Thread by @WorldKnownledge

[Thread]

Douze biais cognitifs, en définition et en exemple.

I/ L'effet de simple exposition.

Cet effet nous dit, par l'emploi d'expérimentations, que, généralement bien sûr, plus nous sommes exposés à un stimulus précis (un produit, un slogan, une voix) plus nous avons tendance à l'apprécier. C'est une expérience de Robert Zajonc qui

a permis de mettre en lumière ce fait. Il est probable que ce phénomène, qui se confirme (par les pubs et les services marketing qui l'emploient tous les jours) aisément, nous vienne de nos ancêtres qui avaient un besoin de différencier le connu de l'inconnu, d'avoir des repères.

C'est un effet qui s'expérimente aussi sur les réseaux sociaux, mais qui se doit d'être nuancé par le contenu de ce à quoi l'individu est exposé. Il paraît peut probable qu'on prenne plaisir à regarder des tueries de masse à répétition, par exemple.

II/ Le biais d'attention.

Celui là, tout le monde le connait car il relève de la logique simple. Il nous dit tout simplement qu'on relève beaucoup plus facilement les informations qui nous intéressent ou nous concernent plutôt que les autres. Il est cependant important d'en

parler car les biais d'attention sont parmi les premiers responsables des crises paranoïaques ou des dépressions. En effet, en situation de dépression les personnes ont tendance à se concentrer sur ce qui va mal plutôt que sur le reste : il s'agit d'un biais d'attention.

III/ L'aversion à la dépossession

Principalement étudiée en finance comportementale et en économie, l'aversion à la dépossession étudie l'attachement psychologique de l'individu à sa possession (voiture, immeuble) qui trouble sa rationalité en période de crise : quand la valeur

du bien diminue considérablement, l'individu n'en tient pas compte car il "aime" son bien. Ainsi, l'individu n'estime pas son bien à la bonne valeur, lui donnant plus d'importance qu'il n'en a factuellement. C'est un biais qui nous touche tous, moi par exemple, mon Fifa 12, je

lui donnais une valeur de malade, mais Micromania m'a clairement fait comprendre que j'étais victime d'une aversion à la dépossession.

IV/ Le biais d'ancrage.

Théorisé notamment par Tversky et Kahneman, c'est le biais qui nous explique que généralement, lorsqu'on doit prendre

une décision, on va retenir la première information qu'on a sous les yeux plutôt qu'une autre. C'est en quelque sorte l'erreur de la première impression, ce qui explique que vous détestiez Louis parce qu'il ne vous a pas dit "Salut" le premier jour alors qu'il vous a pas vu.

V/ Le biais de confirmation.

C'est celui qui peut vous rendre très vite insupportable et qui est également une caractéristique d'une immense majorité de la population. Oui, je parle bien du fait de privilégier les sources d'informations qui confirment nos hypothèses en ignorant

totalement les autres sources, qu'elles soient neutres ou contre notre idée de base d'ailleurs. Oh, ne niez pas, moi-même je m'avoue coupable d'en avoir déjà usé ! C'est pour ça que c'est important de toujours lire plusieurs sources distinctes, surtout dans la recherche

d'information et dans le débat public ! Cela dit, mes respects à ceux qui n'en sont jamais victimes. Je parle bien évidemment des dictateurs, puisqu'il y a pas de sources contradictoires à ce qu'ils affirment, c'est qu'ils sont pas stupides hein. Pour un exemple plus sérieux,

c'est ce qui caractérise, malheureusement, le fait que l'amiral Kimmel n'ai pas pris au sérieux les premiers signes de l'attaque future de Pearl Harbor : ne voulant pas la guerre ou n'y croyant pas, il traitait mal les informations, laissant passer celles pouvant la prévoir.

VI/ Le biais rétrospectif.

Il est l'un des plus dénoncés dans le cadre des agressions sexuelles, c'est lui qui "pousse" certaines personnes à nier le fait que les choses puissent se passer sans raison et qui donc, les fait expliquer le hasard. "Son attitude était provocante",

"Elle n'aurait pas du s'habiller de la sorte" etc. Toutes ces phrases sont des exemples typiques de biais de rétrospection. Il s'agit pour beaucoup de dire, mais seulement après coup : "non mais mdr, c'était prévisible frérot", moi je le fais quand j'ai une bonne note à un QCM

auquel j'ai répondu de manière hasardeuse par exemple. Dans certains cas, c'est plus problématique, c'est le cas de la justice où les juges ne doivent pas juger la personne sur ce qu'elle a fait avant les faits pour lesquels elle est jugée. Un délinquant n'est pas un criminel.

VII/ L'effet Dunning Kruger.

