Thread by @GuillaumeAuda

Sa brigade criminelle, compte tenu de son expertise, a été amenée à intervenir ce #13Novembre2015 hors de sa zone géographique. Ses effectifs étaient intervenus sur la scène terroriste de Charlie Hebdo en janvier 2015. #proces13novembre /166

L'enquêteur arrive aux alentours de minuit sur la scène de crime de la Belle Équipe. "La scène est forcément particulière dit-il. Les rues sont bloquées, il y a quelques badauds. Un espèce de silence qui dénote avec la violence des faits. C'est déroutant."
#procès13novembre /167

"Sur la terrasse de la Belle Equipe, il y a 13 victimes sous des draps blancs poursuit le policer. Des impacts de la fusillade à l'intérieur du bistrot. 1 restaurant à proximité a été réquisitionné, 1 poste médical avancé, où se trouvent 6 autres victimes." #proces13novembre /168

Le policier va diffuser un film pour appuyer son exposé. "Ce film, pris par un témoin, permet de visualiser la fin de l'attaque terroriste. On voit des 2 des assaillants. L'élément le + traumatisant est sans doute le son. Ils tirent sur tout ce qui bouge."
#proces13novembre /169

Les précautions d'usage sont prises par le président de la Cour. Il est indiqué à celles et ceux qui veulent sortir de la salle d'audience qu'ils le peuvent...
#procès13novembre /170

Tirs au coup par coup. Et tirs en rafale. Brutalité de la scène.Elle est filmée depuis un immeuble. Les assaillants ont posté leur véhicule, toutes portes ouvertes, et attaquent la terrasse de la Belle Equipe et 5 véhicules. On entend un "Allah Akbar".
#proces13novembre /171

Le policier montre une photo de la scène de crime à la Belle Equipe . On distingue les 13 corps, enchevêtrés, recouverts de draps. Il commente sobrement:"Chaos absolu. Extrême violence. Puissance de feu. L'image parle d'elle même." En effet... #procès13novembre /172

L'enquêteur expose les blessures de chacune des victimes découvertes. "L'ampleur des blessures est impressionnante" dit-il en appuyant ses constatations avec un dessin. il détaille les silhouettes A, B, C, D, E,F,G etc...Il donne leurs noms et âges. #proces13Novembre /173

L'une de ces "silhouettes", criblée de balles, était celle de Michelli Gil Jaimez, née le 9 avril 1986, tuée le #13Novembre2015. Elle était mexicaine, étudiante. Au Chat Bossu, où elle travaillait d'habitude, elle m'avait servi mille cafés, mille sourires. Paix à son âme.../174

Froidement, "médicalement" si je puis dire, le policier poursuit son exposé. Il donne le nom et la date de naissance des victimes et détaille les blessures qui ont entrainé leurs décès. Thorax, bas du dos, jambe droite, abdomen, coup, clavicules...Glaçant.
#proces13Novembre /175

Le policier rapporte à la barre le témoignage après coup de 2 médecins qui ont croisé la route du commando avant l'attaque de la Belle Équipe. "Ce soir l'État islamique est venu vous égorger. C'est pas une blague" a crié l'un des assaillants à leur adresse. #proces13Novembre /176

Qu'est-ce que le travail d'une brigade criminelle 1 soir de #13novembre ? "Nous étions choqués et tristes. Mais nous avions 1 mission pour permettre à l'enquête d'avancer dans les meilleures conditions si un élément avait du être découvert" dit le policier #proces13Novembre /177

Ce que l'on comprend de cet assaut. La Belle Équipe a constitué une cible d'opportunité. Le véhicule des assaillants est passé une 1ère fois devant, effectué un demi tour pour passer à l'attaque. La terrasse était bondée ce #13Novembre2015. On fêtait deux anniversaires... /178

