Thread by @gvissac

Voyons voir si j'ai bien compris la stratégie d'#Amazon pour faire son beurre sur le dos des petits (et au final tuer les petits). 👇

1) Commander des quantités déraisonnables d'exemplaire d'un livre lors de sa parution sans que l'éditeur puisse intervenir pour minorer sa commande (tout passe par le distributeur, au moment où nous recevons l'info que la commande est passée c'est déjà trop tard).

2) Dans 1% des cas, le livre "marche", Amazon est donc réactif et a du stock pour répondre à la demande, et peut anticiper ses réassorts. Dans 99% des cas le livre ne "marche" pas, Amazon s'est surstocké.

3) Face à la pandémie, réorganiser pendant le 1er confinement ses entrepôts et la gestion de son stock : moins de place pour le livre, c'est qu'il faut faire de la place pour tout ce qui relève de la consommation courante que les gens ne peuvent plus acheter qu'en ligne.

4) Fatalement, se débarrasser d'une partie de son stock, à commencer par les livres de petits éditeurs qui mettent du temps à s'écouler et dont on s'est approvisionné en trop grande quantité par spéculation.

5) Amazon s'en fout (les retours sont fait pour ça, ils seront crédités en retour par le distributeur) ; le distributeur s'en fout (il gagne de l'argent sur les flux aller ET sur les flux retour).

6) Pour apporter une solution qui l'arrange à un problème qu'il a lui-même posé, Amazon propose d'imprimer lui-même les livres POD à la place de l'imprimeur POD de notre distributeur. Comme ça seuls les livres commandés sont imprimés et plus de retours possibles.

7) L'éditeur est coincé et est obligé d'accepter pour limiter ses retours. Amazon devient imprimeur sous-traitant de l'imprimeur possédé par le distributeur, récupérant quelques points de marge dans l'affaire évidemment.

8) Amazon peut maintenant imprimer directement les ouvrages POD et expédier dans la foulée. Il n'a plus besoin des livres en stock déjà imprimés par l'imprimeur. Donc il les retourne !

9) Un livre en impression à la demande aura donc été imprimé, envoyé à Amazon, stocké pendant X mois, puis retourné et mis au pilon pour pouvoir être ré-imprimé, cette fois par Amazon, pour une économie de quelques centimes... qui se fait sur le dos du petit éditeur.

10) Depuis le début de l'année, Amazon nous a retourné pas loin de 300 exemplaires. Tout est pilonné par le distributeur. Tout est de l'impression à la demande.

11) Nous travaillons avec un distributeur. Nous ne pouvons pas ne pas servir Amazon quand il commande. Nous ne pouvons pas non plus opter pour une stratégie de détournement du type retirer le code barre de nos livres pour bloquer Amazon (code-barre imposé par l'imprimeur POD).

12) Pour un petit éditeur comme @publienet, c'est un poids conséquent. Et inutile de préciser que nous n'avons pas besoin de ça maintenant. Mais voilà, c'est en train d'arriver, par vagues, comme depuis plus d'un an.

13) On pourrait s'estimer heureux de participer ne serait-ce qu'infimement au voyage de Jeff Bezos dans l'espace (11 minutes) dans une fusée en forme de bite. Eh ben non. On est juste triste et en colère contre rien puisque derrière, il n'y a personne. Que des algorithmes.

14) Ce n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan de merde que déverse le "marché du livre" (pas seulement Amazon) sur les petits acteurs qui le nourrissent (pas que éditeurs mais libraires, auteurs, correcteurs, surdiffuseurs, et j'en oublie). Mais là c'est une goutte d'eau amère.

15) Il n'y a pas vraiment d'objectif à ce thread. Et l'idée n'est pas non plus de culpabiliser les clients d'Amazon (nous le sommes tous quelque part, parfois à notre insu, ou l'avons été). Juste de montrer un peu comment ce système de domination marchand fonctionne. Et pèse.

Merci pour tous ces partages : ). Bien sûr si vous voulez nous soutenir directement, c'est possible via le site @publienet : publie.net/boutique/ Nos livres sont aussi en librairie pour celles qui nous suivent, et commandables chez celles qui n'ont pas encore franchi le pas !