[THREAD] Parce qu'il faut le dire et le redire: les photojournalistes sont en danger. Soulignons le remarquable rapport de la photographe et sociologue Irene Jonas pour la SAIF "Crise du photojournalisme et santé des photographes" #mapassion#masouffrance saif.fr/site/assets/fi…
Préface—
Quelques semaines après avoir réalisé un entretien avec une photojournaliste, j’ai reçu sur ma boîte mail ce texte écrit par elle. En guise de préface, je lui laisserai donc la parole car ses mots, mieux que les miens, exprimeront ce que ressentent beaucoup d’entre eux.
«Une furieuse envie de disparaître. Une crypto quelque chose qui congèle, quelques semaines, le temps que les choses se tassent. Le temps que la douleur se calme.
Je veux bien passer par dessus, aller de l’avant, bouger, faire des activités,
me changer les idées mais j’ai des vertiges, parfois ma respiration se bloque, à la chorale j’ai des larmes qui coulent. Ça change les idées. Je me pensais nulle, je me constate pathétique.
Repenser mon métier de photographe, rebondir. L’appareil photo me brule, son poids m’arrache la nuque. Je veux bien me battre, ne pas les laisser gagner mais je ne suis pas équipée pour faire face à leur stratégie. Une forme de management moderne.
Arracher le cœur des gens avec le stylo bille
en or pour bien gratter le fond de leur estomac.
Message clair: RIEN. Tu pensais mettre de l’âme dans ton travail, te donner à fond, bon esprit d’équipe, toujours partante.
Et bien voilà, la preuve en est, je ne faisais que m’agiter, faire tourner de l’air car rien, rien je ne représente rien d’autre qu’une économie dans un tableau Excel. Je pensais que mes images comptaient. Que mes photos pouvaient dire. Rien je vous dis rien.
Quelqu’un d’autre, moins payé, va appuyer sur le bouton et peu importe la photo, ça fera toujours plus l’affaire que d’avoir à payer. Rien, aucune valeur. Rien. Vingt ans d’ancienneté. Rien. Des couvertures qui font les meilleures
ventes annuelles. Rien.
Je ne vaux même pas un licenciement. Rien. Où alors un agacement sous forme de convocation prud’homale. Un ou deux collègues qui mollement protestent mais pas au point de perdre leur avantage. Rien. Rien. Rien.
Et je dois repartir, passer à autre chose, avoir des projets. Refaire confiance, m’investir dans un reportage. Croquer dans la vie. J’ai les dents arrachées et les gencives brulées par l’amertume.
Devenir un coyote pourrait me faire envie, hurler à fendre l’arme, leur sauter à la gorge, arracher leur sourire satisfait à pleine gueule, les crocs plongés dans leurs yeux de rapace et trainer le cadavre de leurs ambitions. Mais rien, je ne ferai rien. Je suis annulée »
Vous êtes touché.e.s par ces mots. Vous avez déjà été ému.e par une photo. Lisez.
La profession est toujours sous le choc. Des journalistes ont été délibérément pris pour cible, certains blessés avec plusieurs jours d’ITT, par des policiers de la Brav-M, le 8 juillet place de la République à Paris, alors qu’ils couvraient... (1)
pour leurs médias le rassemblement en mémoire d’Adama Traoré, interdit par la préfecture de police de Paris quelques jours plus tôt.
Sur des images très nettes et sans équivoque, on voit la police s’en prendre délibérément aux journalistes. (2)
Ce cas n’est pas anecdotique. Ces derniers mois, quand ils couvraient les manifestations contre la réforme des retraites ou les émeutes, de nombreux journalistes ont été empêchés de travailler par des forces de l’ordre déployées sur le terrain. (3)
Schéma national de maintien de l’ordre : la CGT et le SNJ-CGT en appellent au Conseil d'Etat snjcgt.fr/2020/10/05/sch… communiqué de @lacgtcommunique et le @SnjCgt, syndicat national des journalistes de la CGT
Lancé il y a bientôt deux ans par le journaliste et documentariste @davduf, le site #AllôPlaceBeauvau répertorie 961 signalements de #ViolencesPolicieres, principalement dans les manifestations.
On note ainsi 4 morts, 344 blessures à la tête, 81 aux membres supérieurs, 29 éborgnés et 5 mains arrachées. S'y ajoute la criminalisation des militants par une lourde répression judiciaire, comme le confirme le récent rapport d’@amnestyfrance: "Arrêté-e-s pour avoir manifesté".
2 salarié-e-s de la société de production @PLTVfilms qui œuvre par exemple pour #CashInvestigation sur @Francetele, ont été grièvement blessé.e.s par un agresseur ce 25/09 à Paris devant les locaux où, il y a plus de 5ans, 2 terroristes ont massacré la rédaction de CharlieHebdo
@SNJ_national, le SNJ-CGT et la @USJCFDT apportent tout leur soutien aux deux victimes de @PLTVfilms et à leurs proches, parents et collègues. Cette attaque ignoble sur les anciens locaux de Charlie Hebdo est un nouveau traumatisme pour l’ensemble de notre profession.
[ATTENTION PIGISTES] Nous avons reçu plusieurs signalements concernant une application confuse ou irrégulière du décret du 16/04 concernant l'activité partielle pour les JOURNALISTES PROFESSIONNEL.LE.S rémunéré.e.s à la pige. Ceci n'est pas tolérable #respect#droits cc @pigist
Nous lançons donc un appel aux journalistes pigistes, notamment celles et ceux travaillant pour la presse spécialisée et la presse professionnelle (@F_N_P_S), à nous signaler toute difficulté avec les entreprises, absence de réponse des services RH, etc. cc @raslaplume
Notre réaction à l'annonce du @gouvernementFR sur un « plan de soutien à la filière presse », doté de 377 millions d’euros, qui s’étale jusqu’en 2022, en plus des précédentes « mesures d’urgence » pour l’année 2020, chiffrées à 106 millions d’euros.
Cette manne ira-t-elle, comme la majorité des actuelles aides à la presse, à la poignée de milliardaires, de grands groupes et de banques qui détient la majorité des titres de presse ? Bernard Arnault, Xavier Niel, la famille Dassault, le Crédit Mutuel
« Khaled Drareni a été condamné à trois ans de prison ferme par le tribunal de Sidi M’hamed. Son crime : exercer son métier de journaliste dans le respect des règles de la déontologie, notamment dans sa couverture continue du Hirak depuis le 22 février 2019. » @khaleddrareni
La pétition lancée le 11 août par des journalistes algériens pour réclamer la libération de leur confrère approche déjà les 6 000 signatures, dont celle du SNJ-CGT.
Cc @LeilaBeratto