Thread by @sophparm

Jour 20, semaine 5 au procès des #AttentatsJanvier2015. Aujourd'hui, des enquêteurs vont continuer à décortiquer la téléphonie des accusés en lien avec les auteurs des attentats, surtout avec Amedy Coulibaly qui avait 17 téléphones. Plusieurs de ses amis sont dans le box.

Voici le compte-rendu web @franceinter du jour 19 signé @ChPiret avec les dessins de Matthieu Boucheron. franceinter.fr/justice/proces…

L'audience reprend, jour 20.

L'audience reprend avec la prise de parole d'un avocat de parties civiles. Des avocats de victimes de l'#HyperCacher ont été absents hier en raison d'une fête religieuse, Yom Kippour. Certains voulaient qu'il n'y ait pas d'audience ce jour-là, idée rejetée car procès républicain.

Me Metzker s'émeut des propos tenus hier par Me Coutant-Peyre, avocate du principal accusé : hier elle avait déclaré que les participants à cette fête religieuse devraient être testés au Covid, affirmant que l'épidémie avait démarré l'an dernier avec un rassemblement religieux.

Me Metzker : "Je vous avoue franchement je n’ai pas fait le test. Et je n’accepterai pas que l’on stigmatise la communauté juive à cette audience".

Un autre avocat enchaîne : "Beaucoup sont tombés de l’armoire. Est-ce qu’il est possible d'avoir ces propos devant une cour d’assises ?" Il parle "d'ignominie".
"Les choses ne peuvent pas se passer comme ça monsieur le président".

Le président, Régis de Jorna, qui n'a pas relevé l'incident hier, rappelle aujourd'hui "la libre expression d’un avocat, mais l’avocat doit savoir respecter dignité, honneur, délicatesse".

Un avocat de parties civiles met en cause Me St Palais, à la tête de l'association des avocats pénalistes, pour n'avoir pas protesté contre ces propos. Me St Palais s'emporte contre une "accusation d'antisémitisme" et réplique j’estime avoir été mis en cause de manière vexatoire"

Une enquêtrice est appelée pour décrypter la téléphonie d'un des accusés : Mickaël Pastor Alwatik, l'accusé qui a été malade la semaine dernière et qui est poursuivi pour ses échanges téléphoniques avec le terroriste Amedy Coulibaly.

L'enquêtrice rappelle que M. Pastor Alwatik et Coulibaly se sont rencontrés en prison, à Villepinte, à la section buanderie, comme d'autres accusés.

Et elle détaille des sms envoyés entre Coulibaly et M. Pastor Alwatik le 3 janvier 2015, alors que Coulibaly s'est rendu en Belgique. Elle soupçonne Alwatik d'avoir été impliqué avec d'autres, autour de la Clio qui a servi à se rendre à l'Hyper Cacher le 9 janvier 2015.

Le 4 janvier 2015, M. Pastor Alwatik a affirmé aux enquêteurs qu'il ne pouvait pas être impliqué car il avait rendez-vous chez un sophrologue, rendez-vous confirmé mais plus tard dans la journée, pas à l'heure suspecte aux yeux des enquêteurs.

L'enquêtrice détaille les créneaux horaires auxquels M. Pastor Alwatik est localisé près des mêmes relais qu'Amedy Coulibaly dans les jours précédant les attentats.

Elle détaille les connexions téléphoniques de deux autres accusé Saïd Makhlouf et Amar Ramdani, les semaines précédant les #AttentatsJanvier2015.

Un autre enquêteur antiterroriste arrive à la barre pour décortiquer les fadettes d'accusés. D'abord celle d'Amar Ramdani.

Les enquêteurs ont trouvé un boitier téléphone, 15 cartes sim. Puis 7 autres lignes pour échanger sa compagne de l'époque Emmanuelle C, elle était alors gendarme.

