Aujourd’hui Grand Thread : Quelles sont les étapes pour développer l’Extrême-droite dans une communauté ? Comment développer une idée d’ED ?
Je vous fais part de mon expérience Twitter depuis plusieurs années u_u
De l'élection 2012 en France, puis surtout depuis celle de 2017.
Depuis plusieurs mois je suis aussi des comptes de personnes apolitiques vulnérables (qui peuvent facilement tomber dans l’extrême-droite) et j’ai même créé un compte secondaire pour suivre les principaux comptes d’extrême-droite (des “sceptiques” à la franche fachosphère).
Voici le terrain idéal pour rendre d’extrême-droite une communauté :
-Apolitisme/Ignorance
-Désinformation
-Exclusion
-Humour
On va voir les différentes étapes une à une.
Afin de simplifier l’explication, on va prendre une idée qu’on peut classer très à droite et essayer de la normaliser : Le droit de faire rouler des 4x4 dans les centre-ville piétons. Je choisis ce thème car moins choquant. Il est évident que ça fonctionne avec d’autres thèmes.
Etape 1 : Déplacer la fenêtre de discours
La Fenêtre d’Overton est l’allégorie rassemblant les idées comme étant acceptables. Le but étant de faire de l’idée d’extrême-droite comme étant une norme. Pour cela, on doit définir quelles sont les deux extrêmes.
Extrême-droite : On peut mettre en avant qu’il existe des idéologies bien pires que la nôtre : Comme détruire les centre-ville historiques pour y construire des axes routiers. Notre idée semblera donc bien plus modérée. C’est toujours important de montrer qu’il y a pire.
Ce type de discours est souvent utilisé temporellement et spatialement. Les Nazis et la Corée du Nord sont souvent des excuses pour montrer qu’on peut faire pire et que tant qu’on atteint pas ce stade, ça va.
Extrême-gauche : Face à une ED, les idées plus à gauche sont elles aussi dénaturées. L’interdiction des voitures en centre-ville, la piétonisation des rues passent pour des idées d’un autre extrême. Même la simple interdiction des 4x4 passe pour quelque chose d’idéologique.
Normalisation : L’idée soutenue doit devenir une norme. C’est pour cela qu’il faut parler d’idéologie quand on parle des idées plus extrêmes. Autoriser les 4x4 c’est normal. Interdire les 4x4 c’est un dogme anti-4x4. Raser une ville pour y construire des routes c’est un dogme.
Etape 2 : Notion des blocs
Il est important de faire croire que Gauche et Droite sont des blocs idéologiques. Parfois unis et parfois subdivisés en plusieurs sous-blocs. Vouloir piétonniser les rues fait partie du bloc GAUCHE.
Construire une route en plein centre-ville fait partie du bloc DROITE. Nous on est à part. Mettre en avant cette notion de blocs idéologiques fait croire qu’ils sont immuables, qu’ils n’ont pas vraiment d’avis et qu’ils ne font que suivre des dogmes.
Au contraire, nos idées passent pour plus ouvertes. Comme un entre-deux. Plus libre. C'est notamment le discours qu'avait DdE et qui passe pour plus rationnel, plus neutre, etc.
Le discours doit aussi créer une confusion : Les bolchéviques, les SJW, le Parti Socialiste, la Corée du Nord. Tout cela se retrouve dans un même bloc dit de Gauche et se responsabilise des uns des autres. Tu es pour la piétonisation ? Tu es de gauche ? Tu pour la Corée du Nord?
Etape 3 : Renier les sciences sociales
Les choix de la gauche sont souvent amenée suite à des études sociologiques ou urbanistiques (pour la piétonisation). Ces sciences ne doivent pas être prises au sérieux. A l’aide des blocs on dit que la socio est progauche et non neutre.
La socio devient un outil au service d’un bloc idéologique plutôt que cherchant à comprendre la société (en réalité c’est l’inverse qui se produit, la gauche prend en compte la sociologie). Cela permet de la catégoriser comme un dogme au même titre que les religions etc.
Etape 4 : Les extrêmes se rejoignent
Il est important de considérer qu’être modéré est positif et être dans l’extrême est négatif. Le point Staline est important pour cela. L’ED c’est le mal car on a vu avec les Nazis mais l’extrême-gauche aussi car on l’a vu avec Staline. Etc.
L’important n’est pas de comprendre comment Staline pourrait être d’extrême-gauche avec ce qu’il a fait. C’est se dire qu’il est d'extrême-gauche et qu’il l’est tellement qu’il est arrivé à un point de non retour qui le rend comparable aux Nazis.
