L'Italie a sorti les résultats préliminaires de sa grosse enquête (64 660 personnes) séro-épidémiologique sur la première vague. Des anticorps ont été détectés chez à peine 2,5% de la population, la Lombardie n'est qu'à 7,5% {entre 6,8 et 8,3%}.
istat.it/it/files//2020…
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À première vue, ces résultats ont semblé bas à beaucoup d'observateurs, dont votre serviteur. J'aurais plutôt vu l'Italie entre 3 et 4% et la Lombardie un peu au-dessus de 10%. Après, ce n'est pas non plus à des années-lumières de ce que l'on pouvait attendre.
À partir des données de l'Istat, cette pré-publication calcule un excès de mortalité de 47 500 (soit +29,5%) entre le 15 février et le 15 mai en Italie, avec un intervalle allant de 44 000 à 50 400 décès.
medrxiv.org/content/10.110…
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En supposant un taux de létalité de 2 à 2,5% (les séros écossaise et espagnole sont revenues à 1,8% sur l'excès de mortalité, et la population italienne est encore plus âgée), ça donnerait entre 1,8 et 2,5 millions d'infections, soit entre 3 et 4% de la population touchée.
Leur étude trouve 1,5 million d'infections, avec entre 2,3 et 2,6% de la population infectée. Entre la sérodéperdition et un test peut-être un peu dur de la feuille, avoir entre 15 et 40% de sous-évaluation ne paraîtrait pas déconnant.
L'étude espagnole avait relevé 14% de sérodéperdition entre les vagues 1 et 3, à 6 semaines d'intervalle. L'étude italienne s'est déroulée du 25/05 au 15/07, le gros des infections de février à avril, une partie des anticorps ont pu se barrer entre temps.
Bergame est revenue à 24% dans cette étude ; plutôt vers la borne basse de ce que l'on pouvait attendre, mais rien de choquant.
Tout comme la séro espagnole, revenue à ~5% pour 45 à 50 000 décès, l'étude italienne montre les ravages sidérants que provoque le passage rapide de SARS-CoV-2 dans une population âgée, une vague de 6 mois faisant d'énormes dégâts pour une prévalence presque dérisoire. 
Dans cette étude basée sur un échantillon de 5484 malades en Lombardie, ils trouvent un taux de létalité réel chez les plus de 80 ans qui monte à... 30% avant le 16 mars. Il baisse ensuite à 8%.
eurosurveillance.org/content/10.280…
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Les auteurs trouvent bien une baisse du taux de létalité avant/après le 16 mars dans les autres cohortes d'âge plus jeunes, mais la différence est loin d'être aussi violente qu'un facteur 4. Je vous laisse conclure sur ce qui s'est passé.
Sinon, au niveau des autres résultats, on retrouve des choses similaires à la séro espagnole.
Une très forte hétérogénéité territoriale, évidemment, avec des dégâts concentrés au Nord et quasiment rien au Sud ; comme en Espagne avec la partition centre/périphérie, et comme en France avec la partition Ouest/Est.
La prépublication citée plus haut notait que 71% de l'excès de mortalité estimé s'était produit dans seulement 3 régions : la Lombardie, Veneto et Emilia-Romagna. La seule Lombardie compte pour 58% de leur excès de mortalité (48% des décès officiels).
Pas de différence hommes/femmes, quasiment pas d'effet de l'âge, si ce n'est aux deux extrémités de la vie (moins de 5 ans et plus de 85 ans) où la séroprévalence est un peu plus basse (respectivement 1,3 et 1,8%).
Séroprévalence de 5,3% {entre 3,8 et 6,8} chez les soignants, un peu plus de 2 fois plus élevée qu'en population générale.
Au niveau du risque de contamination, avoir un membre de la famille malade à domicile est bien sûr un facteur de risque majeur.
Au niveau du risque de contamination, avoir un membre de la famille malade à domicile est bien sûr un facteur de risque majeur.
Séroprévalence chez ceux qui ont eu un contact avec :
• un membre de la famille malade à domicile : 41,7%
• un malade quelconque : 16,4%
• un membre de la famille hors domicile : 15,9%
• un patient : 12,1%
• un collègue : 11,6%
• un membre de la famille malade à domicile : 41,7%
• un malade quelconque : 16,4%
• un membre de la famille hors domicile : 15,9%
• un patient : 12,1%
• un collègue : 11,6%
À noter qu'en Lombardie, la séroprévalence monte à 24% (1,5 fois plus) ceux qui ont eu un contact avec une personne infectée. Si ce n'est pas du bruit ou le résultat d'un taux de contact plus élevé, est-ce que ça pourrait suggérer une contagiosité plus élevée en zone sinistrée ?
Le taux d'asymptomatiques est évalué à 29% chez ceux qui ont répondu, dans les eaux de la séro espagnole qui avait trouvé de 26 à 33% d'asymptomatiques (vagues 1 et 2).
