À la suite de l’explosion qui s’est produite au Liban, les voix s’élèvent dans le pays pour dénoncer l’oligarchie qui contrôle le pays et ses richesses. Un mécontentement qu’on observe également à Metz au XVe siècle. Un thread ⬇️! #histoire#medievaltwitter
Dès le Xe siècle, Metz fait partie de l’Empire romain germanique. Durant les trois siècles qui suivent, la cité messine s’affranchit progressivement de la tutelle de son évêque et de l’empereur, pour obtenir le statut de « ville libre d’Empire ».
Cela signifie qu’elle jouit de privilèges qui lui sont confirmés par chaque nouvel empereur, comme le droit de battre sa propre monnaie, d'avoir un sceau et ses propres institutions, en échange d’un devoir de fidélité et d’obéissance.
Dès le tournant du XIIIe siècle, la cité est marquée par la prédominance des "paraiges", initialement au nombre de cinq. Il s’agit de grandes familles influentes, autour desquelles gravite une importante clientèle d’amis et de parents.
Ces corps sont largement minoritaires dans la cité : à la fin du Moyen Âge, la population messine oscille entre 18 et 20 000 habitants, contre une centaine de membres seulement dans les paraiges. Soit environ 0,5% du total de la population...
Plus tardivement, à la fin du XIIIe siècle, un sixième paraige se forme, appelé le « Commun », regroupant le reste de la communauté urbaine qui était jusqu’alors exclu du gouvernement. On y trouve surtout des financiers et des marchands.
Les membres du gouvernement messin sont exclusivement issus de ces paraiges : le maître-échevin, chef de la cité, est choisi chaque année dans un paraige différent, tout comme les Treize jurés, qui gèrent la justice. Cette « république messine » est donc bien une oligarchie
En 1405, un soulèvement que l’on appelle la « Jacquerie » a lieu : après la levée d’un nouvel impôt, les gens du Commun s’insurgent, chassent les bourgeois de la ville, et gouvernent pendant neuf mois la cité à leur place.
Dès 1406, les bourgeois reprennent le contrôle. Jacques d’Esch, chroniqueur messin et membre de cette oligarchie, note que l’élite de la ville a « remis le commun dans une position de soumission, comme il se doit ».
Selon ces auteurs, l’oligarchie doit être préservée coûte que coûte, si on veut éviter que Metz ne sombre dans le chaos… Un tel balancement entre oligarchie et « commun » est assez caractéristique de la vie politique des communes de la fin du Moyen Âge.
Plus de vingt ans plus tard, un prédicateur franciscain, Guillaume Josseaume, se rend à Metz et, dans ses sermons, condamne le gouvernement des bourgeois de la ville, qu’il accuse de ne pas se soucier des pauvres gens.
Il prêche également pour une meilleure répartition du pouvoir. De tels sermons redonnent de la force aux marchands et aux gens de métier, qui s’assemblent rapidement. Josseaume est forcé de s’enfuir quand éclatent les premières émeutes... qui sont rapidement matées.
Ainsi, dans la Metz du XVe siècle, pas de violentes explosions, mais des tensions causant de multiples crises politico-économiques. En réaction à cela, les bourgeois préfèrent par la suite fermer davantage leurs corps, ce qui précipite encore leur déclin...
Un siècle plus tard, en 1552, la cité est annexée par la France. Si la république messine avait pu se réformer au cours du XVe siècle, son indépendance aurait-elle pu être préservée quelques décennies supplémentaires ? Peut-être...
Peut-être les oligarques libanais devraient-ils retenir la leçon que les Messins ont dû apprendre à leurs dépens, il y a un demi-millénaire, et porter davantage d’attention aux requêtes de leur peuple, avant que le pays ne sombre encore plus dans le chaos.
Connaissez-vous les 7 péchés capitaux ? C'est comme les 7 nains, généralement on en oublie un...
En 1475, un enlumineur propose une superbe version illustrée dans un Livre d'heures copié à Poitiers (@MorganLibrary MS M.1001).
Un thread ⬇️!
On commence par l'orgueil, en latin "superbia". Le péché est représenté par un beau jeune homme s'admirant dans un miroir, monté sur un lion. En bas, le démon associé au péché est Lucifer, pointant vers une femme dédaigneuse et méprisante...
