Aujourd’hui, c’est l’Ascension: un beau week-end de quatre jours en perspective...! Mais n'y aurait-il pas un peu trop de jours fériés...? Ce discours, porté ajd par le Medef par exemple, existe déjà au Moyen Âge. Un thread⬇️! #histoire#medievaltwitter
Il faut dire que les jours chômés sont alors nombreux. D'abord, les dimanches, puis une quantité croissante de fêtes liturgiques. Leur nombre varie en fonction des moments et des régions mais peut atteindre jusqu'à un tiers de l'année !
À partir du XIIe siècle, les spécialistes du droit canonique essaient de se mettre d’accord sur une liste complète et universelle des jours fériés. Gratien propose ainsi tous les dimanches et 36 jours de fêtes dédiées au Christ, à la Vierge, à quelques grands saints
Le Décret de Gratien prévoit aussi l’existence de fêtes plus locales dont la date pourra être fixée par l’évêque, comme saint Martial à Limoges (30juin), saint Denis à Paris (9 octobre) ou saint Arnoul à Metz (18 juillet).
A l'époque, observer les jours chômés n’est pas un droit mais une obligation. Travailler un jour férié est considéré comme une offense à Dieu et au Christ et passible d'excommunication! Bon, le plus souvent on se contente d'une amende.
Pas question non plus de faire la fête: le but est de se reposer, on vous dit! Et, surtout, d'aller à l'église afin de ressouder la communauté
Pourtant, la vie économique ne peut pas s’arrêter complètement. Dans une société à plus de 90% rurale, les paysans doivent parfois faire passer les travaux des champs avant les impératifs religieux, notamment au moment des moissons à la fin de l’été
D’autres métiers doivent répondre aux besoins quotidiens de la population, comme les meuniers, les boulangers ou les bouchers qui sont autorisés à travailler –de même que les cordonniers dans les villes de pèlerinage
Et puis, comme ces jours-là les gens aiment bien se montrer sur leur 31, les barbiers sont autorisés à les raser et à rectifier la tonsure des prêtres.
En somme, au-delà de la règle, les clercs savent faire preuve de souplesse, car ils ont bien conscience que tout le monde ne peut pas s’arrêter de travailler en même temps. Mais des voix s'élèvent pour dénoncer le trop grand nombre de jours chômés.
Vers 1250, le dominicain Guillaume de Rennes insiste sur les activités autorisées : les récoltes, la consolidation des fortifications, le travail des étudiants... Il s’agit bien d’assouplir les contraintes liées aux jours chômés pour permettre aux gens de travailler plus.
Au début du XVe siècle, l'humaniste français Nicolas de Clamanges critique les jours fériés, qui selon lui sont utilisés pour « le sport ou le jeu », et qui en outre pénalisent les travailleurs pauvres
Clamanges fait l'éloge des jours ouvrés, dans lesquels les gens sont « sobres, épargnants, pacifiques, modestes » : cette pensée participe de l'invention d'une morale économique condamnant l'oisiveté (cf les travaux de Sylvain Piron) actuelmoyenage.wordpress.com/2018/06/11/con…
Ce faisant, la pensée occidentale valorise de plus en plus le « travail », au détriment d'un repos vu avec un œil méfiant. Mais bon, que cela ne vous empêche pas de profiter du pont de l'Ascension !
On est en 607 après J.-C., dans le domaine royal de Bruyères.
Une terrible dispute oppose Brunehaut, la grand-mère du roi, et Colomban, un moine irlandais. Celui-ci vient en effet de traiter les princes de... fils de pute 🗯️🤬.
Un thread ⬇️!
Revenons en arrière. Brunehaut, veuve du roi Sigebert d'Austrasie, grand-mère de l'actuel roi Thierry II, est une femme puissante, qui a la charge des enfants du roi. Elle les mène devant Colomban, célèbre abbé de Luxeuil, pour obtenir sa bénédiction. Mais celui-ci refuse !
Pire : il les insulte, en disant "ils ne deviendront jamais rois, car ils nés d'une prostituée".
