Thread by @Locuste_

Aujourd'hui encore, il est reproché à @LacombeKarine1 d'avoir dit en septembre 2020 que le virus n'avait pas muté, tandis qu'à la même époque, Raoult pérorait sur ses variants Marseille 1, 2, 3, 4, etc.

Et si on démêlait (encore) le vrai du faux ?

⬇️⬇️⬇️⬇️⬇️

1/n

https://twitter.com/langlois_manu/status/1394802745140461572

Tout d'abord, quelques rappels : les virus ARN, par définition, ça mute.

Chaque fois qu'ils se répliquent en utilisant nos cellules, il peut y avoir des erreurs de photocopie, entraînant l'émergence de virus différents de l'original.

2/n

Au point culminant d'une infection à SARS-CoV-2, virus du COVID-19, on estime que des milliards de particules virales prospèrent dans notre organisme. Que de mutants peuvent alors apparaître !

Cependant, il faut distinguer trois types de mutations.

⬇️

1⃣ Les mutations désavantageuses.

Elles aboutissent à la formation de virus altérés (moins infectieux, par exemple), lesquels, incapables de se faire une place dans la course effrénée à la réplication, disparaissent avant même que l'on puisse les détecter.

2⃣ Les mutations neutres.

Pas d'avantage, pas de handicap. RAS pour le nouveau virus qui pourra donc s'imposer, voire supplanter la souche dont il est issu (ex : ce virus aux mutations neutres a la chance de tomber sur un super-contaminateur qui le diffuse largement

dans une population donnée, le laissant prendre de vitesse ses petits concurrents).

3⃣ Les mutations qui apportent un avantage sélectif au virus.

Elles peuvent le rendre plus contagieux, ou lui permettre d'échapper à l'immunité acquise (par l'infection ou la vaccination).

Lorsqu'un variant est présumé plus contagieux, qu'on le soupçonne d'aggraver les formes cliniques de la maladie ou bien d'échapper - ne serait-ce que partiellement - à l'immunité, il est généralement classé parmi les VOI (variant of interest, variant d'intérêt) par l'OMS.

Quand la menace se confirme, on le fait passer au rang supérieur, celui des VOC (variants of concern, variants préoccupants).

Si on veut réhabiliter les déclarations intempestives du Diafoirus de l'IHU, il faut dès lors que les variants Marseille (1, 2, 3, 4, etc.) soient auréolés des titres suscités. Or, il n'en fut rien.
Les bébés de Raoult ne sont des variants d'intérêt que dans ses fantasmes.

En général, les mutations qu'on doit surveiller se trouvent du côté de la protéine S (ou Spike), car cette protéine sert de clé au virus pour entrer dans nos cellules (en se connectant au récepteur ACE2 qui est exprimé à la surface de la cellule hôte).

⬆️Credits : biomol.com/resources/biom…

Si la protéine S acquiert une plus grande flexibilité, cela facilite sa connexion avec ACE2 et le virus a des chances de devenir plus infectieux.

Malheureusement pour le professeur aux abois, ses variants n'ont pas de mutation décisive au niveau de Spike. Il n'est donc pas sérieux de les utiliser pour justifier l'émergence d'une deuxième vague à laquelle il ne croyait pas.

D'ailleurs, ne lui en déplaise, Raoult n'a rien découvert : ces variants qu'il a baptisés Marseille 1, 2, 3, 4 pour se faire mousser n'ont pas, officiellement, cette dénomination.

Pour plus d'infos, RDV sur ce thread, moi je ne vais pas partir en HS. ⬇️

https://twitter.com/EricBillyFR/status/1356663398549831681

Je reviens sur Karine Lacombe : en disant « Non, le virus n'a pas muté », elle a certes fait l'impasse sur ces mutations anodines, sans avantage fonctionnel : on appelle ça un abus de langage. Mais peut-on lui en faire un reproche ? A mon avis, non,

parce que le grand public a besoin d'informations claires et utiles : il se fiche bien de savoir que ce virus a muté sans que cela produise des changements notables.
Seules l'intéressent les mutations à caractère déterminant.

Vu le format et la durée de l'entretien, elle n'allait quand même pas se lancer dans les explications que je vous propose ici !

Figurez-vous les conditions du direct où il faut apporter des réponses intelligibles et rapides à un journaliste qui a beaucoup de questions à vous poser : on va à l'essentiel, quitte à perdre en exactitude aux yeux des Dunning... je veux dire des puristes que vous êtes.

Attendre de quelqu'un une rigueur parfaite dans le choix des mots à chaque instant, ça relève du vœu pieux.

Que les êtres infaillibles me jettent la première pierre !

(J'ai oublié la numérotation des tweets en cours de route lol.)

@threadreaderapp unroll please