Thread by @AlexBaumann75

Ceci est un journal national reconnu. Cet article est probablement la pire horreur que j'aie lu depuis un moment.

Pas forcément par le fond, qui est assez ordinairement idiot, mais par la forme, pleine d'insinuations absolument dégueulasses.

liberation.fr/amphtml/france…

L'article porte sur la réautorisation des NNI.
Celle-ci aurait été prise « sous la pression de l'industrie sucrière ». D'ailleurs, les arguments de la Confédération générale des planteurs de betteraves (DGB) auraient été repris « quasi telle quelle dans le communiqué du ministère

Les insinuations vont de pire en pire : « Sous couvert d’améliorer la souveraineté alimentaire du pays, la volte-face du gouvernement s’explique aussi par la puissance de l’industrie sucrière. »

Donc non seulement le fait de protéger la production agricole française, à un moment où on réalise justement sa dimension géopolitique cruciale, serait une sorte de prétexte douteux, mais en plus ce serait la « puissance de l’industrie sucrière » qui serait la vraie explication.

Le pire est sans doute cette simple phrase : « Les producteurs, eux, se délectent de cette décision. » L’auteur ne dit pas « se réjouissent », « applaudissent » ou autre terme plutôt neutre. Non, il écrit « se délecte ».

Pour Larousse, il s’agit de « Prendre un plaisir extrême, se régaler de quelque chose ». Wikitionary propose : « Remplir d’un plaisir qu’on savoure, qu’on goûte avec sensualité. » ou « Prendre beaucoup de plaisir à quelque chose. » On est dans le champ de la perversité.

La première image que j’ai eu, au regard du contexte, en lisant a été celle du loup qui se lèche les babines ou capitaliste qui jouit d’un festin. Rappelons que « les producteurs », cible directement les agriculteurs … qui ne sont pas vraiment connus pour rouler sur l’or

(20 % des agriculteurs ne se versent pas de revenus, 30 % dans la production de céréales et grandes cultures, dont betteraves) et 1 se suicide tous les deux jours.

lemonde.fr/planete/articl…

Parce qu’il fallait sans doute encore être plus odieux, l’auteur fait suivre cette petite phrase d’une intervention de Franck Sander, président de la CGB : «Le monde agricole est conscient du risque pour les pollinisateurs, mais qu’il n’y a vraiment aucune alternative».

Ainsi, alors même que cette phrase est on ne peut plus innocente et normale, cette juxtaposition laisse entendre que les producteurs seraient heureux de pouvoir se moquer des risques pour les pollinisateurs.

Il enchaine sur un couplet sur les soit-disant alternatives et conclut : « Autant de solutions dont les filières agroalimentaires ne veulent pas forcément, leur préférant une logique court-termiste qui garantira une rentabilité maximum. »

Les agriculteurs préféreraient donc gagner moins d’argent et faire moins bien leur travail pour embêter les écologistes …

Ce qu'il y a de vraiment terrifiant ici c'est que l'auteur n'a aucun problème à invoquer la figure de la théorie du complot (les "pressions" qu'aurait mis

les producteurs de betteraves sur le gouvernement) sans que ça ne pose problème à qui que ce soit.

Comment vous voulez bâtir un progrès là dessus ? Comment vous voulez rénover l'agriculture dans une société qui n'a aucun problème avec des calomnies pareilles ?

Voilà, un petit thread d'un urbain pour alerter sur la dérive délirante d'une pseudo-écologie qui parasite l' #écologie et l'enferme dans le #greenwashing et les non-solutions.

@GabrielleDufou5 @emma_ducros @agritof80 (pour vous éviter d'avoir à lire l'article ^^)