J’aimerais bien qu’on parle de la PRESSION DE LA NORME DANS L’AUTISME.
J’ai pas mal de patient.e.s qui se trouvent sur le spectre autistique. Pour celleux qui ne sont pas familier.e.s avec ça, on parle aujourd’hui de spectre parce que ça permet de mieux refléter les nuances et
J’ai pas mal de patient.e.s qui se trouvent sur le spectre autistique. Pour celleux qui ne sont pas familier.e.s avec ça, on parle aujourd’hui de spectre parce que ça permet de mieux refléter les nuances et
differences au sein même de l’autisme. L’autisme est caractérisé par des troubles de la sociabilisation (qui peuvent prendre bcp de formes ce n’est pas mon sujet du jour), des comportements répétitifs, des intérêts specifiques, etc. Je généralise à grands traits. Tout le monde a
des représentations un peu clichées de “l’autiste” : d’un côté l’enfant non verbal assis dans un coin qui se balance et est totalement opaque a l’extérieur, de l’autre celui qu’on appelait l’Asperger, surdoué surtout en sciences, avec des connaissances encyclopédiques et souvent
associé au génie. Eh bien sachez que ces clichés peuvent avoir un impact très normatif et dévalorisant sur les autistes. Petite précision : je fais partie des psy qui pensent (et constatent dans leur clinique) qu’il y a des spécificités de l’autisme au féminin. Cette notion fait
débat mais je pense que nous vivons dans un environnement qui exige des choses différentes de nous selon notre genre et que ces exigences ont un impact sur l’expression des pathologies qu’elles soient 100% psy ou neurobio. Ainsi les femmes autistes semblent souvent développer
une capacité + marquée à masquer leurs intérêts spécifiques, à contenir une partie de leur symptomatologie même si c’est très destructeur, voire à développer des intérêts spécifiques qui peuvent être raccords avec ce qu’on attend d’elles.Ça rend parfois le diagnostic + compliqué
Le déficit d’empathie est un exemple intéressant à ce titre car c’est une qualité qu’on presse les femmes de développer. Bref. Et ce que j’entends chez mes patientes autistes c’est qu’elles se comparent parfois à l’image du « bon » autiste. Elles me disent que leurs intérêts
spécifiques ne sont pas assez intelligents (grosso modo si ce n’est pas l’astrophysique mais animal crossing, elles se dénigrent comme étant bêtes), ou alors quand elles me parlent de l’image qu’elles ont de certains autistes qui ont des intérêts spécifiques axés sur la mobilité
(Comme la course à pied par exemple) et les comparent à elles qui « n’arrivent à rien faire de leur journée ». Même au sein de l’autisme, la pression de la productivité, la pression de la norme socialement valorisée fait des ravages. Même la reconnaissance handicap ne les libère
pas de ces comparaisons harassantes et destructrices. Essayez d’y penser quand vous dites à quelqu’un qu’iel n’est pas assez autiste ou pas autiste comme il faut parce que vous comparez avec un cadre de référence. Rappelez vous ce mot de spectre autistique qui englobe donc
une variété de formes et d’intensité. Et aux TSA qui passent ici, soyez doux avec vous-même et ce même si votre IS n’est pas valorisé, même s’il y a des journées où vous ne pouvez pas sortir de votre lit, même si votre IS est tellement admis qu’on le dit « pas assez autistique »
