Nicolas Da Silva Profile picture
Sep 21, 2020 18 tweets 3 min read Read on X
Ils ne sont pas malades parce qu'ils sont les plus pauvres mais parce qu'ils sont les plus exploités.
#Covid_19

(Fil à dérouler)
Beaucoup de travaux montrent qu’il existe un lien statistique entre le niveau de revenu et la probabilité d’être atteint du covid-19.

legrandcontinent.eu/fr/2020/09/05/…
Ces travaux sont bien venus car ils éclairent dans le cas du covid-19 la réalité d'une inégalité sociale face à la maladie.
Néanmoins, ce n’est pas la pauvreté monétaire, c’est-à-dire le fait d’avoir peu d’argent, qui explique que l’on tombe malade du covid-19. Le virus ne regarde pas le compte en banque des gens.
La pauvreté monétaire n’est qu’un indicateur d’une réalité sociale plus importante : la place dans le rapport de production – autrement dit le capitalisme - et la capacité de résister aux ordres des propriétaires des moyens de production.
Le virus se diffuse par contacts longs et rapprochés et. Quelles sont les métiers qui supposent le plus de contacts non réductibles par le télétravail, la suspension de l’activité ou l'amélioration des conditions d’hygiène ?
L’hôtellerie-restauration, le transport et la logistique, les services à la personne, l’entretien, l’industrie agro-alimentaire, etc.
Dans tous ces secteurs, la grande mode du confinement a été de reconnaitre qu’ils étaient essentiels (donc impossible à suspendre ; stay at work !) mais très mal rémunérés.
Le rapport de force des travailleurs avec le capital y est défavorable depuis longtemps et il a été extrêmement difficile d’obtenir la suspension de certaines de ces activités, le télétravail ou le respect de conditions d’hygiène drastiques.
C’est d’ailleurs parce que le rapport de force y est défavorable que ces travailleurs ont aussi de petites rémunérations et peu de reconnaissance sociale.
Ces petites rémunérations impliquent que ces travailleurs habitent en périphérie, qu’ils utilisent plus souvent les transports en commun bondés et qu’ils vivent dans des logements surpeuplés.
Ce n’est donc pas la pauvreté qui rend malade, c’est l’intensité de l'exploitation.

Qu’est-ce que cela change d’un point de vue d’économie politique ?
L’augmentation des salaires est bonne à prendre mais elle ne changera pas les rapports de production et tout ce qu’ils impliquent de subordination dans la division sociale du travail.
La prise en charge gratuite des soins est bonne à prendre mais elle arrive trop tard : en quoi le fait de rembourser les soins gratuitement implique-t-il l'obligation de prendre un risque pour sa santé ?
Quand il faudra recommencer à envoyer les plus exploités en première ligne, rien n’aura changé d'un point de vu sanitaire...
... même si les salaires sont meilleurs, même si les soins sont gratuits.
D'où l'intérêt de focaliser l'attention sur les rapports de production plutôt que sur les inégalités monétaires qui n'en sont qu'une conséquence.
Ce n'est qu'en renversant les rapports de production qu'il sera possible pour les travailleurs de définir eux-mêmes sous quelles conditions le travail n'engendre pas de risques démesurés pour la santé - peu importe leur niveau de rémunération et la gratuité des soins.
La santé aussi c'est la lutte des classes.

• • •

Missing some Tweet in this thread? You can try to force a refresh
 

Keep Current with Nicolas Da Silva

Nicolas Da Silva Profile picture

Stay in touch and get notified when new unrolls are available from this author!

Read all threads

This Thread may be Removed Anytime!

PDF

Twitter may remove this content at anytime! Save it as PDF for later use!

Try unrolling a thread yourself!

how to unroll video
  1. Follow @ThreadReaderApp to mention us!

  2. From a Twitter thread mention us with a keyword "unroll"
@threadreaderapp unroll

Practice here first or read more on our help page!

More from @dasilva_p13

Jun 16
Quelques réflexions sur cette proposition de "mutuelle publique à 1€ par jour" pour les personnes "aujourd'hui sans mutuelle".

Au mieux rien de nouveau, au pire un recul.
1/11
C'est difficile d'émettre un jugement puisque les détails sont inconnus mais on a de bons indices. Le chiffre de 3 millions de personnes colle avec les dernières statistiques disponibles. Mais qui sont ces gens ?
D'après la dernière enquêtes IRDES, 3,6% de la population est sans complémentaire (2,5 millions de personnes). Ce sont les plus pauvres les plus touchés : jusqu'au 3ème décile de revenu leur taux de non couverture est plus élevé que pour le reste de la population. Image
Read 12 tweets
Jun 14
Fil sur le nouveau front populaire (1/19)

