Thread by @LarrereMathilde

26-28 avril 1789
Émeute réveillon à Paris
Faubourg Saint Antoine

encore une histoire à dérouler pour occuper le confinement!

1)En avril 1789, le faubourg Saint-Antoine, faubourg ouvrier, bruisse d’inquiétude et de colère.
Le petit peuple, ouvriers compagnons, vendeuses de rues, a faim.
La soudure est difficile après les mauvaises récoltes de 1788 et l’hiver rigoureux qui suivit.
Le pain est cher

2)
Le petit peuple parisien est aussi mécontent d’avoir été écarté du processus de désignation des délégués aux Etats généraux
Une loi spéciale pour Paris a en effet posé des barrières censitaires à la différence du reste du royaume

3)Or le bruit court que Réveillon, patron d’une florissante manufacture de papiers-peints, a évoqué dans une assemblée une baisse des salaires, immédiatement soutenu par Henriot, un fabricant de salpêtre du même faubourg.
La goutte d’eau.
Le vase.
boum!

4)Dans la nuit du 26 au 27 avril, une forte manifestation remonte du quartier Saint Marcel vers la Seine et la place de Grève (actuelle place de l'Hôtel de ville)

5). Aux cris classiques des émeutes frumentaires, « Morts aux accapareurs ! Pain à deux sous », se mêlent la colère anticléricale – « À l’eau les foutus prêtres » – et un nouveau slogan, polyvoque, politique, passé des Lumières au peuple : « Liberté ! »

6)Des effigies de Reveillon et du fabriquant de Salpètre Henriot, sont promené et brulées place de Grève

7)Le 27 avril, la demeure d’Henriot est pillée

8)Le 28 avril, , c'est au tour de la folie Titon, demeure de Reveillon, sis dans le faubourg saint antoine d'être pillée et détruite.
Une résidence luxueuse, au cœur d’un faubourg ouvrier

9)La description de ce pillage est magnifiquement décrit dans le 14 juillet d’Eric Vuillard (un livre qui est vraiment à lire!!!!)

10)le roi envoie les Gardes françaises, des gendarmes à cheval et des cavaliers du Royal Cravates qui tirent à balles réelles

11)La répression est extrêmement dure : 300 morts enfouis dans les catacombes pour cacher l’hécatombe, plus de 1000 blessés.

12)La foule qui détruit la Folie Titon est une classe ouvrière qui ne se pense pas comme telle, n’est pas ainsi nommée, mais n’en commence pas moins à partager des revendicat° communes, invitant la question salariale aux cotés des cris frumentaires propres aux classes populaires.

13)car fait notable : on ne compte pas d’ouvriers de Réveillon parmi ces victimes identifiées de la répression, signe que le prétexte spécifique de l’émeute trouva un écho autrement large dans le peuple parisien

14)C’est bien le mouvement ouvrier qui commence à poindre.

15)On peut donc considérer cette journée comme la première journée révolutionnaire

16)
Rue de Montreuil, dans le 12e, un plaque situe l’ancienne manufacture

cet événement majeur est fort bien présentée dans l'excellente BD de Grouazel et Locard