Thread by @jfreixas

Jusqu'à mercredi soir, c'est #sold21, la conférence de la science ouverte, lente et durable à Nantes. On avait eu l'occasion de recevoir @amebret du comité d'organisation au @Labodessavoirs pour parler du sujet labodessavoirs.fr/emissions-du-l… je vous partagerai des pépites dans ce fil

Première demi-journée placée sous le sigle des 3R : Robustesse, réplicabilité et reproductibilité de la recherche

Le point de départ : la "crise de la reproductibilité". Cette situation fait suite aux conclusions du Reproductibility Project où 100 études considérées ont tentées d'être refaites par un collectif de chercheur-se-s. Seules 36% étaient réplicables sciencesetavenir.fr/sante/pres-des…

Les présentations de cet après-midi ont abordé des dispositifs pour y remédier. On a parlé du rôle des revues, des méta-analyses, de formation au travers d'un MOOC et de la comparaison entre protocole expérimental IRL / en ligne.

Aurélien Allard a commencé par défendre deux idées : 1/ la nécessité de mettre en œuvre des audits des revues, aujourd'hui actrices clés dans les processus de communication scientifique mais peu actives face à ce défi

2/ la défense de la réplication directe où il est question de reproduire fidèlement une étude déjà publiée, notamment lorsqu'il s'agit de résultats particulièrement significatifs. L'idée étant d'avoir une idée plus précise de la fiabilité de la littérature.

Puis @adfillon nous a présenté un travail collectif de définition de template pour une méta-analyse. L'idée : faire une méta-analyse, cela prend du temps et de l'énergie, alors pourquoi ne pas automatiser le plus de choses en tentant de suivre des standards plus ouverts ?

Je pense qu'à l'avenir, je vais être un peu moins béat devant les méta-analyses. L'explication "Une méta-analyse, c'est comme une tarte aux fruits. Si jamais l'un des ingrédients est pourri, cela gâche tout". Le choix du corpus d'étude joue beaucoup.

Pour celles et ceux à qui cela parle, plus d'infos par ici : deuxpsychologues.fr/publication/co…

Enfin, deux présentations plus brèves : @JeanMoneger nous a présenté un MOOC en finalisation sur ces thématiques de réplicabilité/reproductibilité. L'idée étant de développer des savoirs pratiques sur le sujet, notamment en stats.

Et Victor Auger nous a présenté son projet de master où il était question de comparer deux protocoles : un mené en ligne (#covid) et l'autre au labo. Apparemment, cela ne colle pas trop mal, mais cela soulève quelques questions sur la facilité à transposer.

Après la pause café, premier atelier de la conf animé par @amebret. L'objectif : tendre vers un "commitment" (=en gros une sorte de charte contenant des engagements) à destination des personnes participant ou organisant une conférence.

Beaucoup de sujets à aborder : les déplacements, l'alimentation, les goodies, les mécanismes incitatifs... @labos1point5 a dû entendre ses oreilles siffler ! on continue demain en mode recherche/action

La journée d'hier a aussi été très riche ! Un bref aperçu dans les tweets qui vont suivre. Il a été question de science durable, de burger végé, de recherche action et de science ouverte.

La matinée a commencé avec @GratonAurelien qui a évoqué la difficulté de prendre en compte l'empreinte environnementale du numérique dans les démarches de science ouverte. Ok c'est cool de partager plus de données, son matériel expérimental. Mais comment stocker cela proprement ?

Pas simple de répondre à cette question. Son idée : mettre sur pieds un outil de calcul d'impact lié aux activités numériques. Une aventure à suivre ! En attendant, un conseil lecture partagé par ses soins journals.plos.org/ploscompbiol/a…

A suivi le duo Nicolas Dollion/Florian Auffret qui nous a fait envie avec cette question : la science de demain naitra-t-elle d'une pluralité des approches ? Des éléments de réponses avec leur projet de recherche mêlant labo, associations et patients

Nicolas, en postdoc, réalise sa recherche sur les origines des bénéfices du recours aux chiens par les familles dont l'un des enfants présente un trouble du spectre autistique. Son envie ? Ne pas vampiriser les forces des associations avec qui il collabore.