1. La nouveauté de la situation n’est pas d’abord le haut score de l’extrême droite mais la dissolution. En choisissant ce moment pour dissoudre, Emmanuel Macron créé une dynamique inédite pour l’extrême droite.
2. Dans ce contexte, les chances que l’extrême droite soit en position de former un gouvernement sont très élevées. C’est ce qu’il faut éviter.
3. Emmanuel Macron a déjà conduit une politique proche de l’extrême droite, pour ne pas dire plus. Une politique antisociale, autoritaire, raciste, etc.
Read 19 tweets
May 30
La menace qui pèse sur les arrêts maladie n'a rien à voir avec la responsabilisation de travailleurs coupables d'abus et de fraudes. Et c'est la Cour de comptes qui le dit.
Fil (1/16)
Le point qui ne fait pas débat est que les dépenses d'arrêt maladie ont fortement augmenté ces dernières années passant de 8,2 Mds en 2017 à 12,6 Mds en 2022 (+53,6%). Image
Dans son rapport sur l'indemnisation des arrêts de travail, ce que fait d'utile la Cour des comptes est d'expliquer pourquoi cette hausse.
Plusieurs raisons sont évoquées, aucune ne concerne les abus ou la fraude. L'évolution est expliquée par des causes structurelles.
Read 16 tweets
Feb 29
Quelle que soit la manière dont on compte, la Sécurité sociale est toujours plus efficace que les complémentaires santé.
Un petit fil (1/7)
🧶 Image
En moyenne, les frais de gestion des complémentaires santé s'établissent à 19%.
Cela veut dire que sur 100 € hors taxe, les complémentaires prennent 19 € pour les divers frais de gestion et 81 € reviennent aux cotisants sous forme de prestations. Image
Cependant, lorsque l'on souscrit à une complémentaire santé, il faut aussi payer une taxe. Il n'y a pas de TVA mais une TSA : taxe de solidarité additionnelle. Le plus souvent 13,27%.
Sur 100€ dépensé par le cotisant... seulement 70,25€ lui reviennent. Image
Read 7 tweets
Feb 22
C'est une super question. Et pour y répondre il faut plutôt inverser le raisonnement : qui a créé le secteur 1 ?

Car d'une certaine manière, le cas normal en France est la liberté tarifaire, pas le tarif opposable.

Un petit fil🧵
Même si le principe de conventionnement existe depuis 1928-30, les syndicats majoritaires refusent de signer dans de nombreux départements jusqu'en... 1960 sous un gouvernement de De Gaulle.
Il contourne les syndicats par des conventions individuelles.
Ce n'est qu'en 1971 qu'on a la 1ère convention nationale avec tarif opposable uniforme sur le territoire.
Le tarif opposable est quelque chose très récent !
Et qui n'a pas duré très longtemps...
Read 11 tweets
Feb 6
3 citations (Castel, Piketty et Lordon) qui expliquent à quel point la construction de l’État social en France doit à la guerre plus qu'à la bienveillance des classes dominantes vis à vis des personnes en souffrance ou aux outils de démocratie représentative :

1/4
Robert Castel : jusqu'en 1914, l’État social ce ne sont que des discours. « Un tel résultat, si laborieusement acquis, peut paraître assez dérisoire. Les pensions de retraite étaient à peine supérieures à l’allocation pour vieillards indigents votée en 1905. De surcroît, à peine le cinquième des 7 millions de bénéficiaires potentiels furent effectivement couverts par la retraite, et le principe de l’obligation lui-même fut bientôt contourné. En y ajoutant la loi de 1898 sur les accidents du travail et les différentes lois qui ouvrent un droit au secours à certains catégories d’indigents incapables de travailler, on a pourtant là l’essentiel de la législation de p...
Thomas Piketty : "Le paradoxe, c’est que les institutions sociales-démocrates ne sont pas le produit du socialisme démocratique et électoral." Le paradoxe, c’est que les institutions sociales-démocrates ne sont pas le produit du socialisme démocratique et électoral. Les institutions sociales-démocrates ne sont pas arrivées simplement parce que le suffrage universel aurait conduit les électeurs à voter pour les sociaux-démocrates, et tout cela se serait passé de façon apaisée. Cela ne s’est pas passé comme ça. Cela a pris place dans la fureur des guerres, des rapports de force, des crises, de la pression communiste. J’insistais déjà nettement sur ce point dans Les hauts revenus en France au xxe siècle.
Read 5 tweets

Did Thread Reader help you today?

Support us! We are indie developers!


This site is made by just two indie developers on a laptop doing marketing, support and development! Read more about the story.

Become a Premium Member ($3/month or $30/year) and get exclusive features!

Become Premium

Don't want to be a Premium member but still want to support us?

Make a small donation by buying us coffee ($5) or help with server cost ($10)

Donate via Paypal

Or Donate anonymously using crypto!

Ethereum

0xfe58350B80634f60Fa6Dc149a72b4DFbc17D341E copy

Bitcoin

3ATGMxNzCUFzxpMCHL5sWSt4DVtS8UqXpi copy

Thank you for your support!

Follow Us!

:(