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1. Sur la situation française et un possible début de rebond épidémique : cela ne fait que souligner à quel point il faut une stratégie de suppression du virus et une mobilisation générale de la société autour de cet objectif.
2. Je synthétise ce que j'ai écrit ici il y a 3 semaines.

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3. SARS-CoV-2 est là pour longtemps ; peut-être des années pour le ramener sous contrôle un peu partout, peut-être des décennies pour l'éradiquer si on y parvient jamais.

Il n'y a ni traitement, ni vaccin, et il y a le risque que les premiers vaccins soient médiocres.
4. On ne comprime pas impunément le temps, ce serait un authentique miracle si l'on pouvait obtenir la même efficacité en 2 ans qu'en 10 à 20 ans (la durée habituelle). Un vaccin médiocre, c'est mieux que rien, mais ça ne sera peut-être pas la fin de la partie. On verra.
5. Les premiers traitements tournent autour des cas sévères : c'est toujours ça de pris pour réduire la létalité, mais ça n'a pas de conséquences sur la dynamique générale de transmission (ce qui impliquerait un traitement qui réduit la contagiosité).
6. Le taux de létalité réel du virus, pour un pays à la population relativement âgée et doté d'un système de santé fonctionnel, est situé entre 0,5 et 1%, avec des pointes qui peuvent grimper au-delà de 1,5% en cas de grosse vague qui déferle sur les Ehpad et déborde l'hôpital.
7. L'immunité de troupeau, qui nécessiterait que des dizaines de millions de gens choppent le virus en France, aurait donc pour contrepartie un bilan à 6 chiffres. Sans qu'on ne sache combien de temps tient cette immunité, ni le degré de protection associé.
8. La plupart des pays ouest-européens, dont la France jusqu'au 12 mars, étaient spontanément partis sur cette brillante "stratégie" avant de réaliser qu'ils avaient commis une terrible erreur et que le Covid était d'un tout autre calibre que la sacro-sainte grippe saisonnière.
9. SARS-CoV-2 laisse également des séquelles. Une partie de ceux qui ont eu le Covid peuvent ensuite souffrir d'un syndrome post-viral, une maladie grave et incapacitante qui peut survenir y compris chez les jeunes, y compris chez les formes légères.

10. SARS-CoV-2 est capable d'attaquer de multiples organes (cerveau, cœur, reins, poumons), il peut entraîner des caillots sanguins. Personne n'est totalement à l'abri, même les gens jeunes et en bonne santé.

Et on ne sait pas encore tout.
11. Il existe deux stratégies de base pour gérer ce virus :

a) atténuation → laisser circuler le virus pour bâtir progressivement une immunité collective.
b) suppression → supprimer la circulation du virus, idéalement jusqu'à zéro (élimination).
12. On ne sait quasiment rien sur l'immunité. Peut-être qu'elle dure quelques mois, peut-être qu'elle dure quelques années ; peut-être qu'elle est robuste, peut-être pas.

On peut faire de l'atténuation avec des virus relativement bénins. SARS-CoV-2 est tout sauf bénin.
13. Aux échecs, le gambit consiste à sacrifier une pièce de faible valeur (souvent un pion) en espérant en tirer une position avantageuse. Ici, comme le Covid tue quasi-exclusivement des vieux et des personnes fragiles, certains sont tentés par un gambit darwiniste.
[Précisons qu'ailleurs dans le monde, par exemple aux Amériques ou en Inde, il y a, en proportion, beaucoup plus de décès sous 65 ans qu'ici. Moindre accès à un système de santé fonctionnel = probabilité accrue de finir sous terre, même chez des gens plus jeunes.]
14. Ce fut — et c'est encore par endroits — le choix politique fait par les australopithèques au pouvoir au nom de « l'économie ». Bilan : des dizaines de milliers de vies bousillées, et bien sûr l'économie a quand même pris le bouillon.

15. Dernier argument contre le laisser-circuler : on ne sait pas faire deux sociétés étanches. Les moins vulnérables (qui peuvent quand même voir leur vie bousillée) finissent par éclabousser les plus vulnérables. Ça se vérifie partout [43-46b].

