Tel le premier @OptaJean venu, j'ai sélectionné quelques chiffres-clés dans le dernier rapport d'activité de la Commission nationale des techniques de renseignement. Parce que dans une démocratie fonctionnelle, il est crucial de pouvoir contrôler l'action des services. 👇
21 952. Le nombre de personnes surveillées en France (c'est à dire ayant été ciblées par au moins une technique). 40% au titre de la lutte contre le terrorisme, 22,9% dans le cadre de la prévention de la criminalité organisée. En augmentation de 7,8% depuis 2016.
46,3%. La part de la prévention du terrorisme dans le total des demandes, toutes techniques de renseignement confondues. Suivent les intérêts stratégiques de la France (20%) et, ex-aequo, la criminalité (14%) et les atteintes à la forme républicaine des institutions (14%).
1644. Le nombre d'accès en temps réel aux données de connexion. C'est l'augmentation la plus spectaculaire : +347% en cinq ans. Cette technique, en partie censurée par le @Conseil_constit en 2017, est soumise à contingentement : 720 simultanément, maximum.
3. Le nombre d'algorithmes déployés sur les réseaux des opérateurs pour détecter automatiquement les menaces terroristes. Ils ne portent "que sur les données de connexion", rappelle la CNCTR, mais @GDarmanin voudrait étendre leur périmètre aux URL. Il a jusqu'au 31/12/21.
30758. Le nombre d'accès aux données de connexion en différé, l'intrusion la plus "douce". Après une baisse en 2018 et 2019, c'est reparti à la hausse (+22,8%). Dans le même temps, les techniques nécessitant d'être au contact de la cible ont reculé à cause du Covid...
8394. L'ensemble des géolocalisations en temps réel. Là aussi, la courbe depuis 2016 est spectaculaire, et montre la part grandissante du renseignement technique : +246%.
311. L'ensemble des demandes concernant le recueil de données de connexion par IMSI-catcher (+22,4% depuis 2016). Rappelons que ces onéreux joujoux sont aussi contingentés : 100 demandes de mise en oeuvre en simultané, tous ministères confondus (60 jusqu'à cette année).
262. Le nombre d'avis défavorables rendus par la CNCTR (0,8% du total). Tous ont été suivis par le Premier ministre. Là encore, ce faible chiffre s'explique par la baisse conjoncturelle du nombre de demandes concernant des techniques intrusives, plus susceptibles d'être refusées.
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C’était donc pour ça le show Darmanin cette semaine : il préparait le bouquet final avec une interview exclusive au journal dominical d’extrême-droite.
Darmanin est le troisième ministre (après Sabrina Agresti-Roubache et Marc Fesneau) mais le premier régalien à accorder un entretien au JDD sauce Bolloré. Après avoir donné l'impression d'installer un cordon sanitaire, Macron a changé d'avis à la rentrée.
En se risquant à une spéculation mortifère, c'est intéressant politiquement : tandis que le RN réclame la démission du ministre de l'Intérieur après l'attaque d'Arras, Bolloré semble vouloir profiter du fond de l'air délétère pour en faire un présidentiable. Regardez cette photo.
🧶 Des Gilets jaunes, on a retenu la panique de l’exécutif et la violence du maintien de l’ordre. Moins la surveillance la plus intrusive, à laquelle la DGSI est devenue accro. @vincentnouzille la raconte dans une enquête sur les dérives de Beauvau.
En tout, à partir du mois de décembre, sur instruction directe de @CCastaner et malgré les réticences du renseignement territorial, 2000 personnes auraient été espionnées, alors que le pouvoir tentait de trouver les leaders de cette contestation inédite.
On ne peut pas comprendre ce changement de paradigme sans s'attarder sur la loi renseignement de 2015 (terrible année), qui a légalisé de puissants outils : logiciels espions, balises GPS, géolocalisation en temps réel, etc.
Suneris, une discrète filiale de Thales, a vendu ses technologies de surveillance au Mali, au Gabon et au Niger, régimes alliés de la France. Problème : avec les putschs dans ces pays, elles risquent de tomber entre les mains de juntes pro-russes.
Suneris est une vieille connaissance : j’avais enquêté sur leurs affaires en Égypte, où ils équipent le maréchal-dictateur Sissi, introduits sur place par Amesys/Nexa, autre société française mise en examen pour complicité de torture.
Après la décision du juge d'autoriser l'exploitation des pièces saisies chez elle, @AriaLavrilleux est plus remontée que jamais. Elle appelle à une prise de conscience collective : "Si on laisse passer, il n’y aura pas de retour en arrière possible".
"Soit on réagit maintenant, on change la loi, on renforce sérieusement la protection des sources et on réfléchit aux moyens dévoyés de la lutte antiterroriste, soit on considère que c’est la norme et on file tout droit vers un musellement de la presse."
Elle évoque aussi le silence assourdissant de l'exécutif, qui se retranche derrière la procédure judiciaire en cours. L'inversion des responsabilités est totale : qui rendra compte d'une possible complicité de crimes d'Etat ?
Un projet terroriste d'"ultragauche" sans cible ni groupe constitué : les services sont-ils en train de nous refaire le coup de Tarnac ? Grâce à des éléments obtenus par @lemondefr et @Telerama, je vous raconte la fabrique de ce nouveau fantasme.
A partir du 3 octobre, sept mis en cause - six hommes et une femme - comparaîtront devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris, poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste : Florian D., Manuel H., Loïc M., Simon G., William D., Bastien A. et Camille B.
À l’heure où @GDarmanin vitupère contre les "écoterroristes" de Sainte-Soline, l’affaire dite du 8 décembre (la DGSI l'appelle "le dossier punks à chien"...) pose une question cruciale : où s’arrête le maintien de l’ordre et où commence l’antiterrorisme ?
"C'est fatigant de se battre pour avoir le droit de se battre". 2 ans après avoir obtenu le renouvellement de son agrément de haute lutte, @anticor_org risque à nouveau de le perdre ce vendredi. Qui veut la peau de l'association anticorruption ? 🧵
En 2021, l'affaire était dans les mains du gouvernement. Ce n'est pas le moindre des problèmes : en France, l'exécutif décide seul de qui peut le tenir responsable de ses actions en matière d'éthique publique. Résumé de l'épisode précédent :
Cette fois-ci, Anticor et ses 6500 adhérents jouent leur survie devant la justice administrative, saisie par deux anciens membres qui attaquent le décret portant renouvellement de l'agrément (capital, car il permet de porter plainte et de se constituer partie civile).