Louise Michel raconte le procès des communards, ouvert en août 1871. Elle-même prisonnière, elle n’y a pas assisté. C’est donc à la 3e personne et en s’appuyant sur des documents qu’elle décrit ce spectacle inique & grand-guignolesque :⤵️⚖️🪶 1/
« Deux mille places furent réservées à un public choisi ; les égorgeurs de l’armée régulière, au grand complet, y offraient le bout de leurs doigts gantés de blanc à des femmes richement vêtues, et le dos arrondi, les reconduisaient à leur place en saluant. 2/
On déniait aux membres de la Commune le titre d’accusés politiques, qu’on leur reconnut sans le savoir, par la condamnation de qq-uns d’entre eux, à la déportation simple ; peine essentiellement politique.🤔
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Les rapports des policiers avaient sous la haute direction de M. Thiers, été collectionnés en un dossier épouvantable et burlesque, travail tt préparé à la taille de celui qui en était chargé. 📚
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C’était le chef de bataillon Gaveau, sorti naguère d’une maison de fous, il acheva l’œuvre, en y mettant un cachet de démence. 5/
La presse réactionnaire poussa tant de hurlements autour des accusations que ts les esprits libres à l’étranger se révoltèrent.
Le Standard de Londres, jusque-là ennemi de la Commune, ne trouvait rien de + révoltant
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que l’attitude de la presse française du demi-monde autour de ce procès. » 7/
Le 16 décembre 1871, Louise Michel est jugée par le VIe Conseil de guerre à Versailles. Elle répond elle-même à ses juges en réclamant avec effronterie la liberté de tous. Pour toute défense, elle intime à la cour : « Si vous n’êtes pas des lâches, tuez-moi. »⤵️💣 1/
« M. le président : Vous avez entendu les faits dont on vs accuse; qu’avez-vs à dire pr votre défense ?
L’accusée : Je ne veux pas me défendre, je ne veux pas être défendue; j’appartiens tte entière à la révolution sociale, & je déclare accepter la responsabilité de mes actes.
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Je l’accepte tt entière et sans restriction. Vous me reprochez d’avoir participé à l’assassinat des généraux ? À cela je répondrais oui si je m’étais trouvée à Montmartre qd ils ont voulu faire tirer sur le peuple ;
3/
La guerre et la Commune sont un choc énorme pour le grand germanophile Ernest Renan. Il réfléchit aussitôt aux moyens de rétablir la civilisation européenne dans divers textes. Solution de génie (non) : la colonisation, au nom de chaque race à sa place.⤵️🌍 1/
« La colonisation en grand est une nécessité politique tt à fait de 1er ordre. Une nation qui ne colonise pas est irrévocablement vouée au socialisme, à la guerre du riche au pauvre.
2/
La conquête d'un pays de race inférieure, par une race supérieure, qui s'y établit pr le gouverner, n'a rien de choquant... 😱
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Le Figaro du 12 décembre 1871 présente en rez-de-chaussée un étrange poème épique et narratif : à Versailles, les députés refusent de regagner Paris et le Palais Bourbon. Comble : ce faux serment du Jeu de Paume pastiche Victor Hugo !⤵️😯 1/
« [...] A Paris chaque jour amène son émeute ;
Belleville et Pantin nous lâcheraient leur meute.
La révolution pour la 3ème fois,
Frères, ébranlerait la patrie aux abois.
Donc jurons, qd bien même aux gds jours de décembre
La neige inonderait la tribune et la Chambre ;
2/
Qd même le gd roi par la brise affolé
De son cheval d’airain descendrait tt gelé,
Qd même il nous faudrait, pr chauffer l’atmosphère
Mettre Baze lui-même en son calorifère,
Le 24 septembre 1871, René de Pont-Jest plaide en une du Figaro pour la grâce de Louis Rossel, officier rallié à la Commune et condamné à mort par Versailles qq jours + tôt.
L'argument de Pont-Jest ? Tout simplement le racisme de classe.⤵️📰🍒 1/
« […] Mais si cette condamnation, que l'opinion publique avait d'ailleurs prononcée d'avance, ns le reconnaissons, doit être acceptée par tous avec la soumission respectueuse dont nous avons trop perdu l'habitude en France pr les arrêts justement rendus,
2/
est-ce à dire pour cela que cet exemple donné d'une inexorable application de la loi, les cœurs doivent être fermés à tte pitié, et que Rossel soit véritablement indigne de toute clémence ?
Nous ne le croyons pas quant à nous, et sans nous laisser influencer par cet argument
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Le 14 septembre 1871, la très conservatrice Revue des deux mondes s’inquiète : la Commune de Paris pourrait inspirer les ouvriers du monde entier ! Accidentellement marxiste ?⤵️📰🔥 1/
« […] L’internationale n’est point sans donner des soucis aux gouvernemens. Les apologies de la commune de Paris et de ses + monstrueux excès ont retenti dans des réunions démocratiques. Dans certaines villes et tout récemment à Berlin, il s’est produit des grèves
2/
qui dénotent une organisation inquiétante. Les populations ouvrières s’agitent, enflammées et enrégimentées par des sectaires. Ce n’est rien peut-être jusqu’ici, demain ces mouvemens en se coordonnant peuvent devenir redoutables si les gouvernemens n’y prennent garde… »
3/
À Versailles, à l’été 1871, on enferme et on condamne des enfants. C’est ce que racontent aujourd’hui Louise Michel et P.-O. Lissagaray, dénonçant la criminalisation de la misère sur laquelle s'appuie la répression de la Commune :⤵️⚖️🚸 1/
Louise Michel :
« On jugea des petits enfants, les pupilles de la Commune ; ils avaient huit ans, onze ou douze ans, les plus grands quatorze ou quinze.
Combien moururent, en attendant la vingt-unième année dans les maisons de correction ! » 2/
P.O. Lissagaray :
« Qq jours après, devant ce Boisdenemetz, comparaissent 15 enfants de Paris. Le + âgé a 16 ans ; le + jeune, si petit qu’il dépasse à peine la balustrade des accusés, en a 11. Ils portent une blouse bleue et un képi militaire. 3/