16. Le virus ne circule PAS où l'on veut. Il n'y a pas de circulation bénigne de SARS-CoV-2,

(a) parce qu'il n'est pas bénin ;
(b) parce qu'il y a toujours le risque de perdre le contrôle ;
(c) parce que le virus finit par se frayer un chemin vers les plus vulnérables.
17. Mieux vaut faire de la suppression comme en Asie.

Aucun des pays qui ont eu affaire à SARS-CoV-1 ne s'est amusé à laisser la porte ouverte à SARS-CoV-2. Au niveau des sociétés, les épidémies précédentes créent leur propre mémoire immunitaire…
18. La suppression n'est pas simple, surtout que l'on hérite d'une position dégradée après le désastre historique de la première vague. Mais c'est la seule porte de sortie sans dommages.

(Et, non, il n'y a pas besoin d'avoir recours à Big Brother pour faire de la suppression.)
19. C'est de cela dont nous devrions débattre : comment mettre en œuvre efficacement une stratégie de suppression du virus.

Qu'on ait dû avoir ce débat lunaire sur les masques en JUILLET, 6 mois après l'arrivée du virus, témoigne de l'arriération sidérante du débat français.
20. Honneur aux soignants qui ont fait pression avec succès sur les incapables au pouvoir pour obtenir ce port du masque, que certains réclament depuis (au moins) mars.
21. Maintenant, il faut réclamer que le gouvernement s'engage clairement dans une stratégie de suppression. C'est la meilleure solution à tous points de vue : la santé publique évidemment, la préservation de la vie sociale et économique, et les libertés.

22. Le Conseil scientifique, puisque c'est son rôle, devrait publiquement proposer une stratégie de suppression, détailler les objectifs pour chaque pilier de la stratégie et conseiller vivement au gouvernement de mettre tout cela en œuvre.
23. Si le gouvernement pense avoir une meilleure stratégie pour gérer SARS-CoV-2 :

(a) qu'il la donne ;
(b) qu'il nous explique en quoi il la pense supérieure ;
(c) qu'il nous explique sur quelles hypothèses et/ou bases scientifiques il se fonde.

La situation française est la suivante. Autour de 5% de la population a été infectée lors de la première vague, ce qui laisse 95% de la population susceptible. Les régions les plus touchées (IDF et Grand Est) sont autour de 10%, les moins touchées à l'Ouest sont à moins de 2-3%.
25. À grande échelle, il n'y a d'immunité collective nulle part en France. Même un département très affecté comme le Haut-Rhin doit tourner autour de 15%. New York, qui a pris ultra-cher (2800 morts par million d'habitants), est à un peu plus de 20%.

medrxiv.org/content/10.110…
26. Une deuxième vague est donc possible partout, y compris dans le Grand Est et en Île-de-France. Quelques Ehpad sont peut-être abrités, car le virus est déjà passé chez tout le monde ; idem pour l'équipage du Charles-de-Gaulle ; mais à grande échelle, niet.
27. Les charlatans qui claironnent qu'il n'y aura pas de seconde vague le font sur la base des deux affirmations suivantes :

(a) il y aurait plein de malades cachés qu'on ne voit pas dans les études séro ;
(b) le seuil d'immunité collective serait beaucoup plus bas.
28. Pour (a), diverses études ont montré que plus de 90% des infectés, même légers, séroconvertissent bel et bien.

Pour les masses énormes mais invisibles d'asymptomatiques qui seraient durablement immunisés par des mécanismes peu détectables, on attend toujours la preuve.
28b. Quand on fait du dépistage universel par PCR, on ne les voit nulle part : sur des échantillons réduits, on trouve parfois jusqu'à 5-6 asymptomatiques pour 1 symptomatique, mais certainement pas jusqu'à du 90+ pour 1 comme l'affirment certains charlatans.
29. Quant au seuil d'immunité collective placé ridiculement bas, à 15-20%, il relève :

• soit d'une pétition de principe : le charlatan présuppose en fait qu'une majorité de la population est déjà immunisée au départ…
… donc forcément, le seuil d'immunité collective est beaucoup plus bas !