Numéro 2, l'envie. Incarné par Belzébuth, ce péché est symbolisé par la pie (oiseau voleur) et, en bas, par des gens qui convoitent le bien d'autrui.
Au XVe siècle, on se met à imprimer un peu partout en Europe. Mais l'imprimerie coûte cher et se lancer dans l'aventure exige souvent de dresser un contrat précis entre imprimeur, auteur, éditeur, libraire... Un thread à partir d'un ouvrage récent ⬇️!
Catherine Rideau-Kikuchi édite ici des contrats d'imprimeurs, trouvés dans les archives de plusieurs villes du nord de la péninsule italique, entre 1470 et 1528. Bravo à l'autrice car les recueils de sources sont toujours précieux ! @EditionsCG
@EditionsCG Ici, focus sur un contrat du 22 mai 1499, conclu à Bologne entre Filippo Beroaldo, humaniste, professeur de rhétorique à l'université, et Benedetto di Ettore Faelli, libraire et imprimeur.
Le plus souvent, on y représente des animaux plus ou moins fantastiques et des scènes du quotidien.
Mais, quand on y regarde de près, on s’aperçoit que ces scènes cachent parfois... des violences sexuelles. Un thread ⬇️!
Je vulgarise ici un excellent et passionnant article écrit par @M_PerezSimon et Delphine Grenet @Grenet81020939, dans ce volume. Merci aux autrices qui me l’ont envoyé et ont relu ce fil ! Poke @RCPPMassoc
@M_PerezSimon @Grenet81020939 @RCPPMassoc Les autrices rappellent que ces scènes de violence n’ont le plus souvent pas été vues ni nommées par les chercheurs. Ainsi de cette sculpture de cheminée de Bruges, intitulée « scène de séduction », alors que les gestes de la femme montrent qu'elle repousse une tentative de viol.
Au VIIIe-IXe siècle, les conquêtes arabes balaient la planète. Une question se pose aux gens : faut-il se convertir ? Au milieu du IXe siècle, Hunayn ibn Ishaq, un médecin chrétien de la cour du calife, distingue 6 raisons de se convertir à l'islam. Un thread ⬇️!
Je tire ce thread du livre suivant : Etienne de la Vaissière, Asie Centrale 300-850 (@BellesLettresEd), plus précisément p. 452-457 !
@BellesLettresEd 1/ La force. Lors des conquêtes, les conquérants imposent souvent l'islam à la pointe de l'épée. Mais cela ne dure pas, et ensuite on n'a aucune trace de violence d'Etat généralisée. L'apostasie est en théorie punie de mort mais c'est rarement appliqué.
C'est en forgeant qu'on devient... forgeronne ! Eh oui, au Moyen Âge, on rencontre des femmes forgeronnes dans les sources : pas dans la fiction, dans la vraie vie. Des femmes qui travaillent le fer et le feu, fabriquant armes et outils...
Un thread ⬇️!
Ces forgeronnes sont peu nombreuses. C'est logique. Les sources médiévales s'intéressent le plus souvent aux hommes, aux chefs de famille, et par ailleurs les femmes sont exclues des guildes ou corporations, et donc des sources de ces institutions.
Mais on en croise de temps en temps ! Ainsi de cette "Alice la Haubergière", c'est-à-dire littéralement "la fabricante de hauberts", active dans les années 1300-1310 à Cheapside (Angleterre), ou de "Eustacha l'Armurière", active en 1348.
Y a-t-il un "techno-féodalisme" ? Cette comparaison est très présente en ce moment...
Petit fil pour montrer 1/ pourquoi le concept est peu pertinent scientifiquement et 2/ pourquoi cette comparaison s'inscrit dans une histoire longue du médiévalisme ⬇️
L’hypothèse du "techno-féodalisme" : l'économie numérique a régressé vers des sites privés, qui seraient en fait de nouveaux « fiefs », dirigés de manière autoritaire par des patrons (= les nouveaux seigneurs), imposant leurs outils aux usagers (= les nouveaux serfs).
Selon ces deux auteurs en particulier, cette nouvelle économie serait "féodale" car articulée autour de la recherche d'un monopole et d'une rente, et pas du profit. Les techno-seigneurs (= Musk) toucheraient une rente, tout en se déconnectant du système de production.