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1. Bon, ils vont regarder combien de temps la courbe grimper avant de réagir ?
2. On est repartis en croissance exponentielle depuis plus d'un mois. Cela signifie que plus le temps passe, plus notre position se dégrade. Avec pour horizon la rentrée dans 4 semaines, et 6 mois de saison froide en intérieur.
Visiblement, les bases sur ce qu'est une exponentielle de SARS-CoV-2 ne sont toujours pas acquises.

• Ça ne se calme pas tout seul
• Ça empire si on ne fait rien
• Ça finit, au bout d'un certain temps, par faire de gros dégâts

Exponentielle SARS-CoV-2 = bombe à retardement
De janvier à mars, nous avons été confrontés à la rouge : c'est l'extrême violence de cette exponentielle à pleine vitesse qui a déclenché la plus grande opération d'interventions anti-épidémie de l'histoire de l'humanité, avec des milliards de personnes appelées à se confiner.
5. C'est la rouge qui a fait la pandémie, dévasté New York (la courbe y était même encore plus violente) et tué 200 000 personnes en Europe ; c'est la rouge qui a ravagé Bergame au point où l'armée a dû venir évacuer les cercueils par camions.

6. La puissance de la rouge appelle, en miroir, une réponse à la hauteur de la menace : à problème extrême, solution extrême ; la vague colossale qu'elle lève menace de tout emporter, donc la plupart des pays ont confiné jusqu'à ce que ça se calme.
7. (On peut gérer autrement, mais il faut intervenir tôt ; or, faute de tests, beaucoup de pays n'ont rien vu venir avant l'exponentielle des hospitalisations…)

La vague a fini par refluer, laissant derrière elle des masses énormes de corps sans vie ou cassés.
8. Maintenant, les populations sont plus averties, on a compris qu'on ne pouvait pas laisser les gens s'asperger sans protection dans des lieux confinés et bondés où l'air ne circule pas, donc nous sommes confrontés à la courbe orange.
9. La courbe orange, c'est ce qui se produit après le déconfinement lorsque le taux de contact remonte dans la société alors que le niveau de prévention et l'efficacité du système dépister-tracer-isoler sont insuffisants (comme en France actuellement).
10. Le cas de la Floride illustre ce qui se passe quand on sous-réagit : à partir de fin mai, une cousine de la courbe orange y a travaillé à partir du réservoir qu'avait laissé un confinement médiocre (même s'il avait contenu le premier pic). Résultat 10 semaines plus tard :
11. Et ensuite, combien de semaines pour redescendre de là-haut ? S'ils ne finissent pas sur un plateau élevé comme après le premier pic… Et l'australopithèque trumpiste aux commandes veut déjà rouvrir les écoles — ça promet pour la suite.
12. En Floride, au départ, on a eu le droit au florilège de conneries habituelles : pas grave, ce sont les jeunes, peu de formes sévères ; c'est bien, ça fera de l'immunité de troupeau ; il n'y a pas de hausse des hospitalisations et décès ; c'est parce qu'on teste plus ; etc.
12b. Comme d'habitude, les charlatans et les laissez-fairistes avaient raconté n'importe quoi, et l'exponentielle des formes sévères, avec le délai attendu, avait bien fini par suivre celle des cas détectés.

Va-t-il se passer la même chose en France ???
Il faut arrêter la pensée magique : ce n'est pas parce qu'on teste plus que la hausse des cas enregistrée est un simple décalque.

En Australie, ils testaient encore plus après la fin de la 1è vague : il n'y avait rien, donc ils ne trouvaient rien jusqu'à ce que ça reparte.
14. Idem à New York, ils ont aussi énormément augmenté leur capacité de dépistage depuis l'hécatombe de la première vague : comme les cas étaient en baisse, ils trouvaient… une baisse.

Le dépistage n'invente pas les infections…

www1.nyc.gov/site/doh/covid…
15. Semaine après semaine, Santé Publique France a clairement répété que les infections augmentaient plus vite que le dépistage. Oui, on voit une part beaucoup plus importante des infections qu'au printemps, et tant mieux ! C'est notre chance pour contrôler l'épidémie.
16. Les défis liés à la courbe orange sont différents :

