Thread by @FlorenceDell

Je lis parfois des personnes disant que "certains #abattoirs ne respectent pas les règles, certes, mais que d'autres oui", et donc que la situation serait "acceptable". Sous-entendu, "il ne faudrait pas tout mettre dans le même panier".

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On peut en effet affirmer que "certains abattoirs ne respectent pas les règles".

On peut même aller plus loin, et affirmer :
▶️ 1) Qu'une large majorité des abattoirs ne respecte pas les règles.
▶️ 2) Que le problème n'est pas là.

Détaillons le point 1). En 2016, les résultats d'une synthèse des audits réalisés dans les abattoirs français tombent. Le constat est le suivant : en France, 80% des chaînes d’abattage sont non conformes.

agriculture.gouv.fr/abattoirs-la-s…

Les "non-conformités", dans ce contexte, ça signifie : des individus frappés, jetés par terre, égorgés conscients, certains qui se brisent les os en se débattant dans des dispositifs inadaptés, ou qui arrivent à l'abattage en se traînant sur des membres déjà brisés. Par exemple.

Ce descriptif n'est pas un appel à l'émotion, il est factuel. Il constitue une exposition de ce qui se passe continuellement dans ces établissements pour des millions d'individus.

On peut dire que dans les abattoirs, le non-respect de certaines règles est, en soi, une norme.

Détaillons maintenant le point 2). Si on se soucie de la souffrance éprouvée par ces individus, alors le problème, dans les abattoirs – et aussi paradoxal que ça puisse sembler – c'est à la fois le non-respect ET le respect des règles. Je m'explique.

Il est sain de le réaliser une bonne fois pour toute : la règle la mieux appliquée par les abattoirs ; celle pour laquelle il n'existe ni dérogation, ni oubli, ni assouplissement, ni aménagement, c'est qu'aucun animal ne doit en sortir vivant.

Les animaux résistent à la mort quand ils le peuvent. Mais les rares individus réussissant à s'échapper des camions ou des bâtiments sont, eux aussi, aussitôt poursuivis et tués. Quand la finalité est l'abattoir, il n'y a pas vraiment d'autre issue.

Non seulement ces situations sont des accidents, des anomalies dans le fonctionnement ordinaire des choses, mais le résultat est, quoi qu'il en soit, le même : la mise à mort.

Petite parenthèse. À ce stade, il peut être tentant de se dire que les abattoirs sont remplis de monstres sanguinaires et sadiques qui aiment tuer à la chaîne. Mais c'est plus compliqué. J'en parle dans une chronique sur @NonbiRadio : nonbi.fr/chroniques/c/0…

Pour conclure, voilà pourquoi il n'est pas pertinent d'accuser les personnes défendant les animaux de "faire des amalgames" : il n'y a aucun amalgame dans le fait de condamner un système à cause des nuisances qu'il induit, lorsque ces nuisances sont intrinsèques à ce système.

Je pense que tout le monde gagnerait à en discuter sereinement, même si je sais que pour les personnes tirant leurs revenus de l'exploitation et de la mise à mort des autres animaux, notamment, ça peut être coûteux. Mais il faut exposer le problème pour trouver des solutions.

Merci pour l'attention que vous aurez portée à ce sujet.