Thread by @alexiskarklins

Thread de rentrée sur une actualité bien triste. L’ignoble profanation du Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane, avec des tags révisionnistes, est une véritable saloperie. L’occasion de rappeler ce que fut cet effroyable massacre de la seconde guerre mondiale.
1/

2/ 6 Juin 1944. Les Alliés ont débarqué en Normandie pour tenter d’ouvrir un nouveau front et libérer l’Europe du joug nazi. Après quelques heures de flottement, le commandement allemand comprend qu’il faut mobiliser toutes les divisions disponibles en France.

3/ Parmi elles, la division Waffen SS Das Reich. Créée en 1938, cette division est l’une des plus anciennes des formations de la Waffen SS, la branche armée des forces nazies.

4/ Cette division a déjà été engagée sur différents fronts, notamment dans les Balkans puis sur le front de l’Est où elle a fait régner la terreur en exécutant massivement les populations civiles.

5/ Décimée en Russie, elle est relocalisée au printemps 1944 près de Bordeaux. Placée sous le commandement du général Heinz Lammerding et composée en partie de jeunes recrues, elle commet des nombreuses exactions dans le sud-ouest, notamment à Montauban.

6/ Le 8 juin, alors que la Résistance française multiplie les actions de sabotage et cherche désormais à retarder la remontée des troupes allemandes vers la Normandie, une partie de la division Das Reich se dirige vers Tulle et Limoges pour tenter de riposter.

7/ Lammerding, convaincu qu’il faut terroriser les civils pour réduire la résistance, ordonne des massacres, des pillages et des incendies. Le 9 juin, à Tulle, il fait ainsi pendre 99 otages aux balcons et aux réverbères de la ville.

8/ Le lendemain, le samedi 10 juin 1944, trois sections de la 3e compagnie du régiment blindé Der Führer atteignent le bourg rural d’Oradour-sur-Glane, dans le Limousin, situé à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Limoges.

9/ Oradour est alors une commune animée, avec commerces, artisans et écoles. Le recensement de 1936 y a comptabilisé près de 1600 habitants mais le bourg accueille également des réfugiés, des juifs et des étrangers ayant fui les persécutions.

10/ Lammerding a préparé un plan d’éxecutions avec ses officiers SS et la complicité de la milice. Vers 13 heures, environ 200 Waffen SS commandés par le capitaine Kahn se mettent en route vers Oradour.

11/ Les soldats encerclent d'abord le bourg avant de faire rentrer les premiers véhicules blindés. Les habitants pris au piège sont rassemblés sur le champ de foire sous le prétexte d'une vérification d'identité.

12/ Environ 180 hommes de plus de 14 ans sont séparés de force et répartis en six groupes dans des granges à travers Oradour. Les femmes, avec leurs enfants, sont conduites dans l’église.

13/ Vers 16 heures, les SS exécutent simultanément tous les hommes et incendient les granges. Pendant ce temps, ils font exploser l’église où ils ont placé du foin pour provoquer un feu suffocant. Les SS abattent systématiquement les survivantes ou celles qui tentent de fuir.

14/ Ils pillent ensuite le village et finissent de le détruire. Au total, ils laissent 642 victimes. Parmi elles, 246 femmes et 207 enfants, dont 6 de moins de 6 mois, brûlés dans l'église. Seule une trentaine de personnes parviendront à échapper au massacre.

15/ Marguerite Rouffanche, âgée de 47 ans en fait partie. Elle sera la seule rescapée de l’église. Son témoignage est bouleversant :

16/ "Entassés dans le lieu saint, nous attendîmes de plus en plus inquiets la fin des préparatifs auxquels nous assistions. Vers 16 h, des soldats âgés d'une vingtaine d'années placèrent dans la nef (…) une sorte de caisse assez volumineuse de laquelle dépassaient des cordons…

17/… Ces cordons ayant été allumés, le feu fut communiqué à l'engin dans lequel une forte explosion se produisit et d'où une épaisse fumée noire et suffocante se dégagea. Les femmes et les enfants à demi asphyxiés et hurlant d'épouvante…

18/ … affluèrent vers les parties de l'église où l'air était encore respirable. C'est ainsi que la porte de la sacristie fut enfoncée sous la poussée irrésistible d'un groupe épouvanté (…). Les Allemands abattirent sauvagement ceux qui venaient y chercher refuge.

19/ …Ma fille fut tuée près de moi d'un coup de feu tiré de l'extérieur. Je dus la vie à l'idée de fermer les yeux et de simuler la mort. (…) Ayant échappé à la tuerie et n'ayant reçu aucune blessure, je profitai d'un nuage de fumée pour me glisser derrière le maître-autel.

20/ (…) J'ai fait un saut de plus de trois mètres [par une fenêtre] puis je me suis enfuie jusqu'au jardin du presbytère. Ayant levé les yeux, je me suis aperçue que j'avais été suivie dans mon escalade par une femme qui, du haut de la fenêtre, me tendait son bébé…

21/…Elle se laissa choir près de moi. Les Allemands, alertés par les cris de l'enfant, nous mitraillèrent. Ma compagne et le poupon furent tués".

Les deux jours suivants, des groupes de SS reviendront pour enterrer les cadavres et rendre leur identification impossible.

22/ Le 10 juin 1944, Marguerite Rouffanche a reçu 5 balles dans les jambes et perdu son mari, son fils, ses deux filles ainsi que son petit-fils âgé de sept mois. Le massacre d’Oradour-sur-Glane demeure depuis l'un des "symboles" de la barbarie nazie.

23/ Le 16 juillet 1999, le Centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane fut inauguré par Jacques Chirac.

Pour en savoir plus et honorer la mémoire de ces Français massacrés par les nazis, voir le site très complet du Centre de la mémoire =>oradour.org

FIN

24/ Parmi les sources utilisées pour ce thread : oradour.org, herodote.net, France3-regions, ViaMichelin, Wikipedia, ystory, franceculture.fr, oradour-sur-glane.fr.