Thread by @GaetanHeymes

En météo, la prévision des phénomènes remarquables s’effectue souvent par analogie avec des événements passés.
Quelques tweets pour comparer la situation actuelle avec celle à la même date en 2015 : des similitudes mais beaucoup de petites différences également !
#thread ⬇️

Le fort événement précipitant dans les #Alpes du Nord est terminé. La rivière atmosphérique baptisée #RhumExpresss par @cassouman40 se déstructure sous l’effet d’une dorsale anticyclonique
Animation eau précipitable dernières 24h @UWCIMSS

Il y a 5 ans également, du 30 avril au 3 mai, les Alpes du Nord connaissaient un fort événement précipitant, avec paroxysme le 1er mai
ledauphine.com/haute-savoie/2…

Dans les deux cas, la situation est pilotée par un courant d’ouest perturbé et durablement alimenté en air doux subtropical. A gauche situation le 1er mai 2015, à droite 2 mai 2020
wetterzentrale.de/de/reanalysis.…

Sur ces deux réanalyses, j’ai grossièrement positionné le front chaud, objet météo qui pilote l'activité pluvieuse. Position plus septentrionale en 2015.
Ce qui se traduit par de l’air un peu plus chaud en altitude, et donc une limite pluie-neige plus élevée en 2015

La durée diffère de l’événement diffère également : près de 4 jours en 2015, 3 jours en 2020.
Il est logique donc de retrouver des conséquences bien différentes sur le terrain, à commencer par les cumuls de précipitations.

Axe de forts cumuls plus au nord en 2015 qu'en 2020, suivant la position du front chaud.
En 2015 (gauche), cumuls sur 4 j approchant 300 mm en #HauteSavoie, dont 140 le 1er mai.
En 2020, maximum local deux fois moindre et plus au sud, 150 mm en #Isère, dont 70 le 1er mai.

La position du front chaud, au nord des Alpes en 2015, a eu pour conséquence une limite pluie-neige restant en haute altitude, en moyenne 2500m
En 2020, l’ondulation du front chaud directement sur les Alpes a entraîné des fluctuations de cette limite, entre 1600 et 2400m.

Dans ces deux cas, l’#enneigement était déficitaire en altitude, ce qui a limité le facteur aggravant de fonte nivale, qui conditionne souvent l'ampleur de la réponse hydrologique des principaux cours d’eau.

Quant à la #sécheresse superficielle du sol avant l’événement, elle était bien plus forte cette année qu’en 2015.
Carte de décile d'indice humidité des sols les 28 avril 2015 et 2020.

A enneigement (déficitaire) équivalent, humidité des sols, limite pluie-neige et cumuls de précipitation inférieurs en 2020 par rapport à 2015, on a donc une réponse hydrologique beaucoup plus modeste en 2020 qu’en 2015

L’#Isère à #Grenoble draine un bassin versant de 5720km² dans les #Alpes du Nord.
En 2015, pic de #crue à 3m38, débit 966m3, durée de retour estimée 10 ans
En 2020, pic ce dimanche matin à 1m56, débit de 515 m³, durée de retour < 2 ans.
Données Banque Hydro & vigicrues

La localisation et la chronologie des plus fortes lames d’eau sur les sous-bassins joue un rôle important dans la dynamique d'une crue sur l'ensemble du bassin.
En 2015, fortes lames d’eau concentrées sur l’amont, notamment Val d’Arly
irma-grenoble.com/01actualite/01…

Ce précédent article avec une vigilance orange déclenchée après le pic de crue en 2015 illustre d’ailleurs la complexité de la prévision des crues sur ce cours d’eau, dépendante des (nombreux et interdépendants) paramètres évoqués ci-dessus...

Petite vidéo de l’impressionnante accumulation de neige à Val d’Isère, où tout semble être passé en neige dès 2300 m !
#Fin et bon dimanche !

https://twitter.com/i/status/1256832744061091840