• soit d'un contresens quant à la façon dont les sociétés fonctionnent au niveau des réseaux de contact.
30. Les charlatans radicalisent des hypothèses (le seuil d'immunité collective est peut-être plus bas que le résultat attendu dans un modèle homogène, une partie de la réponse immunitaire est peu visible, etc.) pour en faire du n'importe quoi péremptoire et minimiser.
30b. En fait, sous de nouveaux atours, avec tout un baratin spéculatif autour de formes d'immunité miraculeuses (qu'ils supposent évidemment, sans preuves, solides et durables — on reconnaît la patte de la pensée magique), c'est le retour du discours "grippette".
31. La devise du charlatan a été magnifiquement synthétisée par un beau spécimen : « je ne vois pas en quoi ça fait avancer de dire "on ne sait pas" ».
32. D'après la légende, c'était aussi la devise du premier type qui a tenté de sauter d'une falaise pour voir si des ailes lui pousseraient en chemin.
33. Le "deus ex machina" de l'immunité-miracle, c'est bien sympa, mais après 30 000 morts il faut être dingue pour tout miser là-dessus.

Après le désastre de ce printemps, les maîtres-mots face à SARS-CoV-2 devraient être : HUMILITÉ et PRUDENCE.
33b. Mais, visiblement, l'immunisation par la catastrophe ne fonctionne pas chez tout le monde.

Bref, assez avec leur pensée magique qui vise toujours à conclure qu'il ne faut pas trop intervenir, que ce n'est pas si grave que cela, etc.
34. D'après les hospitalisations et les décès, je dirais qu'il y avait, début juillet, entre 2000 et 3000 nouvelles contaminations par jour en France métropolitaine (je mets de côté les Outre-Mer, et notamment la Guyane, qui ont leur propre dynamique d'épidémie).
35. Depuis fin juin, on détecte un peu plus de 500 cas par jour (350+ en mettant de côté les Outre-Mer).

350 à 400 cas recensés pour 2000 à 3000 cas réels = entre 80 à 90% des cas passaient à travers les mailles du filet.

36. Santé Publique France le confirme dans ses deux derniers bulletins hebdomadaires du 9 et 17 juillet : seule une petite fraction des gens ayant des symptômes compatibles avec le Covid sont testés.
37. Comme on est contagieux autour d'une dizaine de jours, la taille du réservoir (les malades en circulation) dans l'Hexagone devait être quelque part entre 20 000 et 30 000, disons 1 personne sur 2000 à 3500 qui était théoriquement en mesure de contaminer autrui.
38. (Moins en pratique avec l'auto-isolement des cas symptomatiques.)

On voit la difficulté de l'exercice : on cherche une aiguille dans une botte de foin.
39. Pour ceux qui se diraient « mais ce n'est rien ! », rappelez-vous que l'épidémie française a commencé avec une poignée d'introductions. On pouvait sans doute littéralement compter les malades sur les doigts d'une main dans les premières semaines de janvier. On a vu la suite.
40. Nous ne sommes plus dans les conditions « zéro intervention » de cet hiver, avec une veille sanitaire totalement à la masse, un dépistage inexistant et une population non avertie, donc il y a très peu de risques que ça reparte aussi méchamment.
41. Néanmoins,

(a) il faut éviter que ça ne reparte, même plus lentement ; (b) ce réservoir estival est un enjeu pour les 6 mois de saison froide qui sont devant nous, et notamment la rentrée en septembre avec le gros brassage du système scolaire.
41b. Il faut purger au maximum ce réservoir pour éviter que du virus semé un peu partout cet été ne finisse par germer grâce à des conditions plus favorables.
42. La résurgence actuelle de l'épidémie est tout simplement due à la hausse du taux de contact dans la société française, sans doute combinée avec une légère érosion de la vigilance.
43. Dans chaque pays, il existe un taux de contact d'équilibre qui, couplé à un certain niveau de prévention et d'efficacité du dépistage-traçage, fait que SARS-CoV-2 ne repart pas en croissance exponentielle. Il faut trouver ce taux, ce qui ne peut se faire qu'empiriquement…
… et rester un peu en-dessous : on se laisse une marge, et l'épidémie continue à décroître.