Un comité de recherche composé de familles, de scientifiques pro, des dirigeants et des éducs des assos travaille tant sur les questionnements, sur les protocoles que sur la nature des livrables attendus. L'idée : permettre aux assos de tirer parti opérationnellement des travaux

Un sacré projet ! A suivi @BertrandBeffara qui nous a partagé la mosaïque de clubs qui a émergé dans son labo. Le chantier de la science ouverte/lente/durable étant multiple, cela parait plus réaliste de se distribuer le boulot et de faire avancer chacun-e parallèlement

@BertrandBeffara La matinée s'est terminée sur deux présentations à propos d’éthologie, le champ de recherche du comportement des animaux non humains. Les deux questionnements présentés se sont parfaitement complétés.

D'un côté Manon Peyrafort nous a présenté son travail de décryptage des émotions chez la seiche. Mieux comprendre le stress ou d'autres états permettrait d'améliorer le bien-être des individus en captivité, ce qui est exigé dans la dernière réglementation européenne sur le sujet.

De l'autre Anne-Lise Daphné Morrer étudie elle les études qui portent sur les animaux. Un précautionneux travail d'analyse bibliographique et d'entretiens pour comprendre les concepts mobilisés pour poser des questions de recherche et identifier les variations disciplinaires.

Un travail qui rentre dans le champ de la science lente, car nécessairement itérative !

On a pu ensuite faire une pause repas bien méritée ! Et moi je vais aller prendre mon petit-déj ;)

Il me reste encore quelques belles trouvailles à vous présenter ! Emmanuelle Sultan nous a proposé de revenir sur la réflexion de la veille au sujet des conférences durables pour faire émerger de nouveau sujets à l'aide de la Recherche Action Participative.

La quoi ? La RAP se veut être une approche qui vise à comprendre le monde tout en le transformant. Elle est mise en oeuvre au sein de collectifs où toutes les parties prenantes au problème étudié sont sollicitées, professionnelles de la science ou non.

Cela peut se faire de pas mal de façon différentes, comme vous le pouvez voir par ici iupe.files.wordpress.com/2015/04/guide_…. Je retiendrai cette réponse qui me plait énormément à la question "Qu'est-ce que la recherche ?" : c'est ce que font les chercheurs/chercheuses

S'en suivi la dernière session du mardi, orientée science ouverte. @lnalborczyk a commencé par mettre le doigt sur ce qui semble fondamental : ok c'est cool d'être plus ouvert-e, mais pourquoi y a-t-il à la base des pratiques douteuses ?

Esquiver le sujet, c'est prendre le risque d'aller vers de nouvelles pratiques qui seront appliquées aussi doctement qu'actuellement, et donc aller vers de nouvelles dérives. D'où la nécessité de formation continue pour éviter de suivre aveuglément les standards en vigueur

Puis @MorganeBurnel nous a présenté SCREEN, une plateforme de mutualisation de matos/formation à destination de la recherche en SHS, qui tend à devenir un réseau interlabo. Le tout avec la volonté de systématiquement communiquer auprès du grand public.

Enfin, Mélissa Arneton a soulevé la question des archives. Nécessaires pour prendre conscience de dynamiques qui nous ont précédées, la mise à disposition pose tout un tas de questions : éthique, gestion des terminologies (notamment lorsque la loi les fait varier), données perso

Ces questionnements ont été illustrées par son travail de recherche à propos des archives de @ins_hea au sujet de l'enseignement adapté. Un mémoire professionnel, rédigé il y a des décennies, a-t-il vocation à être largement diffusé ?