Celui là, je le vois utilisé partout, et c'est sûrement le plus connu des biais cognitifs. Il est assez simple et se résume en une phrase : vous êtes moins intelligent que vous le pensez. Bien évidemment, ça ne s'applique pas à tout le monde, mais

ça pose le contexte qui nous dit simplement que plus la personne est incompétente plus elle a tendance à surestimer ses capacités. Suit ensuite la "vallée de l'humilité" qui est celle qui caractérise la vie des personnes en étude longue/début de carrière. Dans cette vallée, on se

rend compte qu'on est loin d'être aussi compétent/intelligent et/ou cultivé qu'on le pense. Puis suit l'expertise, où l'on se définit enfin à notre juste valeur. Ce processus se poursuit durant toute la vie et pour certains, ce stade n'est jamais atteint.

VIII/ L'effet Stroop.

Lui, c'est un petit biais cognitif que je trouve assez marrant parce qu'en soit, tout le monde s'en cogne, mais il reste intéressant. Alors en gros, il dit que l'arrivée d'une information non pertinente dans un processus de réflexion nous perd totalement.

L'exemple le plus parlant est celui qui est donné sur Wikipedia et qui nous vient des expériences de John Ridley Stroop : quand tu colories le mot rouge en bleu, et qu'on te demande la couleur du mot en question, tu as un temps de latence. Alors que la question est toute bête.

Ceux qui s'apprêtent à se moquer, n'oubliez pas quel est le biais cognitif qui précède celui-ci.

IX/ Le sophisme génétique.

Alors là, niveau mots stylés, on fait pas beaucoup mieux. Le sophisme génétique, c'est juger le travail produit par quelqu'un en fonction de ses

origines ou de ses idées plutôt qu'en fonction de la qualité et du fond du travail fourni. On appelle ça l'argumentum ad hominem si vous voulez faire les beaux et justifier le fait qu'on vous fasse la gueule. En gros, c'est dire que l'athéisme ne peut pas exister parce que chaque

morceau de territoire existant sur Terre est lié historiquement et culturellement à une religion et que si tu es né en Inde avec un entourage hindou, tu ne peux pas croire en autre chose que l'hindouisme car tu n'es que le produit de ton éducation. Bref, vous avez compris.

X/ L'heuristique de disponibilité.

Celui là, il est la cause de pas mal de problème important. Imaginez vous dans un incendie, vous savez que votre escalier est pas loin, vous avez quatre étages à descendre. Les secours sont bientôt là et vous pouvez calfeutrer votre appart.

Eh bien c'est très exactement le biais cognitif qui va vous dire de vous diriger vers votre escalier en vous faisant miroiter une porte de sortie qui se trouve en proie à de très nombreux gaz toxiques, à une possibilité de vous faire brûler ou de subir de plein fouet une

explosion de gaz. Problèmes que vous pourriez éviter en attendant patiemment dans votre appartement en calfeutrant toutes les entrées et en ouvrant les fenêtres par exemple. Il faut partir du principe que prendre l'escalier est possible, bien sûr.

XI/ L'illusion des séries

C'est l'arme des casinos, le fer de lance des jeux d'argent ! Il s'agit simplement du fait de percevoir une logique ou un signe divin dans une séquence construite totalement au hasard d'un point de vue statistique. Prenons l'exemple des lancers de

pièces en pile ou face. Vous venez d'obtenir quatre fois ou bien cinq fois "pile" ou bien "face" ? C'est bien, mais sur 20 lancers, vous avez une chance sur deux d'obtenir quatre fois "face" d'affilée, selon Thomas Gilovitch. Il ne s'agit aucunement d'un signe divin !

Historiquement, c'est l'illusion des séries qui a poussé le MI-5 a enquêté sur le Daily Telegraph pendant la seconde guerre mondiale après que le journal ai sorti à plusieurs reprises, quelques mois avant le débarquement, des mots croisés comportant des noms de code des diverses

opérations du débarquement tels que Utah, Overlord ou encore Omaha et ce … par le plus grand des hasards ! Enfin, c'est ce qu'il en ressort, après tout, qui sait … 🧐🧐

XII/ Cryptomnésie et faux souvenirs.

Bon, ils parlent de mémoire donc je les mets ensemble. La cryptomnésie, c'est la conviction d'être à l'origine d'une idée ou d'une blague sans que cela ne soit le cas. Parfois, ça conduit à du plagiat et c'est tout de suite moins drôle.

Le faux souvenir, c'est totalement ce que vous croyez : c'est le fait de se remémorer un événement qui n'a jamais eu lieu. C'est ce que je faisais quand j'expliquais à ma mère pourquoi, après avoir fait (pas du tout) le ménage, ma chambre était dans un tel désordre ! Mais,

plusieurs procès ont eu à traiter des cas de "faux souvenirs". Le procès Freyd aux USA en est un cas parfait : Jennifer Freyd accusa son père d'avoir abusé d'elle ce à quoi ce dernier répondit par la création de la "Fondation pour le syndrome des fausses mémoires" (le culot).

Mais je vous raconterai cette histoire une autre fois car le thread se termine là dessus ! En espérant qu'il vous ait plu ! Bonne journée à tous !