L'équation est simple : si l'on veut plus de contacts sans risquer l'emballement, il faut un traçage plus efficace (ce qui suppose un bien meilleur dépistage qu'à l'heure actuelle)…
… et une meilleure prévention — pas seulement au niveau du comportement individuel des gens, mais aussi de l'organisation sociale — pour diminuer les probabilités de transmission par contact.

Sinon…
44. Ce qu'indique le frémissement des indicateurs depuis 2 semaines, c'est que nous avons déjà commencé à dépasser cet état d'équilibre (quand le R est autour de 1), sans doute depuis la phase 3 du déconfinement qui a commencé le 22 juin.

Ce début de rebond pose plusieurs problèmes :

• il remplit le réservoir ;
• il re-sème du virus là où il n'y en avait plus (ou plus beaucoup) ;
• la reprise est lente, de sorte qu'il peut y avoir sous-perception du danger, ce qui peut inciter à sous-réagir (ex. la Floride).
46. Par exemple, il se trouvera toujours un imbécile pour vous dire qu'il n'y a pas de remontée des hospitalisations (sans blague ? ça vient 2 semaines plus tard et ça concerne ~3% des cas) ou des décès (encore plus tardif), ou qu'il y a plein de places en réa (hors sujet).
46b. Ah, et pour l'éternel argument "mais-c'est-parce-qu'on-teste-plus" : non.
L'alternative pour cet été me semble être la suivante : ou bien on la joue cigale, on dépense les acquis des semaines précédentes au risque de bien ramasser à l'automne ; ou bien on investit, par de modestes ajustements, pour être en meilleure posture à la rentrée.
48. C'est au gouvernement d'agir. Le comportement de la population est une chose (qui dépend d'ailleurs de ce que dit et fait le gouvernement !), mais ce n'est pas elle qui peut définir la stratégie, organiser le dépistage et le traçage, mener une campagne de prévention, etc.
48b. Trop facile de toujours rejeter la faute sur les gens ! Ce que dit Véran, ici, est inexact : les clés de l'épidémie ne sont pas dans nos seules mains. Le gouvernement détient une bonne partie du trousseau ; les comportements ne suffiront pas à compenser ses lacunes.
49. Je passe vite fait en revue ce qui me semble être les principaux piliers d'une stratégie de suppression (prévenir, dépister, tracer, isoler, soutenir).
50. Pilier n°1, la prévention (le plus important !)

Objectif : que chacun soit conscient des modes de transmission, des risques, de son rôle de maillon potentiel dans la grande chaîne, et puisse adapter son comportement pour réduire les risques et ainsi aider tout le monde.
La prévention fonctionne mieux lorsque les règles sont claires, constantes et lisibles.

Ce qui ne marche pas :

• la répression débile
• la stigmatisation, les jugement de morale
• les injonctions contradictoires
• l'approche autoritaire, prohibitionniste (tout interdire)
52. La population n'est pas un troupeau récalcitrant à gérer, ni un ennemi, ni un vilain garnement à corriger. Le baratin culturaliste à deux balles sur "les Français indisciplinés" est totalement débile et ne sert à rien.
53. Pour les JTs paresseux, par pitié ARRÊTEZ de montrer dans vos sujets des images de plages fréquentées, ARRÊTEZ de relayer chaque scène où il y a plus de 2 personnes au m² avant de nous parler sur un ton grave et sentencieux du "relâchement-des-Français" !
54. ARRÊTEZ avec cette inversion systématique du réel qui consiste à dépeindre la population comme insouciante et frivole et le gouvernement comme grave et responsable (ben voyons !), vous êtes ODIEUX, à côté de la plaque, vous n'aidez pas, vous dégoûtez tout le monde.
55. Il faut une grande campagne de prévention, ciblée notamment sur les jeunes. En particulier, il faut trouver le moyen le plus efficace de parler aux jeunes mâles un peu débiles et virilistes en mode "mdr grippette".
56. Peut-être faire témoigner des gens assez jeunes qui ont perdu à la loterie et écopé d'un syndrome post-Covid incapacitant, pour qu'ils expliquent à quel point c'est agréable d'être plié en deux de fatigue après avoir monté 3 marches d'un escalier…
57. Concernant le masque, pourquoi pas ces deux principes :