Comme ceux qui l'ont précédé à la barre, le récit de ce policier de la Clim' de Versailles est extrêmement précis et détaillé. À la différence de ses collègues toutefois, lui ne laisse passer que très peu d'émotions. Il s'exprime sobrement, le timbre clair. #proces13Novembre /179

L'enquêteur répond aux questions des avocats des parties civiles. L'un d'eux, qui représente 1 jeune femme décédée ce soir là, interroge le policier avec précision. Il cherche à savoir qui a tué qui à la Belle Équipe, si Abaoud a tué celle qu'il représente.
#proces13novembre /180

Le policier, compte tenu de sa mission de constatation à la Belle Équipe, se dit incapable de répondre à ce type de questions. Pour autant le questionnement de cet avocat est instructif et démontre le très haut niveau de précision exigé lors de ce #proces13novembre /181

À nouveau, #Abdeslam prend la parole pour commenter les images et vidéos qui ont été montrées. "Si on ne met pas ces vidéos dans leur contexte je ne peux que les désavouer. Mais si on le met dans leur contexte, je les approuve." Bruissements dans la salle
#proces13novembre /182

#Abdeslam poursuit : Des françaises et des Français musulmans ont émigré. Et la France les a tué, les a assassiné. Si la France compte ses morts, nous nous avons arrêté de les compter."...La salle d'audience se fige...#proces13novembre /183

Avant d'être une 1ère fois interrompu par le pdt de la Cour, #Abdeslam enchaine : "On peut se faire la guerre mais la porte du dialogue reste ouverte." Forte rumeur Le juge Périès:
- Vous allez le contester mais il y a de la provocation dans votre discours
#proces13novembre /184

Le président de la Cour, fermement mais calmement recardre l'accusé : "Ce n'est pas en tirant à la Kalashnikov sur des terrasses, une salle de spectacle, en se faisant exploser au Stade de France qu'on dialogue M. #Abdeslam."
#proces13novembre /185

Laissez moi terminer exige #Abdeslam. Il poursuit, il est levé, Il regarde le président de la Cour : La France a attaqué la 1ère. Le 13 novembre était inévitable.
Vous pouvez éviter d'autres 13 novembre.
C'est ce que je veux dire quand je parle de dialogue.
#proces13novembre /187

Stupeur, désapprobation, yeux écarquillés dans la salle d'audience. Le pdt se montre plus ferme. Il hausse le ton pour interrompre #Abdeslam : "on parle de personnes physiques qui ont été abattus M. Abdeslam."
Ok je vais conclure répond l'accusé.
#proces13novembre /188

Salah #Abdeslam conclut ainsi son intervention :

- "On parle de terroristes. Mais ces terroristes sont mes frères..."
Il se rassoit.

Suspension de séance. La Cour se retire. L'accusé numéro a jeté un immense froid dans la salle d'audience.

#proces13novembre /189

Nb : Cette fois-ci ce ne sont pas les journalistes qui ont parlé de "provocation" pour décrire les propos d'#Abdeslam (terme que certains avocats de La Défense avaient désapprouvé) mais bien le président de la Cour qui a commenté ainsi sa prise de parole.
#proces13novembre /190

J'ai questionné Vincent, victime du #13novembre sur les déclarations d'#Abdeslam. “Ça m'a fait rire ironise-t-il. Cette nuit là ils avaient le pouvoir. Aujourd'hui c'est l'inverse. Le rapport de puissance n'est plus le même. Et ça, Salah Abdeslam le sait.” #proces13novembre /191

L'audience a repris. Un nouvel enquêteur témoigne. Il détaille ses constatations au Comptoir Voltaire. L'attentat suicide n'a tué personne. Mais a fait de nombreux blessés. La ceinture a mal fonctionné. À présent, le policier montre le film de l'attaque.
#proces13novembre /192

C'est très rapide. Difficile à soutenir. L'assaillant entre dans le bistrot, c'est Brahim #Abdeslam, le frère de Salah. Comme chacun dans la salle, l'accusé n.1 voit son frère kamikaze se faire exploser quasi immédiatement au milieu des clients attablés. #proces13novembre /193