Les enquêteurs ont encore découvert d'autres lignes d'Amar Ramdani, jusqu'à 31 lignes différentes. "On a très vite compris des utilisations différentes : "lignes dévolues cercle amical et relations amoureuses" et "les autres pour les activités illicites".

Ces activités illicites réalisées avec un des accusés, Saïd Makhlouf. Amedy Coulibaly était aussi un des correspondants de Ramdani. Ramdani qui n'avait aucune ligne à son nom, "que des identités erronées" dit l'enquêteur.

Ces 15 cartes SIM ont été utilisées en trois mois, certaines n'ont été utilisées que deux jours. La dernière ligne utilisée du 2 au 13 janvier 2015.

Un boitier utilisé jusqu'au 9 janvier, "utilisation singulière, clairement l'idée est de compartimenter ses activités".

L'enquêteur explique que Coulibaly était "un correspondant privilégié" de Ramdani.

L'enquêteur précise : "tous les relais excluent la proximité d’Amar Ramdani sur les scènes de crime". Il a été un temps suspecté d'avoir tiré sur le joggeur Romain le 7 janvier 2015 au soir. Romain avait cru le reconnaitre sur photos. L'enquête a innocenté Ramdani pour ce crime.

Amar Ramdani n'est pas absolument pas jugé ici pour cette tentative d'assassinat sur le joggeur, mais pour association malfaiteurs terroriste, pour son aide présumée à un terroriste de janvier 2015, Coulibaly qui était son ami.

L'enquêteur note que le soir du 9 janvier 2015 (après l'assaut de la police qui a tué Coulibaly à l'Hyper Cacher), la téléphonie prouve que Ramdani a rencontré Makhlouf dans une zone industrielle, "ils vont mettre fin à leurs lignes et plus de communication entre eux".

L'enquêteur note qu'ils se sont rendus dans cette zone industrielle en empruntant "des véhicules de voisins" ce qui révèle "une volonté de discrétion de cette entrevue" entre Ramdani et Makhlouf le 9 janvier 2015 au soir.

Un seul rendez-vous a été établi entre Coulibaly et Ramdani, dit l'enquêteur.

Une avocate d'Amar Ramdani, Me Daphné Pugliesi fait remarquer à l'enquêteur qu'on peut analyser la téléphonie subjectivement. Elle démontre : l'enquête met en relief les jours où Ramdani et Coulibaly se sont appelés et l'enquête note que c'est suspect que les appels aient cessé.

Me Daphné Pugliesi fait judicieusement remarquer qu'en décembre 2014, il y a aussi plein de jours où son client, Amar Ramdani n'a pas échangé avec Amedy Coulibaly.

Et pourtant, elle note que son client envoyait des tas de sms, 9000 sur une ligne, or il avait 31 lignes... Elle dit que le sms est un mode de communication qui ne prouve pas grand chose, dit que son client écrivait surtout pour dire "t'es où ?" "tu viens ?", ect.

Me St Palais, l'autre avocat d'Amar Ramdani demande à l'enquêteur de rappeler dans quelle affaire son client a été arrêté. L'enquêteur, spécialisé dans l'analyse téléphonique, ne sait pas. Précise que d'autres enquêteurs savaient.

Me Saint-Palais rappelle que Amar Ramdani a été arrêté pour une affaire de trafic de drogue et armes de guerre en Espagne. En fait, c'était une usurpation d'identité prouvée par l'enquête mais Ramdani a ensuite été mis en examen pour les #AttentatsJanvier2015.

L'enquêteur affirme : "ça n’a pas influencé notre analyse". Les avocats d'Amar Ramdani en doutent.

Question sur la carte sim détruite. Pour l'enquêteur, "quand on met fin à sa carte sim, volonté de tout couper pour remonter". Pour l'avocat, "c'est le comportement d'un délinquant qui veut mettre fin à son lien avec Coulibaly".

L'audience est suspendue jusqu'à 14h15.

