il ne nie pas les faits mais m'attaque juste sur une phrase." #Baupin
Elle explique avoir quitté le parti Les Verts en 2008, lorsque M. Baupin était tête de liste. "c'était insupportable". #Baupin
Elle raconte une scène où Denis Baupin lui court après autour d'un bureau et regrette de l'avoir raconté de cette façon. "c'est vrai que ça peut presque paraitre rigolo, ça peut faire penser à un film muet dit comme ça.." #Baupin
Geneviève Zdrojewski est appelée à la barre. Elle était cheffe du bureau du cabinet de la ministre Dominique Voynet, elle est aujourd'hui à la retraite. #Baupin
Elle est poursuivie pour avoir déclaré dans les médias avoir été agressée sexuellement par M. Baupin lorsqu'elle travaillait auprès de Mme Voynet. Elle est la seule des 6 prévenues pour "auteur de propos" à ne pas être à EELV ou dans un autre parti. #Baupin
Elle déclare avoir été agressée par deux fois au cabinet de Mme Voynet. Une première fois dans son bureau et une seconde fois dans les toilettes du cabinet, face à son bureau. "j'en tremble encore" confie-t-elle. #Baupin
Son avocat Me Lebras dit que Mme Voynet qualifie M. Baupin de "dragueur invétéré".
"avec moi, il n'y a pas eu de drague. c'était plutôt comme une pulsion." répond Mme Zdrojewski. #Baupin
Elle finit "je ne voulais pas en parler mais pour ma fille, pour toutes les femmes, il le fallait. Je suis fière aujourd'hui de le faire". #Baupin
Frédric Toutain arrive à la barre. Il travaillait auprès d'Isabelle Attard, il explique avoir pris sa carte en 2011 à EELV "par sympathie". #Baupin

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8 Feb 19
Quatrième et dernier jour dernier jour d'audience pour l'affaire #Baupin
Les prévenu.e.s défilent à la barre pour décliner leurs revenus et leur casier judiciaire #Baupin
L'audience est suspendue quelques minutes pour vérifier des éléments dans la procédure #Baupin
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4 Feb 19
Arrivée dans la salle d'audience 4.22.
Le président de l'audience a revu le planning de la semaine et la liste des témoins. Mme Massonneau ne viendra finalement pas pour témoigner pour la partie civile. #AffaireBaupin
L'avocat de la défense Me Conte regrette de faire un procès sans partie civile. Il reproche à M. Baupin son absence. #AffaireBaupin
"Nous n'avons aucune possibilité d'interroger la partie civile". Me Conte veut faire une demande de complément d'informations.
"est-ce qu'un procès pareil est conforme aux dispositions ? est-ce un procès équitable ou bancale ?" #Baupin
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3 Feb 19
Demain s'ouvrira au TGI de Paris un procès avec Denis Baupin au cœur du dossier. Il ne s'agit pas du procès de l'ex-député écologiste suite aux accusations de harcèlement et agressions sexuelles, mais du procès de ses plaignantes et de 2 médias ayant enquêté dessus.
12 personnes vont être jugées à partir de demain et jusqu'à vendredi, suite à la plainte contre X déposée par Denis Baupin. Ces prévenu.e.s sont 6 femmes ayant témoigné publiquement de violences sexuelles vécues (et dont l'auteur serait D. Baupin) -
2 hommes politiques ayant confirmé les récits des plaignantes et les 2 journalistes (Mediapart et France Inter) à l'origine de l'enquête ainsi que leurs directeurs de publication.
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