1/ Mon roman pour enfants, « Trafic chez les Hurons », publié à la Courte Échelle il y a 20 ans, fait partie des livres détruits par des écoles en Ontario, apparemment dans un effort de réparation et de réconciliation avec les peuples autochtones. Qq réflexions.
2/ Des postes de radio m’ont demandé mes commentaires. J’ai refusé, car je crains que cette affaire ne soit instrumentalisée à des fins regrettables. Voici pourquoi.
3/ Mon petit roman porte notamment sur un pan peu reluisant de notre histoire, soit le recours à l’alcool par des marchands de fourrure qui faisaient la traite avec les autochtones dès le début de la colonisation, un fait historique qui mérite d’être connu par les enfants.
4/ Sa destruction m’étonne et me semble excessive.
5/ Mais je crains que cette controverse ne nous distrait du vrai scandale dont on n’a tjrs pas pris la mesure: la spoliation des terres autochtones et l’oppression des peuples autochtones par les Européens et leurs descendants, y compris au Canada et au Québec.
6/ La révolte grandissante des autochtones et les efforts de réparation sont les bienvenus. Toute remise en cause de l’ordre établi comportent tjrs des excès. La dénonciation des inévitables excès sert souvent à discréditer des discours et des revendications justifiés.
7/ La destruction de livres en Ontario vaut un débat, mais qu’elle ne nous fasse pas mettre de côté d’autres débats et d’autres scandales plus importants et qui devraient nous mobiliser de toute urgence:
8/ Manque de logements décents, absence d’eau potable, mortalité élevée dans plusieurs réserves...
9/ ... racisme ds les services de santé, absence de contrôle sur des territoires non cédés (comme les droits de coupe donnés à des cies forestières ds le parc de La Vérendrye ou des barrages en territoire innu), refus de reconnaître les infamies du passé, etc.
10/ Le retrait de certains livres des bibliothèques scolaires est souhaitable (même Hergé a fini par déplorer ses anciens préjugés). D’autres titres méritent d’y rester (dont les miens 🙂 ?). Le recours aux autodafés reflète un manque de jugement déplorable.
11/ Mais j’espère que cette affaire ne provoquera pas un nouveau déluge de commentaires ridiculisant les nécessaires prises de conscience. Ds ce cas comme ds d’autres, la parole devrait être donnée surtout aux premiers intéressés, en l’occurrence les autochtones.
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1/ Affaire Raoult à Radio-Canada. Comment se fait-il que la confusion règne encore dans les médias sur des notions aussi fondamentales que la vérité, la diversité, la liberté d’expression, la censure, l’intérêt public et les choix éditoriaux? Qq réflexions...
2/ On oublie parfois que le rôle premier des médias, c’est de chercher et de dire la vérité. Lorsqu’un « point de vue » contredit la vérité, ce n’est pas un « point de vue », c’est un mensonge.
3/ Un média peut bien sûr faire état de l’existence d’un mensonge, mais alors dans un seul but: montrer qu’il s’agit d’un mensonge.