Thread by @marine_roussill

Petit fil sur l’actualité britannique, très instructive sur l’avenir de notre système éducatif.

Le système britannique repose sur un bac à la carte, assez proche de ce que Blanquer veut imposer. Dans un système très inégalitaire, où l’enseignement public est déjà souvent la solution de ceux qui ne peuvent pas faire autrement, tous les bacs ne se valent pas.

Les universités sont elles aussi très inégalitaires. Oxford et Cambridge ont même un statut à part: les bacheliers ne peuvent se porter candidats qu’à l’une des deux.

Le système d’affectation/ sélection pour l’entree dans le supérieur, UCAS, est une sorte de version améliorée de Parcoursup.

À Oxford et Cambridge, le processus de sélection est long et complexe, il tient compte des notes des candidats, mais pas seulement: les enseignants de l’université se font envoyer des copies, puis auditionnent les meilleurs candidats...

Et en sélectionnent certains, sous réserve qu’ils obtiennent la meilleure mention au bac.

Cette année, COVID oblige, le bac a été donné au contrôle continu.
C’est exceptionnel mais ça ressemble beaucoup à ce que Blanquer voudrait généraliser chez nous.

Résultat:
- les notes sont plus hautes que d’habitude.
- le gouvernement trouve ça louche et veut baisser autoritairement les notes... mais pas partout ! Pas à Eton, pas dans les écoles d’elite. Dans les quartiers populaires.

Bac au contrôle continu + sélection à l’université = enseignement supérieur réservé aux privilégiés.

C’est ça que nous voulons ?

Au Royaume-Uni, et jusque dans une université d’elite comme Oxford, il y a des enseignantes qui se bagarrent pour que les étudiantes et les étudiants issues de quartiers populaires et d’écoles publiques puissent accéder à l’université et réussir.

Worcester College, après avoir fait la une des journaux de droite pour avoir bousculé quelques traditions réactionnaires, vient d’annoncer que les résultats du baccalauréat ne seront pas pris en compte cette année.

Sous la pression de la société, de plus en plus de mesures sont prises pour compenser le caractère inégalitaire de la sélection.

Mais il n’y a pas de sélection égalitaire. Et l’université ne peut pas compenser les effets d’un système éducatif inégalitaire depuis les premières années de scolarité.

Bref, si nous ne voulons pas mener ce combat impossible, battons nous maintenant: pas de bac au contrôle continu, pas de sélection à l’université, un diplôme national garantissant l’accès à l’enseignement supérieur dans une formation choisie.

L’article du Guardian sur le collège d’Oxford qui a décidé de ne pas prendre en compte les notes du bac. On y voit comment un collège qui a décidé de recruter dans les écoles publiques et les quartiers populaires doit se battre pour pouvoir le faire...

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