Dans les faits, le stalinisme peut être vu comme un communisme d'extrême-droite. Et c’est pour ça qu’il est important d’avoir une communauté apolitique, car c’est plus simple de lui parler de blocs idéologiques sans lui faire comprendre pourquoi tel bloc et tel bloc ?
Il est plus simple de placer Staline dans le Bloc Extrême-gauche et de punir d’un coup de nombreuses branches d’idées plutôt que de chercher à expliquer comment catégoriser politiquement point par point Staline.
Etape 5 : La désinformation
Une fois que la notion de gauche/droite reste assez peu claire pour la communauté qui se pense allant au-delà de ces blocs imaginaires. Il est important de décrédibiliser la concurrence. Elle sera à gauche bien sûr.
Il n’y a en effet aucune concurrence à droite, car elle n’existe pas. Elle ne sert qu’à faire croire que notre idée est modérée. La vraie concurrence est donc celle à gauche. Pour cela, le meilleur outil reste la désinformation et l’humour.
La désinformation se pratique en partageant des articles qui parlent de faits divers qui peuvent déranger l’opposition ou du moins conforter notre camp. Exemple : Un fait divers qui parle d’un cycliste qui a blessé une vieille dame en lui fonçant dessus.
Dire qu’un 4x4 aurait fait bien plus attention, alors que les cyclistes se croient tout permis, etc. Bref, il est assez facile de se créer un ennemi commun en mettant en avant dès qu’il y a un fait divers arrangeant. Sites de désinformation et journaux réputés y participent.
Etape 6 : L’amalgame
J’en avais déjà un peu parlé pour les blocs, mais on en retrouve dans la notion de décrédibilisation. Par exemple pour la piétonisation, on peut parler de personnalités politiques qui y sont favorables et parler en même temps de leurs casseroles, etc.
On peut aussi se rappeler de la comparaison avec la Corée du Nord sans voiture. La piétonisation est signe de suppression de liberté et en Corée du Nord on a des rues sans voitures, etc. Bref, ces amalgames fonctionnent avec certains publics peu instruits.
Etape 7 : La liberté
Comme toujours, la liberté est une notion qui doit être mise en avant pour rassurer sa communauté. Vouloir des 4x4 en centre-ville, c’est aussi une liberté pour pouvoir circuler avec son 4x4. Les interdire, c’est l’inverse de la liberté.
Il est évident que la liberté s’arrête où commence celle des autres doit être arrangée pour notre idée politique. Et vu qu’on a aucune notion de sociologie, vivre-ensemble, etc. On peut se permettre de choisir comme on veut quelle est la bonne liberté.
Etape 8 : Humour
A l’extrême-droite il n’existe pas vraiment de débat. Car on n’est surtout dans une sphère apolitique. L’humour peut donc être un dénominateur commun pour créer des stéréotypes chez la concurrence et conforter ses idées.
Ce génial thread résume bien comment avec seulement l’humour on peut faire basculer à l’extrême-droite toute une communauté dans un forum populaire et apolitique. Et ce, sans jamais débattre sur les idées.
Etape 9 : Exclusion
Sentiment très important, c’est celui qui aide la plus une communauté à se sentir oppressée et à sombrer dans l’extrême-droite. Parfois, elle peut juste aider à valoriser les idées.
Dans le cas de la piétonisation on peut dire qu’elle permet une gentrification des centre-villes et donc une division encore plus grande entre les riches et les pauvres. Bref un discours de gauche.
En fait, l’exclusion sert à avoir des discours de gauche mais seulement ceux qui vont arranger l’idée de départ qui est à droite. C’est dans ce cadre qu’on parle des “bobos” et de cette différence entre les blocs de droite plus pauvre et les blocs de gauche riches.
Cela permet aussi de parler d’injustice, de se rendre compte que son idée n’est pas si gênante et que c’est le bloc opposé qui est déconnecté. Etc. Il est important de pouvoir rassurer sa communauté via ce prisme.
Conclusion : Ces étapes ne suivent pas un ordre précis. L’important c’est de jouer sur le long terme sur une communauté en partageant ses idées et ses déformations. C’est jouer sur l'ignorance de sa communauté, etc.
On dépend aussi beaucoup de sa communauté et plus elle devient réactionnaire et plus on le devient aussi pour pouvoir y rester intégrer. Les notions d’exclusion et liberté aidant à la rendre toujours plus réactionnaire.
On est sur internet pour le moment, on ne sait pas encore comment elles se développeront ailleurs. L’ED est très variée et il est rare que tous les profils soient d’accord entre eux. Beaucoup se disent comment étant contre l’ED car à l’origine c’est des profils apolitiques.

FIN

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