Petit point sur les déchets nucléaires car je n'arrête pas de lire des bêtises à ce sujet. Non, ils ne représentent pas un danger pour la planète (contrairement au CO2, qui est l'un des déchets du charbon, du pétrole et du gaz naturel). Explications.
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Fin 2016, il y avait 3250 m3 de déchets de haute activité (HA) issus de l'industrie électronucléaire en France.[1] C'est moins que le volume d'une piscine olympique (3750 m3), pour 50 ans de production d'#électricité...
Ces déchets ont été retraités à l'usine @Oranogroup de la Hague pour en retirer le plutonium (Pu), 1er contributeur à la radiotoxicité de long-terme des combustibles usagés, puis vitrifiés dans des conteneurs en inox comme celui en photo.
Sans Pu (qui sert à refaire du combustible), l'activité de ces verres retombe au niveau de celle du minerai naturel d'uranium au bout de 10 000 ans (et pas 100 000 ans, ce qui serait le cas si on arrêtait le retraitement, comme le demande @greenpeacefr...).
Certes, 10 000 ans ça reste beaucoup. Cela dit les verres sont très stables dans le temps (voir la photo du bracelet* ci-dessous, retrouvé dans la Marne et qui a 2500 ans).
Dans 10 000 ans, les verres de déchets stockés à 500 m de profondeur dans une couche d'argile étanche et géologiquement stable n'auront ni bougé ni été altérés.
Photo : schéma du projet de stockage CIGEO de l'@Andra_France
En outre, les colis vitrifiés dans des conteneurs en inox seront stockés dans un suremballage en acier noir (oui, c'est vraiment bien emballé ; contrairement à ce qu'aiment faire croire certaines ONG, les déchets nucléaires sont gérés sérieusement).
Revenons sur la "durée de vie" des déchets issus du combustible usé (autrement dit, la durée nécessaire pour qu'ils retrouvent l'activité du minerai naturel d'uranium). Elle dépend de la stratégie de gestion des combustibles. Voir le graphique ci-dessous.
La courbe bleue correspond à la stratégie sans retraitement, dans laquelle on stocke directement le combustible usagé, non vitrifié donc bien moins stable dans le temps, sans retirer le plutonium pour refaire du combustible.
La courbe rouge correspond à la stratégie française. On retraite le combustible usagé pour retirer le plutonium et l'uranium (qui représentent 96% de la masse et servent à refaire du combustible) et on vitrifie le reste dans des conteneurs en inox (voir photo plus haut).
La courbe noire intitulée "Fission products" correspond à un retraitement poussé dans lequel on ôte les actinides mineurs en plus de l'uranium et du plutonium. Cette stratégie suppose de disposer de réacteurs à neutrons rapides pour pouvoir consommer ces actinides mineurs.
C'est faisable, et on a failli le faire. La France a en effet exploité des réacteurs expérimentaux (Phénix et Superphénix notamment) mais cette voie a été abandonnée par Jospin qui a fait fermer le réacteur Superphénix en 1997 pour s'assurer le soutien des Verts...
EDF n'a pas encore perdu l'appel d'offre. Le gouvernement tchèque a annoncé hier entrer en négociations exclusives avec KHNP mais aucun contrat n'a encore été signé, ceux-ci devant l'être en mars 2025 (pour une livraison prévue en 2038).
2/10
Quelle différence vous demanderez-vous : EDF semble bien avoir perdu si le gouvernement tchèque négocie exclusivement avec KHNP ?
En effet, même si la décarbonation de la mobilité devra passer par une réduction de la part de la #voiture dans l'offre totale de #mobilité (et par l'allègement des véhicules), il restera des voitures dans 30 ou 50 ans.
2/10
Celles-ci devront être électrifiées pour se passer du #pétrole. C'est un impératif, à la fois en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de préservation du service de mobilité face aux risques de choc futurs sur l'offre de pétrole.
Ce n'est pas ce que dit RTE dans son étude Futurs énergétiques 2050, qui montre que les scénarios de décarbonation avec nucléaire coûtent moins cher que ceux sans nucléaire, du fait des coûts de flexibilité et de réseau.
On pourrait ajouter que les scénarios sans nucléaire sont également plus risqués car ils tablent sur des trajectoires extrêmement ambitieuses de déploiement des EnR, avec un fort développement en parallèle de centrales à gaz (entre 20 et 30 GW).
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(en violet ci-dessous)
Centrales à gaz qui devraient fonctionner en 2050 avec de faibles facteurs de charge, uniquement avec des gaz bas carbone (biogaz, H2), ce que RTE qualifie de "pari technologique lourd" (en faisant référence au stockage de H2 à grande échelle).
En 2019 et 2020, les importations d'uranium naturel de la France ont été plus que compensées par les exportations d'uranium enrichi. Le bilan net se chiffrant à quelques dizaines à quelques centaines de millions d'euros.
3/9
Tout d'abord, l'Allemagne qui fait pression sur l'Afrique du sud pour qu'elle abandonne le #charbon, c'est un peu comme si ExxonMobil faisait pression sur Shell pour qu'elle abandonne le #pétrole.
2/18
Certes, la place du charbon et le soutien des autorités sud-africaines au charbon en Afrique du sud sont très problématiques vis-à-vis du réchauffement climatique.
Mais s'il y a bien un pays qui n'a rien à dire, c'est l'Allemagne.
Tout d'abord, atteindre la neutralité carbone suppose un effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre à la fois significatif et parallèle à tous les secteurs. Autrement dit, aucun secteur ne peut s'affranchir d'efforts.
2/16
En 2019, le secteur aérien français a émis 23,4 millions de tonnes de CO2, soit 6,4% des émissions nationales, et ces émissions sont croissantes (+2,6% en 2019 par rapport à 2018 et +24,6% entre 2000 et 2019).