• ça grimpe moins vite, donc faux sentiment de sécurité ("on a le temps") ;
• le système de santé n'est pas menacé de saturation dans les 3 semaines, donc idem ;
• personne n'a envie d'intervenir (c'est l'été, etc.).
17. Tout ceci incite à l'inaction ou à la sous-réaction ; et pendant ce temps, l'exponentielle prend de l'ampleur. Beaucoup moins vite que la rouge, mais ça monte. Et, tout aussi sûrement, si on ne dévie pas de cette trajectoire, on finira dans le décor.
18. Le défi de la courbe rouge, c'était la survie immédiate ; le défi lié à la courbe orange, c'est celui de la coexistence avec le virus. Certains écueils à éviter restent identiques : la complaisance, la sous-estimation du virus, le défaut d'anticipation et de stratégie.
19. Outre les vies bousillées, la dégradation de la situation épidémique aura des conséquences bien concrètes sur ce qu'il sera possible de faire ou non dans les prochaines semaines. Par exemple, là, pour la réouverture des écoles à 100% à la rentrée, ça sent un peu le cramé…
20. Plutôt qu'avoir un débat sémantique DÉBILE pour savoir s'il faut appeler cela « rebond », « reprise » ou « deuxième vague », intervenons et faisons de la prévention pour ne pas voir l'exponentielle des formes sévères finir par suivre, fatalement, celle des infections.
Les formes sévères ne se limitent PAS aux hospitalisations ! Il faut arrêter de mentir aux jeunes en leur disant qu'au pire, ils n'auront qu'une grosse grippe. Ce n'est pas vrai, même des gens sans problèmes de santé, non hospitalisés peuvent faire des complications graves.
Le risque de décès sous 45 ans (~1 sur 10 000) n'est pas aussi élevé que chez les vieux, et tant mieux ; le risque bien plus grand pour cette classe d'âge, ce sont les séquelles. Combien sont conscients de ce risque ? Le silence à ce sujet doit cesser.

23. Il faut intervenir MAINTENANT.

L'équation est simple :

• plus on intervient tôt, plus vite on dévie de la trajectoire, plus tôt on cesse de dévaler la pente vers une position dégradée
• plus on attend, plus ça empire et plus il faudra avoir la main lourde pour corriger
24. Quand on grimpe, on met du temps à redescendre (ou alors, il faut y aller beaucoup plus lourdement sur les restrictions…). Pour annuler x semaines de croissance épidémique, en pratique, il faut souvent y > x semaines de décroissance. On est à x = 5 à 6.
25. Le degré d'intervention requis est déjà assez lourd, parce qu'il ne faut pas seulement stabiliser (R = 1) mais remettre l'épidémie en phase de décroissance (R < 1). En pratique, il faudrait redescendre jusqu'à un R à 0,7 ou 0,8 (à 0,9 la purge est lente)…
26. Bref, les mariages où les gens s'aspergent dans l'insouciance du monde d'avant, les bars avec 5 personnes au m², etc., ça va bien 2 secondes. On peut se voir, on peut s'amuser sans être dans le n'importe quoi total avec zéro effort.
27. Il n'y a pas 36 façons de baisser le R à court-terme :

• isoler plus tôt les malades (auto-isolement et traçage)
• meilleur niveau de prévention et de respect des mesures
• limitation des contacts (surtout les contacts à haut risque type soirées, etc.)
Plus les mesures de prévention sont suivies, moins les contacts posent problème, donc plus on peut avoir une vie presque ordinaire. Plus une partie de la population s'en fout, plus on va dans le mur. Il n'y a pas de « oui-mais-moi-je » dans cette affaire, nous sommes tous liés.
29. En Australie (où c'est l'hiver), 7 semaines d'une croissance proche de la courbe orange. Des restrictions étaient en place depuis 4 semaines, pourtant Melbourne vient d'être confinée plus durement (façon France en mars) pour plusieurs semaines. Avis aux amateurs.
30. Le débat sur le masque dans la rue me semble assez lunaire. On peut dire : c'est pour que les gens soient habitués ; pourquoi pas (par contre, dans les parcs et jardins, quel intérêt ?).

On peut dire : c'est par prudence dans les rues bondées ; pourquoi pas.
31. On pourrait aussi en rester à ces 2 principes simples :

Intérieur, entreprises, commerces et services = obligatoire
Interaction proche et prolongée avec une personne extérieure au foyer = recommandé
32. Mais c'est surtout un sujet secondaire : les contaminations ont lieu ailleurs. En tête de ce qui est recensé figurent les entreprises et les rassemblements privés (soirées, réunions familiales…). Quel est l'effet du masque dans la rue là-dessus ? Zéro.
De ce que je comprends, en entreprise on est encore sur la doctrine du masque facultatif s'il y a 1m de distance ? Ça n'a pas de sens, ça ne protège pas contre l'aérosolisation. Pas étonnant que les entreprises soient devenues #1 au palmarès des foyers…

juritravail.com/Actualite/info…
34. À la place du gouvernement, je ferais les choses suivantes :