Soif de réponse, mais à ce moment-là de la journée, soif surtout de discussions ! La team orga nous avait préparé une soirée bien rafraichissante où les échanges ont pu se prolonger dans la convivialité

Et là, vous vous dites :

Mais Que S'Est-Il Passé Le Dernier Jour ?
Au programme du jour 3 : initiatives, cultures de la recherche et @progedo

Alors cette session initiatives ? Nicolas Morgado nous a vendu ce qui peut sembler un rêve : bye bye les publications, vive l'autogestion, avec la plateforme CoScience qui envisage de passer à un peer-reviewing quasi confidentiel vers un peer-debating ouvert et public

Ça se passe par là sjscience.org l'idée est simple : téléverser des articles puis y discuter à la manière d'un forum. C'est gratuit et cela peut fournir de nouvelles métriques, notamment en récompensant la qualité du débat plutôt que le volume de publi

Autre concept rendu possible qui m'a bien plu : les self-journal of science. Mélange entre le blog et la newsletter, où un-e scientifique peut décider de faire de la curation et de commenter des articles de son choix. Intrigué-es ? Go >> sjscience.org/files/papers/4…

Aurore Grandin nous a présenté ensuite le collectif @fsc_infos (Sciences Citoyennes). L'objectif principal est de remettre la science au cœur du débat démocratique à l'aide de diverses actions qui emprunte là aussi des outils à la recherche participative.

Je dois admettre que j'ai été distrait un coup de fil du véto pour m'indiquer la fin de l'hospitalisation de mon chat. Donc je vous invite à creuser le sujet par vous-mêmes héhé parce que ça à l'air vraiment cool !

Je suis revenu à temps pour voir le duo Iona Brenac et @Icarus98378742 détailler la démarche derrière leur labo Kairos kairos-research.org Partant du principe que la niche écologique des chercheur-ses sélectionne aujourd'hui sur des critères nocifs,

l'envie leur est venue de réfléchir à définir un espace-temps dont l'organisation va tendre vers des activités de recherches "appropriées" visant à contribuer à des pratiques "régénérant" notre environnement. Sacré défi, inspiré de recherches sur les systèmes complexes.

Une des premières concrétisation est un mode de gouvernance par acception, où tout-e membre du collectif est amené-e à s'approprier les questionnements pour éventuellement exprimer ses doutes.

Dernière initiative présentée, Acte Lab acte-lab.com. De nombreux collectifs sensibilisent et font pression pour des évolutions prenant en compte le changement climatique, Acte Lab veut en être le pendant côté psycho.

Parce que c'est bien de faire de la vulgarisation en physique, en sciences de climat pour comprendre ce qui joue, mais cela manque de recul sur les freins aux changements de comportements.

Et puis on a filé en pause déj ! et là, je vais filer chopper le tram

Durant ce dernier aprem, @Izzie_Hb nous a lancé sur les cultures académiques. À la base de la réflexion : un rapport de la fondation @wellcometrust sur le ressenti des scientifiques vis a vis de leurs conditions de travail wellcome.org/reports/what-r…

Je vous rassure : il n'a pas été question de lire le rapport dans son intégralité (bien qu'il ait l'air aussi déprimant que riche), mais de discuter par groupe sur un format atelier tiré de ce rapport wellcome.org/what-we-do/our…

Cela nous a permis de confronter nos expériences/ressentis, et aussi de mettre en avant des initiatives, souvent locales, afin de corriger le tir. Comme d'habitude, les discussions ont fusé.

Le public présent était assez jeune et dans des situations comparables (majoritairement contractuel) : je serais bien curieux de ce que cela peut donner avec des profs/des DR.

Dernière présentation de la journée et de la conf : celle de @progedo, l'un des deux Très Grands Instruments de Recherche dédié aux sciences humaines, par Aliette Roux.

Les missions de Progedo sont multiples : réaliser des enquêtes à l'échelle européenne et favoriser la diffusion de données produites divers institutions à l'échelle locale via sa plateforme Quetelet quetelet.progedo.fr

Mot de la fin de @brice_beffara : on n'a pas révolutionné le monde en 3 jours, mais le comité orga espère que cela lancera des dynamiques, que des groupes de travail se lanceront, que les collaborations seront fructueuses