Petit rectificatif avant que l'audience ne reprenne. C'est bien une Renault qui a servi à Coulibaly pour se rendre à l'Hyper Cacher, le 9 janvier, mais pas une Clio comme je l'ai écrit ce matin. La Clio a seulement servi à M. Pastor Alwatik pour se rendre chez le sophrologue...

C'est avec une Mégane Scénic que Coulibaly s'est rendu à l'Hyper Cacher...
Durant les jours et semaines qui viennent, les audiences ont décortiquer chaque complicité présumée autour de ces voitures, des armes...

L'audience reprend.

Un enquêteur de la brigade criminelle revient à la barre, comme hier. Pour parler cette fois des premières gardes à vue dans cette enquête. Il parle d'abord de Mickaël Pastor Alwatik identifié le 14 janvier 2015.

Son ADN a été retrouvé sur deux armes en possession de Coulibaly et un gant, notamment. Mickaël Pastor Alwatik a été interpellé à son domicile d'Epinay-sur-Seine le 16 janvier 2015.

L'enquêteur à la barre rappelle que M. Pastor Alwatik a été incarcéré dans une autre affaire, à Villepinte, entre 2010 et 2013. C'est là qu'il a connu Amedy Coulibaly.

Mickaël Pastor Alwatik baisse beaucoup la tête dans un angle du box, pendant que l'enquêteur de la Crim parle de lui à la barre.

Durant ses quatre jours de garde à vue, M. Pastor Alwatik se décrivait "comme un musulman pratiquant mais qui fumait, se droguait, avait des copines. Il se déclarait contre l'#EI, contre le djihad ajoutant que sa soeur était juive" dit l'enquêteur de la Crim.

M. Pastor Alwatik "déclarait qu'il avait visionné en compagnie de Coulibaly des vidéos sur la situation en Syrie, en Irak et en Birmanie. La cause des Rohingyas" intéressait Amedy Coulibaly selon un accusé dit l'enquêteur.

L'enquêteur dit que M. Pastor Alwatik n'est allé qu'une seule fois à Fontenay chez Amedy Coulibaly sans rentrer dans l'appartement.

M. Pastor Alwatik a dit en garde à vue que jamais il n'aurait pu imaginer que Amedy Coulibaly allait commettre ces attentats au mois de janvier 2015.

L'enquêteur explique que M. Pastor Alwatik a mis du temps avant d'admettre que lui aussi répondait aux messages d'Amedy Coulibaly.

L'enquêteur, sur M. Pastor Alwatik : "lorsqu'on a saisi son téléphone portable on a essayé de retrouver des traces de sms échangés et ils avaient été pour la totalité effacés, toutes les données avaient été effacées".

M. Pastor Alwatik dit alors aux enquêteurs qu'il le fait régulièrement, effacer ses données. Pour un prétendu problème de mémoire.

L'enquêteur, sur M. Pastor Alwatik : "Quand on lui parle des armes, il tergiverse. Et finit par admettre que le 5 janvier 2015, Amedy Coulibaly est venu le chercher en Seat et ils sont partis ensemble en voiture sans but réel nous dit-il faire le tour de Paris".

Lors d'une halte, M. Pastor Alwatik aurait acheté des bondes d'évier (retrouvées) et en les mettant dans le coffre alors que Coulibaly n'était pas là, il a vu "5 ou 6 sacs de sport avec deux armes, il s’en saisit, les remet dans le sac, qu’il referme". Selon lui, en garde à vue.

Le téléphone de M. Pastor Alwatik, ce soir-là, borne près de chez Amedy Coulibaly.

La veille, le 4 janvier, il a donc conduit cette fameuse Clio (ndlr : qui n'a pas été utilisée pour l'Hyper Cacher) avec laquelle il a été flashé allant chez le sophrologue. Cette Clio a ensuite été garée puis est devenue introuvable.

Le soir du 6 janvier, M. Pastor Alwatik finit par admettre que Amedy Coulibaly est venu chez lui le soir mais il aurait refusé d'ouvrir la porte lui disant que après ce qu’il avait vu la veille, les armes dans le véhicule, il veut cesser cette relation avec lui, dit l'enquêteur.