• Obligatoire en intérieur fréquenté par le public, dans les entreprises et dans les commerces (exception pour les lieux de consommation).
• Recommandé quand on sort interagir de façon proche et prolongée avec autrui.
58. Pour les gens distraits qui ont oublié leur masque, leur tendre un chirurgical serait plus pertinent que de leur coller directement une amende…

59. Il y a des physionomies nasales, hum… plus délicates que d'autres. Quand on voit certaines personnes dont le masque tombe sous le nez, il est évident que le modèle est parfois inadapté.

De même, si problème de confort, les gens peuvent essayer les chirurgicaux.
Les masques doivent être gratuits !

OBLIGATION DU PORT DU MASQUE + NON-GRATUITÉ = UN IMPÔT DÉGUEULASSE SUR LES PAUVRES
61. Si les chirurgicaux utilisés peu de temps (ex. portés seulement 30 minutes) sont "recyclables", il faut donner des conseils aux gens : à quelles conditions, les faire sécher combien de temps, combien d'heures d'utilisation avant de les jeter, etc.
62. L'un des problèmes auxquels on fait face cet été, c'est que la plupart des transmissions auront sûrement lieu lors d'interactions sans masques : fêtes, barbecues, rassemblements familiaux, etc.
63. On peut réduire les risques en espaçant les tables et en séparant foyer par foyer. S'il y a de la place dans le jardin, pas de raison que les gens s'agglutinent, etc. De petits ajustements peu contraignants peuvent faire la différence entre 2 et 20 contaminations.
64. Attention aussi à ne pas trop radicaliser l'opposition intérieur/extérieur. Certes l'extérieur, avec le renouvellement naturel de l'air, protège de l'effet "bain de virus" (aérosolisation) qui peut se produire lorsque des gens respirent un air stagnant, saturé de particules…
… mais si quelqu'un vous parle dehors et face-à-face sans masque, il peut toujours vous contaminer. L'extérieur réduit certains risques, mais ce n'est pas un totem d'immunité. Le maintien des distances reste nécessaire, et ça ne mange pas de pain.
66. Au fait, les visières seules ne protègent pas. Je n'en ai pas vu beaucoup, mais en allant au supermarché (où 80 à 90% des gens portaient un masque) j'ai croisé quelques personnes avec une visière et sans masque. Ça ne suffit pas.

On peut aussi demander aux gens de classer leurs contacts en 3 catégories :

(a) incompressible (ex. domicile, soins, travail sur site)
(b) proche mais compressible (ex. famille élargie, amis, travail si télétravail possible)
(c) les plus dispensables (ex. nouvelles rencontres).
68. Quand l'épidémie est active quelque part, on demande aux gens de resserrer leurs contacts. En refermant un peu les réseaux, l'idée est de réduire la transmission et de soulager les équipes de traçage en réduisant leur charge de travail.
68b. Les entreprises grimpent dans la hiérarchie des lieux de contamination. Un simple foyer dans un abattoir (par exemple) peut éclabousser tout un territoire, donc il faut réorganiser les conditions de travail, pour la santé des salariés et du public.
69. Le gouvernement pourrait envoyer un papier avec toutes les informations et préconisations au domicile, avec de jolis schémas, etc. Ainsi, les gens auront les connaissances nécessaires pour élaborer leurs propres stratégies de réduction des risques.