Un détail relevé par l'enquêteur de la Crim'. À leur arrivée sur les lieux dit-il, les secours ont tenté de réanimer Brahim #Abdeslam, parmi les autres victimes. Puis ont découvert des fils électriques sur son corps comprenant qu'il s'agissait du kamikaze..
#proces13novembre /194

Sur ce point, l'avocate d'1 des réanimateurs de Brahim #Abdeslam: -Mon client a-t-il couru 1 danger en massant le kamikaze, sa ceinture ayant partiellement explosé? L'enquêteur ne peut répondre.
Ici on découvre comment les avocats élaborent leurs stratégies
#proces13Novembre /195

17:10. Fib de l'audience. Reprise mercredi avec le commissaire divisionnaire Christophe Molmy, le chef de la BRI qui est intervenue au #Bataclan. Merci à celles et ceux qui suivent ici ce compte rendu du #proces13Novembre.
Il sera long et promet de nombreux développements. /196

Fin*

Jour 10 du #proces13novembre. Début de l'audience.
À la barre, le chef de la BAC 75 au moment des faits. Il est intervenu au Bataclan. D'emblée, il tient à dire aux victimes et proches de victimes que "tout a été fait et même au delà pour sauver le plus grand nombre de vies."/197

D'une voix presque éteinte, le policier relate son vendredi #13novembre2015. "Une soirée banale" dit-il. Soirée banale doncavec son lot d'interventions classique. Sauf que ce soir là, 2 premières informations remontent. Explosion au Stade de France puis fusillade rue Bichat. /198

En route vers le SDF, une autre explosion est annoncée sur les ondes. Puis une autre fusillade rue de la fontaine au Roi. "Grande confusion sur les ondes". Je fais stopper mon véhicule. 1ère décision, nous rebroussons chemin vers Paris avec mon équipier.#proces13novembre /199

A nouveau en onde police, l'annonce d'une autre fusillade. "De mémoire il était 21h47. On parle de coups de feu au Bataclan." Le policier fonce vers la salle de spectacle. A pleine vitesse, sans gyrophare. Découverte de corps gisants au Bataclan Café #proces13novembre /200

D'autres clients du café expliquent qu'une attaque est en cours à l'intérieur du Bataclan. Les 2 policiers entrent dans la salle. Une porte s'entrouvre. Une masse compacte s'en enfuit détaille-t-il. #proces13novembre /201

"Cette masse a 1 visage et une voix. le visage d'une femme aux cheveux châtains clair, prostrée qui s'enfuit. Et la voix d'un homme qui crie : vite ma femme est à l'intérieur!" raconte le commissaire.
#proces13novembre /202

Le commissaire poursuit son récit. On saisit son sang-froid absolu face à la situation qu'il s'apprête à découvrir au #Bataclan. “Ma 1ère impression c'est : ça y est. On y est... On savait qu'un attentat aurait lieu.” se remémore-t-il #proces13novembre /203

À l'intérieur du Bataclan, ça tire à l'arme de guerre. "Il faut qu'on y aille. On a un échange de regards avec mes collègues. Je leur dis : On y va. Mon coéquipier ne répond pas. Mais dans son regard, je sais qu'il valide." rapporte le commissaire. #proces13novembre /204

"Lorsqu'on entre à l'intérieur il y a d'abord l'éclat des spots, la lumière blanche très puissante. Et puis des corps. Aucun mot ne peut décrire ce que nous avons vu. Les gens s'étaient jetés les uns sur les autres. Un tapis de corps..." décrit le policier #proces13Novembre /205

Le commissaire est seul avec son coéquipier. Lorsqu'il entre il se dit : "On ne ressortira peut-être pas." Et poursuit: Le contraste est puissant entre l'extérieur et l'intérieur de la salle. Une fois entrés, plus rien. De la fumée...des corps entassés..." #proces13Novembre /206

