La moisson de céréales commence dans l’hémisphère nord , et les rendements sont catastrophiques.
Est-ce que c’est surprenant, ou est-ce qu’on s’en doutait ?
Petit #thread sur les prévisions de récolte
Déjà pour commencer, à quoi cela peut-il bien nous servir de prévoir ça ?
✅Parce que des volumes, dépendent les prix
✅Et parce que de la qualité, dépendront les usages et le fléchage chez des clients différents
Et éventuellement, ça sert à savoir si on va pouvoir tenir les engagements qu’on a pris avant la moisson.
Donc, revenons à nos moutons. Comment fait-on pour évaluer le volume d’une moisson qui n’a pas encore eu lieu ?
Globalement, il y a plusieurs sources d’informations:
➡️Aller voir dans les champs l’état des cultures
➡️Etudier des cartes satellites pour en déduire, par des modèles, l’avancée de la végétation (cc @Luc_Lorin !)
➡️Etre rivé sur les prévisions météos et leur interprétation par rapport au point N°1
C’est donc une science par définition inexacte, d’autant qu’il n’y a rien de mécanique et de 100% reproductible dans ce que fait la nature.
Tous les grands pays agricoles ont leur service de statistiques : en France, c’est @FranceAgriMerFR. Il existe aussi de très nombreuses sociétés privées, dans le monde entier.
Mais, historiquement ,au niveau mondial, LA source qui fait référence, c’est l’ @USDA, le ministère Américain de l’agriculture. #redneck
Pourquoi eux et pas les autres ? Ben parce que.
Et l’USDA va donner régulièrement ses estimations de collecte dans tous les pays du monde, ainsi que les estimations de stocks de céréales partout où ils sont.
Et là ça devient animé.
Parce que le temps de compiler et de publier les données, les infos sont parfois déjà dépassées.
Et ça reste une simple estimation, donnée par un groupe d’experts certes, mais qui peuvent se planter quand même.
Tout le sel du métier de commerçant de grains réside donc dans le fait de se faire une opinion en fonction de toutes ces analyses parfois contradictoires, sachant qu’on souffre vite du biais de confirmation : on va adhérer aux hypothèses qui nous confortent dans nos idées.
Bon, dans le doute, on demande à @jpevrrling un avis éclairé.
Mais ce n’est pas le plus drôle. Parce qu’en fait, ces chiffres ne sont pas important. Ce qui est important, c’est l’écart entre les chiffres publiés, et ce qu'attendaient les gens de la filière .
Parce qu’on se fait tous notre avis sur plein de trucs, mais ce qu’on aime pas, c’est avoir une publication qui va dans le sens contraire.
On va donc parfois avoir des publications de forte réduction de récolte (et donc qui devrait faire monter les prix), et en même temps une chute des cours parce que la réduction annoncée n’est pas aussi forte qu’espérée.
Là on n’est plus à l’étage des maths, on est dans la psychologie
Sur le fond, on va débattre avec des arguments très valables des deux côtés, pour savoir si la France va produire plus ou moins de 30 millions de tonnes de blé, et si la récolte Russe va être de 75 ou de 79 million de tonnes.
Bon, un jour ou l’autre, ce sera moissonné.
En France, on le sait assez vite et de façon assez exacte. Mais plus le pays est grand, plus c’est compliqué.
Et chez certains, c’est tellement stratégique que parfois on se demande si les chiffres ne sont pas trafiqués pour aller dans le sens qui les arrange, mais ce serait mesquin de notre part d’envisager une telle possibilité.
L’USDA peut par exemple, sans trembler, réévaluer un stock d’il y a deux ans pour que celui de cette année soit cohérent. Mais si ça se trouve, il ont raison de le faire!
Donc pour résumer, on connait en retard, des chiffres qui souvent, sont périmés.
Mais ces chiffres, faute de mieux, font autorité.
Ben oui, parce que après tout, qui est déjà allé vérifier en vrai si les Chinois avaient 10, 40 ou 150 millions de tonnes de maïs en stock ? Personne. Même si on demande gentiment.
Et au final, un ajustement de quelques % ici et là, ça fait un très gros tas en cumulé.
Avant de débattre, il faut poser le constat et rappeler quelques notions:
La surface agricole 🇫🇷représente près de la moitié de la surface du pays, mais elle diminue face à l’urbanisation et… à la croissance des forêts .
L’agriculture doit donc faire face à des contraintes : elle est spécialisée par région, elle est imbriquée dans des flux mondiaux , soumise aux décision politiques fluctuantes ; et, en plus, la valeur ajoutée est parfois mal répartie dans la chaîne .
Dans cette pile de livres que j’ai récupéré , se trouve donc ce petit livret : il décrit la culture du blé en France juste après la première guerre mondiale , il y a donc un peu plus de 100 ans.
Voyons ce qui se disait à ce sujet et ce qui a changé depuis ⬇️
Le rendement a l’époque était assez faible : 1,32 tonnes par hectare contre autour de 7 tonnes en moyenne maintenant.
Ce rendement était aussi plus bas que la plupart de nos voisins,ce qui était très mal vécu :
Combien de variétés de blé sont disponibles en France ?
Plusieurs centaines .
Et chaque année, après analyse des nouvelles variétés, @ANMF_MeunerieFr met à jour une liste plus restreinte des variétés qu’elle préfère pour les moulins.
Petit #thread #FrAgTw
Cette année, ce sont 152 variétés qui font partie des heureuses élues, en comptant les 13 nouvelles entrées.
152 blés qui ont des itinéraires de culture différents, qui ont des résistances différentes aux maladies, aux moisissures, mais qui ont aussi des « comportements » différents en terme de panification (en gros, la pâte obtenue à partir de la farine est différente)…
La première loi agricole date de 1933 avec le "Agriculture Adjustment Act" : le New Deal de Roosevelt porte en effet un volet agricole conséquent.
Il est alors décidé que cette politique agricole serait révisée tous les 5 ans.
Elle comporte de nombreuses mesures d'aide aux Farmers, mais aussi à toute la filière agroalimentaire , et, chose étonnante pour nous, une importante politique de lutte contre la malnutrition.
Différents reglements (1967, 1975) ont mis en place une politique à la fois de gestion de l’offre, et de soutien des prix.
Jusqu’en 1992, il existait un « Prix d’intervention » : un prix minimum garanti auquel l’Union Européenne achetait les céréales pour les mettre en stock.
Le stockage était délégué auprès « d’Organismes Stockeurs », comme par exemple des coopératives agricoles qui prenaient les céréales dans leurs silos.
Je rebondis sur le thread de @agri_zoom pour expliquer un peu , si c’est possible , l’origine de ce qui se passe en ce moment dans l’agriculture.
Zé parti ⬇️
Dans le ras-le-bol actuel, il y a bien évidemment plusieurs causes , plusieurs facteurs , et des responsabilités très partagées .
Vous ne trouverez pas UNE cause unique qu’il suffirait de modifier pour que tout aille bien.
La première , celle de fond, celle qui sous-tend toutes les autres, est le manque de perspective, ou d’avenir favorable si vous préférez .
Aujourd’hui quand vous êtes éleveur , on ne parle de vous dans les médias que sous l’angle de la pollution, des émissions de CO2, etc.