• Annoncer franchement que l'épidémie est repartie.
35. Assez avec les messages contradictoires type « oui, faites attention, mais non il n'y a pas de deuxième vague, c'est sous contrôle, mais on vous en parle tout le temps quand même ». Dites clairement : c'est reparti, et il y a un risque de perte de contrôle dès ce mois-ci.
36. C'est le point le plus important, ce signal majeur de vigilance est la seule chose qu'on puisse faire pour atteindre les rassemblements privés (personne n'ira jamais fliquer les gens jusqu'à leur domicile, l'effort doit venir d'eux, par conscience et auto-discipline).
• Faire SÉRIEUSEMENT de la prévention, notamment sur l'auto-isolement des malades (qui ne va pas de soi). Il suffit d'une personne qui ignore ses symptômes — parce qu'il ne veut pas rater la fête, parce que c'est les vacances, etc. — pour contaminer plein de gens.
• Dire aux moins de 45 ans, et en particulier aux jeunes, qu'il ne faut pas prendre le virus par-dessus la jambe, même pour eux individuellement, car il peut y avoir des séquelles très invalidantes. SARS-CoV-2 n'est pas qu'un danger pour les vieux et les malades chroniques !
• Améliorer URGEMMENT le dépistage (problème chronique de sous-capacité qui engendre des délais). Si les résultats des tests arrivent trop tard, on ne fait que prendre acte de la progression de SARS-CoV-2 et le traçage perd en efficacité.
• Port du masque obligatoire et prévention en entreprise, aération des locaux.

• Les masques doivent être gratuits. C'est une dépense sanitaire d'intérêt général, elle doit être socialisée, les faibles revenus ont autre chose à faire du peu d'argent qu'ils ont…
• Limiter le nombre de clients dans les bars, demander aux gens de limiter le nombre d'invités à leurs évènements. Si les gens veulent faire les cons, qu'ils restent dehors, ça fera toujours moins de dégâts…
42. Il n'y a pas qu'un coût de l'action, il y a aussi — surtout — un coût bien plus important de l'inaction : plus de dégâts, des interventions plus lourdes pour corriger (devoir débrancher certains secteurs ou reconfiner), etc.
43. En ligne de mire, il y a la rentrée où l'on va rallumer l'énorme machine à contacts qu'est le système scolaire, qui fait caisse de résonance avec la circulation générale : peu de malades, peu de problèmes ; gros réservoir de malades, gros problèmes.

44. Là, il va falloir ramer pour ouvrir les écoles en septembre sans que des foyers poussent partout comme des champignons. Ouvrir les écoles, c'est facile. Ne pas devoir les fermer tous les 4 matins à cause de cas de Covid… c'est une autre paire de manches.
Pour tenter une estimation chiffrée.

En France métropolitaine, un peu moins de 27 000 personnes ont été testées positives entre le 13/05 et le 14/07 (données SI-DEP), pour un peu plus de 1700 décès entre le 27/05 et le 28/07, soit un taux de létalité sur cas recensés de 6,4%.
46. Le taux de létalité réel doit être autour de 0,6% {quelque part entre 0,4 et 0,8%}, 11 fois plus bas {entre 8 et 16}.

Ça donnerait 1700 décès = autour de 280 000 infections {entre 200 et 425 000 infections}, soit 0,4% de la population infectée entre le 13/05 et fin juillet.
47. Du 25/07 au 31/07, on a détecté en moyenne 1000+ cas/jour (SI-DEP, France métropolitaine) qui avaient été infectés ~10 jours plus tôt. Le taux de létalité sur cas recensés est descendu à un peu plus de 3% en juillet, donc on doit voir de 1 cas sur 4 à 1 cas sur 7.
48. Entre le 15/07 et le 21/07, ça nous ferait donc entre 4000 et 7000 infections/jour.

Depuis, exponentielle oblige, on a dû prendre un facteur 1,5 à 2, ce qui ferait entre 6000 à 10 500 (si facteur 1,5) ou entre 8000 et 14 000 (si facteur 2) nouveaux cas/jour actuellement.
49. Quelle que soit la valeur exacte, ça nous fait un nombre à 5 chiffres de malades (la période infectieuse dure autour d'une dizaine de jours) qui circulent actuellement en France et peuvent éclabousser leur entourage au gré de leurs contacts.
50. On imagine le plaisir que serait une rentrée avec (par exemple) 1 personne sur 500 contagieuse en population générale, dans des collèges et lycées qui brassent des centaines de personnes venant d'endroits différents. Loto Covid, à qui le tour ?
51. Bref, quand le gouvernement aura fini sa sieste estivale, qu'il n'hésite pas à intervenir pour interrompre le bouillon de culture en cours qui re-sème du virus partout en France.

Le confinement local fonctionne quand la flambée est locale. Si ça crame partout, eh bien…
[Version HTML] Sur le rebond épidémique estival en France.

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