J'ai vraiment l'impression qu'il y a une mécompréhension profonde sur la « critique de l'apolitisme » en lien avec la #zététique.
Le propos n'est pas de dire « on veut savoir pour qui tu votes avant que tu aies le droit de t'exprimer », loin de là.
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Le propos, c'est de souligner que certains sujets ont des conséquences sur les personnes et sur la société dans son ensemble, et qu'ils sont reliés à des intérêts opposés au travers de la société.
Et a fortiori, qu'il est impossible de traiter ces sujets de manière neutre.
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C'est ça que ces critiques désignent par « un sujet politique ».
Un sujet qui affecte la société, qui est à la rencontre de plusieurs intérêts différents, qui touche à nos valeurs, et sur lequel personne ne peut être neutre.
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Et il se trouve que traiter de ces sujets sous un angle purement technique et axé sur le "vrai ou faux", c'est présenter une vision de ces questions qui passe sous silence ces différents enjeux sociaux et intérêts opposés.
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Passer sous silence ces enjeux à son tour peut facilement faire passer un sous-entendu (volontaire ou non) que le débat social existant sur ce sujet n'est pas légitime. Que l'aspect technique est le seul important pour se forger une opinion.
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C'est ça, la « critique de l'apolitisme ».
La critique de la production de contenu qui affirme ne pas avoir de portée politique, tout en traitant du sujet sous un angle qui sous-entend (même involontairement) que le débat social et politique en cours n'est pas légitime.
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Ce sous-entendu est inhérent à la prétention à une position « apolitique ».
L'éviter se fait en reconnaissant l'existence de ce débat, et en présentant sa position vis-à-vis de lui, afin que le public puisse savoir d'où on parle.
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Si on veut spécifiquement traiter de la dimension technique d'un tel sujet, alors il me semble que l'honnêteté intellectuelle consiste à reconnaître l'existence et la pertinence des autres aspects du débat, avant d'expliquer pourquoi on se focalise sur un aspect précis.
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Par exemple, le sujet des confinements, couvre-feux, fermetures de commerces, et plus généralement la gestion de la crise covid est une question profondément politique : elle touche à plusieurs enjeux contradictoires et affectant la société de manière large.
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Parmi les enjeux, on peut citer :
- minimiser la circulation du virus et le nombre de cas graves
- limiter l'impact sur l'économie pour éviter une grosse récession
- éviter de plonger dans une difficulté financière plus grande des personnes déjà très précaires
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- minimiser les impacts psychologiques des confinements sur les personnes qui le vivent difficilement
- garantir une continuité d'enseignement dans de bonnes conditions aux élèves, étudiantes et étudiants
- et d'autres encore...
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La question de quels objectifs privilégier et comment n'est absolument pas consensuelle !
Il est impossible de la traiter de manière neutre : tout le monde a une opinion sur l'importance de chacun de ces enjeux, et ça se reflète dans la manière dont on en parle.
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Notez du coup qu'on peut parfaitement débattre de ces sujets, en annonçant clairement notre position (quels enjeux sont ceux qu'on estime les plus importants), sans pour autant devoir se positionner par rapport aux partis politiques ou même "de droite" ou "de gauche".
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Et bien c'est ça que la « critique de l'apolitisme » demande.
Reconnaître la dimension politique et sociale des sujets que l'on traite, et se positionner par rapport à elle. C'est une forme d'honnêteté intellectuelle vis-à-vis de son public.
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