La colère de Brunehaut est terrible et Colomban paye cher sa provocation, car il est chassé de son monastère. Mais comment comprendre ce clash ?
Comment ça, vous ne connaissez pas ce mot ? "Gaber" ? C'est un verbe médiéval, qui veut dire se moquer des autres en se vantant.
Selon une légende, Charlemagne aurait lancé un concours de gabs à la cour de Byzance... Un thread ⬇️!
Dans Le pèlerinage de Charlemagne, une chanson de geste du XIIe siècle, Charlemagne et ses chevaliers en route pour Jérusalem se retrouvent à Constantinople, à la cour de l’empereur byzantin nommé Hugon. C'est bien sûr une scène fictive.
Une nuit, Charlemagne et ses chevaliers, bien bourrés, se lancent dans un concours de gabs. Il s'agit donc de se vanter d'accomplir un truc incroyable, en essayant de surpasser celui qui vient de parler.
Un peu comme une battle de rap, quoi.
Connaissez-vous les 7 péchés capitaux ? C'est comme les 7 nains, généralement on en oublie un...
En 1475, un enlumineur propose une superbe version illustrée dans un Livre d'heures copié à Poitiers (@MorganLibrary MS M.1001).
Un thread ⬇️!
On commence par l'orgueil, en latin "superbia". Le péché est représenté par un beau jeune homme s'admirant dans un miroir, monté sur un lion. En bas, le démon associé au péché est Lucifer, pointant vers une femme dédaigneuse et méprisante...
Numéro 2, l'envie. Incarné par Belzébuth, ce péché est symbolisé par la pie (oiseau voleur) et, en bas, par des gens qui convoitent le bien d'autrui.
Au XVe siècle, on se met à imprimer un peu partout en Europe. Mais l'imprimerie coûte cher et se lancer dans l'aventure exige souvent de dresser un contrat précis entre imprimeur, auteur, éditeur, libraire... Un thread à partir d'un ouvrage récent ⬇️!
Catherine Rideau-Kikuchi édite ici des contrats d'imprimeurs, trouvés dans les archives de plusieurs villes du nord de la péninsule italique, entre 1470 et 1528. Bravo à l'autrice car les recueils de sources sont toujours précieux ! @EditionsCG
@EditionsCG Ici, focus sur un contrat du 22 mai 1499, conclu à Bologne entre Filippo Beroaldo, humaniste, professeur de rhétorique à l'université, et Benedetto di Ettore Faelli, libraire et imprimeur.
Le plus souvent, on y représente des animaux plus ou moins fantastiques et des scènes du quotidien.
Mais, quand on y regarde de près, on s’aperçoit que ces scènes cachent parfois... des violences sexuelles. Un thread ⬇️!
Je vulgarise ici un excellent et passionnant article écrit par @M_PerezSimon et Delphine Grenet @Grenet81020939, dans ce volume. Merci aux autrices qui me l’ont envoyé et ont relu ce fil ! Poke @RCPPMassoc
@M_PerezSimon @Grenet81020939 @RCPPMassoc Les autrices rappellent que ces scènes de violence n’ont le plus souvent pas été vues ni nommées par les chercheurs. Ainsi de cette sculpture de cheminée de Bruges, intitulée « scène de séduction », alors que les gestes de la femme montrent qu'elle repousse une tentative de viol.
Au VIIIe-IXe siècle, les conquêtes arabes balaient la planète. Une question se pose aux gens : faut-il se convertir ? Au milieu du IXe siècle, Hunayn ibn Ishaq, un médecin chrétien de la cour du calife, distingue 6 raisons de se convertir à l'islam. Un thread ⬇️!
Je tire ce thread du livre suivant : Etienne de la Vaissière, Asie Centrale 300-850 (@BellesLettresEd), plus précisément p. 452-457 !
@BellesLettresEd 1/ La force. Lors des conquêtes, les conquérants imposent souvent l'islam à la pointe de l'épée. Mais cela ne dure pas, et ensuite on n'a aucune trace de violence d'Etat généralisée. L'apostasie est en théorie punie de mort mais c'est rarement appliqué.