Il faut imaginer le courage absolu de ces deux hommes face à une scène de guerre apocalyptique. "Nous progressons vers la gauche raconte le commissaire. Le silence règne. Puis sur la scène, une voix s'élève : Couche toi au sol !" #proces13Novembre /207

Sur la scène, un assaillant vêtu de noir met un en joue un spectateur qui semble résigné à mourir. "Pour nous c'était le seul survivant. je me suis avancé jusqu'à pour ajuster mon tir et pris ma visée comme sur un stand de tir." raconte le commissaire #proces13Novembre /208

Le commissaire poursuit son incroyable récit : "j'ai préféré tirer dans son corps plutôt que sur sa tête, trop petite à cette distance. Je ne savais pas à ce moment là qu'il était porteur d'une ceinture explosive. J'ai tiré 4 fois. Mon coéquipier 2 fois." #proces13Novembre /209

"On sait qu'on a touché l'auteur puisqu'il a poussé un gémissement." indique le policier à la barre. A ce moment là, Samy Amimour s'affaisse. Puis explosion retentit. Le terroriste vient de se faire sauter. Les deux policiers ne réalisent pas encore. #proces13Novembre /210

À ce moment, les policiers voient "une sorte de crépitement, une pluie de confettis. ça s'avèrera être de la chair humaine..." Le policier poursuit :"Nous pensions que les comparses avaient jeté une grenade ou qu'il s'agissait de feux d'artifices scéniques" #proces13Novembre /211

Immédiatement après leur intervention, des tirs nourris dans leur direction. Les 2 policiers s'abritent derrière les pylônes de la salle de concert. L'otage a réussit à s'enfuir. Les 2 hommes lui on sauvé la vie. Le commissaire dit avoir revu ce spectateur. #proces13Novembre /212

Ces 2 policiers, seuls face au chaos, ont agi héroïquement. Ils n'en ont pas conscience. À la barre, le commissaire confesse :"on a pris quelques secondes pour dire au revoir à nos proches. Pour nous, on allait mourir, c'était écrit..."#proces13Novembre /213

Face aux assaillants et leurs armes de guerre, les policiers font pâle figure. Ils n'ont que des pistolets en guise d'armes de poing. Le commissaire raconte qu'il décide à se moment là de se replier pour voir si des renforts étaient arrivés . #proces13Novembre /214

Le commissaire se remémore les ombres rasantes, les bruits de pas, un chargeur qui tombe, un bruit de culasse qui claque..."On pensait qu'un des auteurs allait sortir sur nous. Mais l'ombre a disparu." poursuit-il sobrement devant la Cour. #proces13Novembre /215

Récit absolument saisissant du commissaire. Impressionnant de sang froid et de courage. Il raconte avoir secouru une autre "ombre", un otage qui essayait de s'enfuir, un commissaire de police hors service qui leur donne des détails sur les assaillants. #proces13Novembre /216

"Instinctivement poursuit le policier à la barre, j'ai pensé qu'il fallait y retourner."
- Son collègue : Patron ! Il faut attendre la BRI.
- Non assène le commissaire. On attend pas, on y retourne. Mes collègues m'ont suivi. Admirables de courage. #proces13novembre /217

"Cette fois, on savait à quoi s'attendre. Plus terrible encore que lors de notre 1ère entrée. Les munitions manquaient. Nous n'avions que notre courage à opposer aux terroristes. Mais notre courage ne suffisait pas" Analyse froide et lucide du Commissaire.#proces13novembre /218

"On sentait à présent la mort se propager. La fosse était à découvert." Récit glaçant du policier qui poursuit : "Des otages nous demandaient : 'qu'est-ce que vous attendez ! ils vont nous tuer !'. On cherchait à les rassurer comme on pouvait..." #proces13novembre /219