70. Piliers n°2 et 3 : dépister et tracer

Objectif : détecter le plus grand nombre de malades le plus vite possible (tendre vers les 100% des symptomatiques, qui sont plus faciles à attraper) pour les isoler et les tracer au plus tôt.
Le dépistage doit être :

• gratuit ;
• faisable sans ordonnance ni rendez-vous ;
• accessible au plus tôt quel que soit l'endroit où l'on est (dans l'heure dans les grandes villes) ;
• idéalement, les résultats doivent arriver dans la journée ou le lendemain.
72. On est encore très, très loin de cette organisation impeccable (qui inclut évidemment les labos), pourtant seule à même de garantir l'efficacité maximale du traçage.

Il faut, un peu partout, des lieux/centres de prélèvement* (donc des travailleurs), plus un plan pour pouvoir élargir en urgence la capacité si l'épidémie s'enflamme localement.

*Du genre, de ceux qui ont fermé pile quand ça flambait en Mayenne… [Génie bureaucratique français]
Concernant les importations de cas, notamment par avion. Il faut s'en préoccuper, dépister avant le décollage (car il y a aussi la question des exportations…) comme à l'atterrissage, mais comme dit plus haut la France devait produire au moins 2000 malades par jour fin juin.
75. Je ne sais pas combien d'avions atterrissent chaque jour en métropole, mais ça m'étonnerait qu'il y ait tant de cas que ça qui débarquent. Il faut bien sûr s'en occuper, mais rassurons-nous : SARS-CoV-2 est devenu un produit bien français, cocorico ! [AOC Incompétence]
76. Dans le papier d'information qu'il faudrait distribuer à tous les ménages sur le Covid, la liste exhaustive de tous les symptômes possibles est capitale. Il y en a beaucoup, certains courants, d'autres plus rares.
77. Certains ne vont pas forcément penser au Covid lorsqu'ils des symptômes légers (nez qui coule, etc.), pourtant c'est une possibilité. Pour la plupart des gens, ce sera autre chose, mais on pourra chopper des malades en plus grâce à une meilleure reconnaissance des symptômes.
78. Véran a vanté le taux de positivité français à un peu plus de 1% (un peu moins de 100 tests par cas confirmé). En Corée du Sud, ils sont sous les 1% : 150 à 300 tests par cas confirmé, pour un réservoir pourtant beaucoup plus petit. On ne dépiste toujours pas assez.
La justification du pouvoir sur l'absence des 700 000 tests relève du baratin. Ils ont été paresseux, ils ont géré la décrue en rentiers, ils ne sont pas suffisamment allés chercher le virus ; ni chez les symptomatiques, ni chez les asymptomatiques.

80. On ne peut pas tracer des malades si on ne les a pas dépistés ! Si le traçage a été plus pépère que prévu, jusqu'à présent, c'est aussi parce qu'on sous-dépistait.
81. Les capacités de traçage, partout, doivent pouvoir être multipliées par 3, 4, 5 en quelques jours. Quand ça flambe quelque part, on est très, très vite débordé. Or il ne faut pas seulement tracer les cas contacts, il faut aussi essayer de remonter à la source.
82. Il faut, enfin, planifier la possibilité d'énormes opérations de dépistage (par centaines de milliers/millions), grâce à un prélèvement salivaire que les gens pourraient faire eux-mêmes, et que l'on pourrait éventuellement regrouper.
83. Lorsque chaque département, chaque région seront capables de tester des masses énormes de gens en quelques jours, cela changera la donne. Cela demande une logistique titanesque, mais le dépistage universel est la kryptonite de SARS-CoV-2.
84. Piliers n°4 et 5 : isoler et soutenir

Objectif : garantir que 100% des malades puissent s'isoler pendant quelques jours, soutenir les gens financièrement pour qu'ils n'aient pas à arbitrer entre isolement et perte de revenu.
85. La plupart des gens ne voudront pas être isolés dans un lieu dédié, mais des solutions doivent être immédiatement disponibles pour ceux qui ne peuvent pas prendre le risque de contaminer une personne fragile à domicile.
86. Donc il faut des hôtels Covid, même s'ils resteront vides presque tout le temps.

