1/ Le charme discret de la bourgeoisie est un film de Buñuel qui fonctionne comme un disque rayé: un repas au sein de la haute bourgeoisie est sans cesse différé par un blocage, une perturbation plus ou moins incongrue.
2/ Comme dans un cartoon, le film n'est qu'une suite de tentatives avortées et reconduites autant de fois de procéder au repas, rituel social par excellence (la réception) en même temps que primaire besoin animal (prédation et nourriture).
3/ Si des perturbations, oniriques, réalistes ou mémorielles (deuil, pulsion sexuelle, manœuvres militaires, rupture de stock, etc), empêchent le repas et le repousse, dans un continuel jeu de frustration et d’étonnement, c'est à des fins naturalistes.
4/ Le réalisme nous permet d'observer ces personnages et leurs pulsions au plus près, comme des animaux dans un zoo. Deleuze écrit quelque-part que Buñuel nous donne à voir leurs « mondes originaires ».
5/ Dans la scène la plus connue de cette nuit de cauchemar, les personnages se retrouvent attablés sur une scène de théâtre face à un public qui attend leurs répliques, mais n'adhère pas à leur vacuité factice, et finit par les siffler, les contraignant à la fuite.
6/ L’enrayement cauchemardesque du protocole social donne progressivement l'idée qu'en sortir suppose de remiser le code de bienséance, de faire craquer le vernis. Et de fait, c'est un commando armé, par un bon coup de mitraillette, qui permettra de les en libérer.
7/ Ce film, que j'ai vu plusieurs fois il y a 25 ou 30 ans, mais plus jamais depuis, a ceci de curieux qu'il ne fonctionne pas tant pendant le visionnage qu'a posteriori, dans le temps long, par des rappels visuels…
8/ Il fonctionne en particulier dans nombre de situations institutionnelles dont la mise en scène suffit à dire le caractère factice, séparé du réel.
9/ Quand, dans le temps même où les universités sont fermées, malgré la facilité avec laquelle, moyennant quelques centaines de millions, on pourrait les sécuriser, quand tout le monde est masqué et confiné, et que la com' du ministère poste cette photo, comment ne pas y penser?
10/ Ce qui m'y a fait penser n'est pas exactement ce que vous croyez: c'est cette séquence où, questionné sur sa présence à l'anniversaire de Le Pen, faisant un selfie avec Dieudonné, Charançon raconte que Macron aurait voulu être pape (dixit Mme de).
11/ Cela m'a rappelé cette autre scène de libération par un commando où le pape, joué par Buñuel, est fusillé par un commando cénétiste. Puis par association d'idée, le Charme discret…
↕️
12/ France soir (ah ah).
Le journaliste : « Le Charme discret de la bourgeoisie. Vous en voulez particulièrement à la bourgeoisie ? »
Luis Buñuel : « À ça je ne veux pas répondre... Ce serait faire une déclaration, et j'ai toujours refusé d'en faire. »
13/ Je ne sais pas si des livres plus récents ont été écrits sur Buñuel, mais celui-ci, en accès ouvert, m'avait fait forte impression. books.openedition.org/puv/1669
* repoussent
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La catégorie du "terrorisme" est problématique parce qu'elle est une catégorie morale importée dans le champ de la justice, sans être une catégorie juridique, pour imposer le recours à un "droit" d'exception. mediapart.fr/journal/france…
On a vu pensant le mouvement de défense des retraites que les lois anti-terroristes sont utilisées pour interdire des "dispositifs sonores". On a vu Darmanin décréter que les scientifiques du climat sont "éco-terroristes".
On a vu Vichy et le régime nazi utiliser le mot "terroristes" de manière systématique contre la Résistance — la vraie, pas les pogroms du Hamas.
Dans ce moment de montée vertigineuse des haines identitaires, du suprémacisme, des massacres infligés au nom de religions révélées, du suprémacisme, de l'illibéralisme autoritaire, il n'y a pour qui est attaché à l'idéal démocratique, qu'un point stable: les principes.
En l'occurrence, les principes supposent de condamner le surcroit de barbarie dans la guerre, établit minutieusement après les atrocités du XXème: aucun crime de guerre ne peut être soutenu, au nom de quoi que ce soit — a fortiori en essentialisant tels ou tels.
Partout où il y a des dogmes, il y a des gardiens du dogme et, déjà, le germe de la haine de l'altérité. Il faut combattre toutes les hétéronomies et défendre l'institution de la démocratie comme auto-institution raisonnée par la société des règles collectives qu'elle se donne.
1) C'était une évidence de longue date pour qui a étudié l'émergence de Trump, d'Orban, de Berlusconi, l'extrême droite a désormais deux visages. Au vieux fascisme lepéniste s'ajoute une Alt Right managériale, technophile et obscurantiste...
Le macronisme. liberation.fr/politique/emma…
2) La radicalisation du JDD, l'organe central du macronisme qui produit désinformation et logomachie 'anti-woke' depuis des années n'est pas une bascule au FN, mais la trajectoire sans rupture du macronisme. lemonde.fr/politique/arti…
3) Le 'génie tactique' du Tea Party à consisté à hybrider droite néolibérale technophile et néoconservatisme suprémaciste et intégriste. Le mariage d'Enthoven et Bastié.
En France, les cadres du macrono-lepénisme sont prêts. huffingtonpost.fr/politique/arti…
Si Loïc avait détourné de l'argent public, pratiqué le conflit d'intérêt ou financé illégalement sa campagne électorale, il serait libre — et recruté par l'une quelconque des boites qu'il aurait servi depuis l'appareil d'Etat. liberation.fr/societe/police…
Si Loïc avait été un factieux néofasciste de la BAC ou de la BRAV-M et tué un jeune par racisme d'une balle ou de coups de pieds, il recevrait un siècle de salaire dans une cagnotte garnie par la bourgeoisie barbarisée. basta.media/quand-les-acti…
Mais Loïc s'est déguisé en moine zadiste pour militer contre un monde qui engendre effondrement du vivant et bascule climatique. Il a ramassé un gilet de gendarmerie et l'a brandi, postant le "trophée" sur les RS.
1) Je ne crois pas un seul instant à un Darmalin partant en solo sans l'aval de Macron, de la même façon qu'il était évident que les soutiens de Nunez et Vaux aux factieux néofascistes réclamant le droit de meurtre et de mutilation avaient l'aval du pouvoir.
2/ Le principe clé du néolibéralisme est de se nourrir de chaque crise, en profitant de la sidération, pour avancer un agenda politique. Macron n'a pas "peur" de la police, n'en est pas "prisonnier". Il met en œuvre le virage autoritaire de la droite néolibérale, comme partout.
3/ Pourquoi cette idée a-t'elle autant de succès au sein de la classe moyenne intellectuelle (profs, journalistes, etc)? Dans ce milieu, l'idée que l'extrême-droite, l'illibéralisme autoritaire raciste, était le fait de l'exploitation de l'angoisse des déclassés est forte.
1/ Comment ne seraient-ils pas "en colère" ces factieux à qui le pouvoir illibéral et autoritaire macronnard a demandé de terroriser, de mutiler, de tabasser, de piétiner, en donnant libre cours à leurs pulsions fascisantes.
2/ L'ex patron du Raid, ex-député macronnard, Jean Michel Fauvergue, vient demander sur la chaîne néofasciste de Bolorrhée, la liquidation de l'Etat de droit: le permis de tuer, de tabasser arbitrairement pour les "policiers".
3/ Le racisme, l'ultra-violence barbare, le mépris des droits humains, la fascination pour le fascisme sont ils le fait de quelques individus au sein de la police, ou un fait systémique?