Vers 22h20 la BAC 75N arrive sur les lieux, équipée d'armement lourd, des fusils à pompe, des fusils mitrailleurs. Le policier raconte avoir dit à ses collègues : "on va rentrer et quoi qu'il arrive, on ne recule pas."
Impressionnant.
#proces13novembre /220

Au delà de son récit devant la Cour d'assises spéciale, c'est d'un sens du devoir extraordinaire dont témoigne le commissaire. "Nerveusement, ça devenait insupportable pour moi. J'ai décidé d'aller dans la fosse pour aller chercher des victimes" relate-t-il #proces13novembre /221

Il faut imaginer à ce moment là le sang froid absolu dont il faut faire preuve. Le récit est glaçant. "Les victimes étaient alourdies par le sang dans lequel elles avaient baigné. Nous étions parfois deux ou trois pour les extraire de la fosse." #proces13novembre /222

Cette scène à présent, complètement folle : "J'ai en tête l'image d'un mes collègues. Il a été chercher un petit garçon de 5 ans sous le corps d'une victime dans la fosse. l'enfant était venu avec sa maman. Il avait un casque anti bruit sur les oreilles." #proces13novembre /223

Le commissaire raconte que certains des otages du Bataclan remerciaient les policiers tandis que paniqués, choqués, d'autres les insultaient, leur reprochant de ne pas être intervenu assez tôt...Voici ce que ces hommes ont enduré en pleine apocalypse... #proces13novembre /224

Au Bataclan l'un des survivants lui a dit : "merci, grâce à vous, je vais revoir mes enfants".
À la barre le commissaire commente très sobrement: "Quand on est policier, ça marque."
#proces13novembre /225

Puis l'assaut au Bataclan a été donné par la BRI. À ce moment là, le commissaire et ses hommes sont été libérés. Il conclut: "On est rentrés au service tous ensemble. On s'est réconforté et on est rentrés. Et puis, on a essayé de revivre comme avant..." #proces13novembre /226

Pour être honnête le récit du commissaire a emporté l'assistance. Courage, héroïsme, sens du devoir en plein chaos. Et à la barre, humilité, sobriété, précision.
L'engagement de ce policier et de ses hommes force l'admiration. Celle du président notamment. #proces13novembre /227

Pour information, c'est ce qu'il indique à la barre, ce commissaire de police et son coéquipier ont été décoré de la légion d'honneur. Les effectifs de la BAC75 intervenus en renfort ont reçu des médailles de la sécurité intérieure. #proces13novembre /228

"L'objectif dans ce type d'intervention relève le commissaire, répondant à une question, c'est de tirer vers les assaillants. Il faut faire diversion pour attirer le feu vers nous et épargner le + de victimes possibles. C'est pas par bravoure.."
Admirable. #proces13novembre /229

Le commissaire quitte la barre après plus de 2h et demi de déposition .Ce fut une plongée inédite au coeur du Bataclan. Dans la peau d'un héros qui a risqué sa vie pour en sauver d'autres. L'homme a été remercié à +sieurs reprises. Suspension de séance. #proces13novembre /230

L'audience a repris. C'est Christophe Molmy qui témoigne . Le #13novembre il a dirigé l'assaut de la colonne BRI RAID au Bataclan. 22:25, il découvre la scène de crime. "l'Odeur de sang qui prend à la gorge. Des corps partout. L'odeur de poudre entêtante.” #proces13novembre /231

"Certains nous on reproché d'avoir été lents. Notre progression n'était pas très dynamique en effet. ça a duré une éternité. Je me rappelle avoir ouvert une porte de WC et trouver 5 ou 6 otages. Certains sortaient des faux plafonds. " raconte le policier. #proces13novembre /232

A 23h. le bas du Bataclan est sécurisé. 23h15 la colonne BRI établit un 1er contact avec les terroristes à l'étage. Ils fixent un ultimatum et menacent de tuer les otages. expriment leurs revendications politiques.4 nvx contacts à 23h27..29..48 et 00h18.
#proces13novembre /233