L'enquêteur : "les jours suivants, nous n’avons établi aucune rencontre, aucun contact téléphonique avec Amedy Coulibaly n’a plus essayé joindre Pastor Alwatik".
Lequel n'a jamais essayé de rappeler Amedy Coulibaly.

L'enquêteur s'étonne que lors de sa garde à vue, Mickaël Pastor Alwatik n'ait jamais dit qu'il connaissait Amar Ramdani, "alors qu’il le connaissait très bien, Ramdani était à son mariage". 590 échanges téléphoniques entre eux.

L'enquêteur sur M. Pastor Alwatik : "quand on lui soumet l'intégralité de son répertoire téléphonique, à
"Amo" il nous dit que c'est un garagiste de Montmorency or c’était le numéro de Amar Ramdani qui était tout sauf garagiste à Montmorency".

A propos du mariage de M. Pastor Alwatik, l'enquêteur rappelle que ce mariage a eu lieu sur conseil du couple Coulibaly-Boumeddiene. Pastor Alwatik n'avait pas rencontré son épouse avant. Ils se sont séparés au bout de quelques mois.

L'enquêteur explique que ladite épouse aurait été "trop religieuse" pour M. Pastor Alwatik et précise que l'accusé était fusionnel avec sa mère et que sa mère était contre ce mariage "avec une ninja" a-t-il été rappelé au début du procès, la mariée portant une burqa.

A ce mariage, avait été invité Mohamed Belhoucine, un des accusés absents de ce procès, présumé mort en Syrie où il a accompagné Hayat Boumeddiene, veuve d'Amedy Coulibaly, elle aussi accusée. Elle, est en fuite.

Me Coutant-Peyre à l'enquêteur : "donc vous êtes fonctionnaire de la brigade criminelle"...
Flottement dans la salle.
L'enquêteur : "je crois qu'il a été répondu à cette question", il était déjà là hier...

Et elle lui demande s'il a reçu une formation sur la religion, lui qui en parle à propos des accusés. Il répond que les fonctionnaires de police ont reçu une formation "élémentaire" dans ces affaires de terrorisme islamiste où des terroristes disent qu'ils tuent au nom d'Allah.

Courte suspension d'audience, lors de laquelle une avocate dit à un accusé "ça vous va bien, la moustache ! vous changez de style comme ça !" Sous les masques, on ne voit ni barbes ni moustaches, pendant l'audience.

Et l'audience a repris avec l'enquêteur de la Crim qui évoque les liens entre Mickaël Pastor Alwatik et Amar Ramdani.

Il rappelle que Amar Ramdani interpellé le 23 janvier pour trafic de stup et trafic d'armes. Dans lequel il sera blanchi puisque usurpation d'identité. La téléphonie (ses 31 lignes) le relie alors à Pastor Alwatik et Saïd Makhlouf, entre autres.

Et l'enquêteur redit ce que sa collègue a déjà dit ce matin, sauf que lui est à la barre, elle était derrière l'écran brouillé par un voile blanc, anonyme.

Puis Me Daphné Pugliesi et Me Saint-Palais, avocats d'Amar Ramdani, enchaînent une batterie de questions embarrassantes pour l'enquêteur. Parmi lesquelles...

Me St Palais : "vous avez écrit que sa cellule était mitoyenne d'Amedy Coulibaly à Villepinte".
"En réalité Amar Ramdani était dans un autre bâtiment" affirme Me Saint Palais.

L'audience est suspendue jusqu'à demain 9 heures 30, pour le jour 21. Compte-rendu web @franceinter du jour 20 à venir dans la soirée sur ce fil...

Voici le compte-rendu web @franceinter du jour 20 au procès des #AttentatsJanvier2015. Avec les dessins de Matthieu Boucheron.
franceinter.fr/justice/proces…