Juste pour vous parler très rapidement de ce dont j’ai été témoin hier en me rendant sur « l’aire d’accueil des gens du voyage » de Saint-Menet équipement de la @AMPmetropole
On va parler maltraitance institutionnelle, atteinte à la dignité humaine et racisme d’Etat
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On va parler maltraitance institutionnelle, atteinte à la dignité humaine et racisme d’Etat
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Il faut déjà préciser qu’une ville comme Marseille c’est 240 km2 pour 860 000 habitant.e.s et que la ville ne possède qu’une seule aire réduisant sa capacité d’accueil à environs deux cents « gens du voyage », soit un seuil légal qui n’excède pas 0,02% de la population.
Il s'agit d'un des taux les plus bas de France. La Métropole a d’ailleurs été condamnée en 2019 pour non respect du schéma départemental d’accueil.
20minutes.fr/societe/261749…
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Mais elle aurait tout aussi bien pu être condamnée pour non respect de la dignité humaine. L’aire est une honte, aucun être-humain ne devrait y vivre, en fait aucun être vivants tout court ne devrait y vivre.
Sous la chaleur écrasante atteignant les 35 degrés, il s’agit d’un immense parking de goudron et de béton, jonché de déchets qui sont là depuis des années, aucun entretien des espaces verts, mauvaise gestion des déchets, les rats pullulent partout.
L’aire est située à 10 mètres d’une autoroute, elle jouxte un transformateur électrique, une déchetterie pour BTP, un site SEVESO seuil haut, les voies de TGV et un terrain de moto-cross dont le bruit continu est invivable.
Le vent soulève des nuages de déchets et de poussières qui s’infiltrent partout. Une journée sur l’aire a suffit pour que mes cheveux soient remplis de poussière, pour que ma peau soit crasseuse, que mes yeux brûlent et ma gorge soit en feu.
Une journée alors que certains habitant.e.s y sont parqués depuis des décennies. Rien n’est aux normes, la moitié des installations d’eau sont défectueuses, les branchements électriques sont plus que douteux.
Les douches comme les toilettes sont inutilisables, les fils à linge sont cassés, certains habitant.e.s se voient refuser l’accès à l’eau et l’électricité. Certains n’ont pas accès à la climatisation si précieuse dans les caravanes par ces chaleurs.
On promet aux habitant.e.s une rénovation depuis des années qui n’arrive pas. Plus grave, l’aire jouxte un site SEVESO seuil haut, il n’y a toujours aucun local de confinement d’urgence présent sur site et ouvert 24/24h en cas d’accident.
Et le cas Lubrizol ou celui de l’accident de la station d’épuration d’eaux lourdes de Saint-Germain-en-Laye, deux sites SEVESO où sont installés des aires d’accueil rappellent les risques encourus par les habitant.e.s.
Plusieurs habitant.e.s ont souligné la gentillesse des travailleurs sociaux qui interviennent sur site, mais ils sont tout aussi nombreux à s’être plaint des remarques et des traitements racistes de la gestionnaire de l’aire.
Malheureusement c'est par elle que tout le monde doit passer pour s’installer, ouvrir un accès à l’eau ou l’électricité, c'est elle aussi qui fait appliquer le « règlement intérieur de l’aire » et qui a le pouvoir d’expulser les habitant.e.s. Un équilibre asymétrique par la peur.
L’aire, comme toutes les autres en France est payante, en moyenne 300 euros par mois, avec des abus de facturation flagrants montant jusqu’à 50€ tous les deux jours selon certains habitant.e.s. Tout est payé en liquide sur l’aire, ceci explique peut-être cela.
Les habitant.e.s comme tous les « gens du voyage » n’ont ni accès aux APL, ni accès aux ALS car la caravane a un statut spécial dans le droit. On trouve ainsi de nombreuses personnes en situation d’extrême précarité.
Plus grave, pendant le confinement, alors que la DIHAL recommandait un panel d’actions spécifiques dédié à la prévention épidémique dans ces environnements extrêmement fragiles que sont les aires d’accueil, personne n’est venu s’assurer de rien.
Le confinement a été rendu impossible, aucune distribution de masques, aucun test sur les habitant.e.s, l’abandon complet.
L’aire est évidemment isolée du reste de la ville, aucun transport en commun, pour accéder au centre ville il faut compter 40 minutes de marche.
Ce lieu de relégation ethnique, et de gestion aux relents coloniaux de ces populations, est aussi le terrain préféré de la petite délinquance environnante qui vient dealer devant la place, il y a quelques jours des coups de feu ont été tiré à proximité des caravanes.
La présence de déchets industriels et les installations défectueuses sont dangereuses particulièrement pour les enfants, deux petites filles se sont brûlé la semaine dernière.
Bref, comme beaucoup de ces lieux en France, les traitements infligés aux populations dites « gens du voyage » sont conditionnés par un antitsiganisme primaire, une maltraitance d’Etat, une atteinte à la dignité humaine.
Ces traitements rappellent les conditions rencontrées dans les bidonvilles, les camps de migrants, les prisons ou les CRA français et pourraient largement faire l’objet d’une condamnation par la CEDH tant les droits élémentaires de l’être-humain sont bafoués.
Jusqu’à quand cette chape de plomb, ce silence complice des français.e.s et des institutions qui devraient tous se lever et s’indigner contre ces formes d’encampement ethnique dignes du XIX siècle ?