Selon Christophe Molmy, rien ne pourra être tiré des échanges avec les terroristes retranchés. Le dialogue s'effectue également entre les otages à l'intérieur. Il demande l'autorisation d'intervenir. "Tactiquement, le temps jouait contre nous.#proces13novembre /234

Le préfet de police de Paris Michel Cadot lui donne l'autorisation d'intervenir. Christophe Molmy parle d'ascenseur émotionnel. "Intervenir ou pas, ou pas tout de suite, espérer ou non une libération d'otages" Le processus de décision est infernal.
#proces13novembre /235

"00h18, le téléphone avec lequel nous échangeons avec les terroristes sonne à nouveau. Je prends la décision d'intervenir. Tactiquement le couloir dans lequel nous nous engageons, c'est ce qu'il y a de pire." témoigne le policier. #proces13novembre /236

"Il ya une 30aine d'otages dans la loge du 1er étage. Et 2 assaillants. La porte s'ouvre. Le 1er de colonne avance derrière son bouclier. Les otages sont au sol. On les extrait sous un feu extrêmement nourri. Les terroristes se replient" raconte-t-il #proces13novembre /237

Christophe Molmy poursuit. "Le 1er de colonne fait chuter son bouclier au sol comme un pont levis. Mais il avance à découvert vers les assaillants repliés dans les escaliers, c'est vous dire la détermination de cet homme" Avec le recul, oui, c'est admirable #proces13novembre /238

L'ex chef de la BRI explique qu'ils ont réussi à sortir les otages et fait replier les terroristes avec des grenades aveuglantes et incapacitantes. "On a continué à avancer dans des conditions très dégradées car on y voyait plus rien" détaille-t-il #proces13Novembre /239

Sur place, le 1er terroriste s'est fait sauter. "C'est très impressionnant raconte Christophe Molmy. Il faut imaginer le blast qui nous soulève du sol. Heureusement personne n'est blessé. Tout est parti vers le plafond. Le 2ème terroriste a été abattu." #proces13Novembre /240

"Les derniers otages en loge sont sortis. Un démineur les protège. Il est couché sur le corps d'un des assaillants qui avait son gilet. Il a fait une sorte de pont pour leur permettre d'enjamber le corps. ça aurait pu exploser... "raconte le policier. #proces13Novembre /241

L'assaut au Bataclan a pris fin vers 1h15 du matin. Christophe Molmy rappelle à la barre la fierté d avoir eu à commandér ses hommes dans de telles circonstances. "C'était une intervention quasi impossible..." souligne-t-il. #proces13Novembre /242

Sur l'autorisation d'assaut donné par le préfet Cadot, ce détail que livre Christophe Molmy. "Il m'attrape le bras : Christophe, ça va bien se passer ? Je lui dis que non.
Il fallait accepter l'idée de pertes acceptables chez les otages et les opérateurs". #proces13Novembre /243

Christophe Molmy est interrogé par le président Périès sur le temps pris par la BRI entre son arrivée au Bataclan et l'intervention. Sur le papier ça a paru durer une éternité... et beaucoup de temps pour réaliser qu'une prise d'otage est en cours. #proces13Novembre /244

Réponses opérationnelles très instructives de l'ex chef de la BRI au moment des faits :"Bien sûr qu'il fallait aller vite. 1er point, il faut sécuriser le RDC. S'assurer qu'aucun terroriste ne s'est infiltré parmi les spectateurs. ça a duré 1/4 d'heure. #proces13Novembre /245

"Il faut imaginer poursuit Christophe Molmy nous étions au milieu de corps qui tiraient nos pantalons pour être sauvés. On a d'abord fait sortir les valides. Les freinant pour éviter les mouvements de panique." #proces13Novembre /246

