Thread by @Commune2021

J 41🍒

Le 27 avril 1871, le bataillon de Victorine Brocher part se battre à Issy-les-Moulineaux.
C’est ce qu’elle raconte dans ses Souvenirs d’une morte-vivante, parus en 1909. D’abord, qq mots sur cette combattante et écrivaine anarchiste de la Commune de Paris.⤵️💥🖊️
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Victorine, née Malenfant (1839-1921), est piqueuse de bottines. Elle épouse Charles Rouchy et dc est parfois appelée Victorine Rouchy. Sous le Second Empire, elle adhère à l’Internationale et anime une boulangerie coopérative à Paris.
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Elle perd 2 petits garçons en bas âge, dont un pdt le siège de Paris. Elle s’engage alors à fond ds la Commune, sur le front : cantinière, ambulancière, son courage est même cité au Journal Officiel ! (on appréciera la manière dont on la nomme #patriarcaca…)
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Après la Semaine sanglante (mai 71), condamnée à mort pr l’incendie de la Cour des comptes, elle s’échappe et se réfugie en Suisse. Elle milite pr l’anarchie, épouse un certain M. Brocher, et publie à Lausanne en 1909 ses Souvenirs d’une morte-vivante, signés Victorine B.🇨🇭
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NB : sympa la préface de Lucien Descaves : « un modique vocabulaire et des rudiments de syntaxe suffisent à quiconque n’a pas l’intention de mentir ou d’épater »😶
#patriarcaca2
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Là où Victorine est vraiment forte, c’est pr traduire l’atmosphère des batailles sans gds tralalas. Elle restitue surtt des sensations : attendre la bataille, sentir une odeur, entendre cliqueter les armes… Lisons le récit du 27 avril 1871 :⤵️
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« Le 27 à 3 h du matin, ns reçûmes l’ordre de ns diriger sur Issy, où nous devions prendre nos positions.
Nous quittâmes le Champ de Mars avec plaisir, ts étaient joyeux et entonnèrent le Chant du départ pr soutenir la marche. Ils étaient heureux,
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espérant faire payer aux Versaillais de tt acabit les souffrances du siège de Paris et de ttes les hontes de la défaite.
En arrivant près de la porte, dite de Versailles, on ns fit faire halte pour ns reconnaître, ns restâmes environ 40 minutes, il y eut un moment de désordre,
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bcp se souvenaient de leurs souffrances, de leur manque de nourriture pdt la campagne vs les Prussiens, ils ne voulaient pas franchir les remparts sans avoir les armes nécessaires pr combattre.
Le commandant Martin les encouragea en leur promettant que dès leur arrivée à Issy
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ils auraient ce qu’il leur faudrait.
Le colonel Naze [sic !] avait été obligé de rester à Paris pr parfaire l’organisation et faire expédier tt ce qui ns manquait.
Le calme rétabli, on abaissa le pont levis ; le défilé passa triste et silencieux, 🏰
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la nuit était sombre, on ne pouvait rien distinguer autour de soi, on entendait au loin le bruit du canon résonnant à nos oreilles, on sentait que la lutte serait terrible.
Qd j’entendis le bruissement des chaînes du pont levis, lorsqu’il s’abaissa,
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un serrement de cœur oppressa ma poitrine ; il me semblait que ns entrions ds un immense tombeau. Lorsque ns fûmes séparés de la gde cité, on entendait de ça et de là le bruit sourd de qq coups de fusils.
Je pressentais que bcp d’entre nous ne franchiraient plus ce pont,☠️
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dont l’écho sinistre retentissait en mon cœur comme un glas funèbre; à peine si ns avions marché 1/4d’h lorsque ns entendîmes une fusillade des + nourries. Tt le monde se ranima, la tristesse qui planait un moment sur les esprits disparut complètement, pr faire place
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à l’enthousiasme, on ne pensait même plus à la défectuosité de l’armement. "Ns allons dc venger nos frères qui ont déjà succombé" s’écrient-ils ts ensemble !
Chemin faisant ns rencontrâmes 4 individus à l’air suspect qui se dirigeaient du côté de Paris, un de nos capitaines
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leur demanda à quel bataillon ils appartenaient.
— Ns sommes neutres, répondirent-ils.
— Si vs êtes neutres, pourquoi vs dirigez-vs de ce côté et ne restez-vs pas en sûreté ? Où demeurez-vs ?
Ils ne voulurent pas répondre à cette question. Ils furent arrêtés, on supposa 🤨
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que c’étaient des espions. Qq heures + tard, ils furent mis en liberté.
Ns arrivâmes à la rue d’Issy criblée d’obus, ns prîmes place au gd séminaire. Il pouvait être 3 h 1/2 de l’après-midi, nos vivres n’étaient pas encore arrivés et ns avions faim.
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Dès que ns fûmes à peu près installés, qq-uns d’entre ns se mirent en route pr acheter qqc pr manger, car ns n’avions rien pris avant de quitter Paris; il fut difficile de se procurer qq nourriture, les habitants du village ns étaient hostiles ; même avec de l’argent, 🍽️
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Le sergent Laurent et 2 autres étaient allés cueillir qq feuilles d’oseille pr faire une soupe ; dès leur retour ils se mirent en devoir de la préparer. Au moment où on allait la manger, un obus éclate et renverse la marmite, le repas fut achevé avant d’avoir commencé. » 🫕
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🍒Extrait de Victorine B., Souvenirs d'une morte-vivante, à retrouver aux éditions @LibertaliaLivre, avec postface et notes de Michèle Riot-Sarcey.

🍒Le texte vient d'être mis en ligne sur @wikisource_fr grâce à @Georgele2etexte 💗!
➡️fr.wikisource.org/wiki/Souvenirs…
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