Il y a aussi le problème des petits logements surpeuplés. La transmission à domicile est liée aux conditions matérielles d'existence, comme le prouvent tous les foyers dans les… foyers.
87. Il faut supprimer définitivement cette horreur anti-sanitaire qu'est le jour de carence, où les gens sont littéralement incités financièrement à aller partager leurs pathogènes avec leurs collègues. Mais quel espèce de bureaucrate a pu inventer un truc aussi débile ?
88. La France doit faire de la suppression, et demander à ses voisins de faire de même. C'est du gagnant-gagnant : les deux pays ne s'aspergent pas réciproquement leurs zones frontalières. La suppression est une stratégie de coopération internationale.

89. SARS-CoV-2 a été constamment sous-estimé. Aujourd'hui encore, même après une première vague à plus de 30 000 morts, des charlatans peuvent dire ou écrire des conneries relativistes sans s'attirer une pluie de projectiles. C'est sidérant.
90. Voici la donne.

SARS-CoV-2 ne prend pas de vacances, ne dort jamais ; il n'éprouve ni fatigue, ni lassitude. Il ne connaît pas la peur ou le désir, se moque des frontières et des nationalités, se fout totalement que vous ne pas croyiez pas en sa dangerosité.
91. Sans doute a-t-il des conditions physiques idéales de propagation, peut-être a-t-il des saisons préférées, mais il semble pouvoir ravager n'importe quel territoire, de l'hiver à l'été, par toutes sortes de climats.
Le virus adore les structures inégalitaires de nos sociétés, qui lui permettent de mieux se propager. L'exploitation, la pauvreté, la xénophobie, le racisme : festin royal ! Autant de nouveaux hôtes vulnérables à coloniser, autant de nouvelles passerelles vers de nouveaux hôtes.
93. SARS-CoV-2 est un fardeau supplémentaire qu'il faut gérer avec une quantité finie de ressources. Les autres pandémies n'ont pas eu le bon goût de se mettre sur pause, les maladies chroniques non plus, la Terre continue de tourner.
Les crises s'empilent, s'imbriquent, leurs effets se démultiplient dans une synergie du pire. Cette pandémie ne sera peut-être même pas terminée qu'une autre apparaîtra. Le grand bouillon de culture continue dans l'élevage industriel, matrice de nouvelles saloperies à venir.
95. SARS-CoV-2 est vif et furtif. Il est difficile à maîtriser, mais on peut supprimer sa circulation, la maintenir très basse. On PEUT le faire. Il y a des coûts associés, c'est vrai, mais ils sont bien moindres que ceux de sa circulation (y compris sur le plan économique).
96. Il y aura des rechutes, même les pays les plus doués en connaissent. Mais ça se gère. On resserre la vis pendant quelque temps. On intensifie les tests, on referme des lieux de contact, on remet ceux qui le peuvent au télétravail, on reconfine localement si nécessaire, etc.
97. Cette lutte contre le virus est un marathon, une course de fond. Il faut éviter le piège littéralement mortel du cycle négligence-panique-négligence-etc., adopter un comportement rationnel, organiser les choses, anticiper, planifier, gérer les risques.
98. Avec une organisation irréprochable, une logistique en béton armé, on peut espérer s'acheter plusieurs mois/années de tranquillité relative, le temps qu'on en apprenne plus et que des solutions plus définitives et moins contraignantes apparaissent.
99. (Hors vaccin, l'accès quasi-illimité à un dépistage très sensible et quasi-instantané permettrait, par exemple, de détruire l'essentiel de la transmission en supprimant le problème actuel des délais, des faux négatifs et des limites matérielles. Mais est-ce possible ?)
Une épidémie est un phénomène social. La part de politique dans sa gestion ne peut être sous-estimée. Il y a des choix à faire, il faut arbitrer entre différents intérêts, il y a des contradictions, des questions d'acceptation sociale, d'enjeux perçus comme légitimes ou non, etc.
Le comportement humain détermine le cours de l'épidémie.

Je remets le lien du fil mentionné au second message si une version plus longue/détaillée (~225 messages) vous intéresse.

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