"Puis on s'occupe des blessés qu'on extrait pas comme des sacs de sable, poursuit Ch. Molmy. On monte à l'étage à 23h00. On met un 1/4 d'heure à atteindre la porte, on marche sur des corps, glisse sur du sang, il faut rassurer les survivants qu'on croise" #proces13Novembre /247

Il se passe 1 heure environ entre le moment où la colonne BRI est devant la porte de la loge et le moment où l'assaut est donné relève le président de la Cour.Pourquoi faut-il une heure à la colonne pour intervenir demande-t-il ? #proces13Novembre /248

"Une heure c'est très court répond Christophe Molmy. On a des contacts vocaux d'abord. puis téléphoniques. On négocie. On nous aurait d'ailleurs reproché de ne pas avoir tenté de négocier. Puis il faut obtenir les autorisations. Du préfet, et plus haut." #proces13Novembre /249

Christophe Molmy détaille ces instants suspendus, irréels avant de lancer l'assaut: "Je retourne voir mes hommes pour les préparer. Tous ont souhaité intervenir. Devant, on place les plus solides. Ils ne l'ont pas verbalisé mais ils s'imaginaient mourir..." #proces13Novembre /250

"Si nous avions su à notre arrivée qu'une prise d'otage était en cours, nous aurions procédé autrement. Nous aurions monté une colonne d'intervention plus rapidement à l'étage, malgré les risques. Mais je ne l'ai pas su." explique Christophe Molmy #proces13Novembre /251

Christophe Molmy, qui témoigne en tant que partie civile, livre des détails sur le négociateur BRI. C'est lui qui avait géré la négociation avec Amedy Coulibaly lors la prise d'otage de l'Hypercasher en janvier 2015. #proces13novembre /252

"Dès le 2ème coup de téléphone avec les terroristes souligne Christophe Molmy, le négociateur a compris qu'il n'y avait rien à tirer d'eux, que l'assaut était inévitable. Ils étaient calme mais beaucoup moins structurés que Coulibaly, c'était sa référence." #proces13novembre /253

La salle d'audience est quasi pleine. Il y dans l'assistance des victimes du Bataclan. L'une d'elle est en fauteuil roulant, équipée d'un intubateur pour faciliter sa respiration. Elle écoute depuis de si longues heures... Sans sourciller. Immense courage #proces13novembre /254

Christophe Molmy a répondu aux questions d'avocats de parties civiles. Il a fermement évacué les polémiques, et faits erronés..., notamment soulevées par des questions de Me Morice sur les dysfonctionnements des autorités lors de la gestion de la crise. #proces13novembre /255

Audience levée. Le président remercie à nouveau Christophe Molmy.
Les débats reprennent demain jeudi à 12h30.

#proces13novembre /256

L'audience du #proces13novembre a repris. Aujourd'hui à la barre, Bertrand Ludes, l'ancien patron de l'Institut Médico Légal (IML). Ce médecin légiste st l'homme qui a fait "parler les morts" du #13Novembre2015 si l'on peut dire. Avec lui on entre en salle d'autopsie. /257

Bertrand Ludes a dirigé les op. médico légales après les attentats du #13Novembre2015 et ainsi les autopsies "des corps et/ou de fragments de corps" précise le médecin légiste. Pour:
-établir causes et circonstances des décès
-relever tout indice de crime
#proces13novembre /258

Les équipes de l'ex patron de l'IML ont procédé à leurs analyses 10 jours durant sur "123 corps et 17 fragments de corps" détaille-t-il. "69 autopsies et 83 examens externes sur des corps en bon état de conservation, le reste malheureusement non"
#proces13novembre /259

Près de 70 personnes ont travaillé en continu et urgence au sein de l'IML dans l'espace "décès en grand nombre grandes catastrophes, capacité 200 personnes" explique Bertrand Ludes qui poursuit: "le 1er corps est arrivé le 14nov à 6h00, le dernier à 10h50"
#proces13novembre /260

L'analyse médicale exposée par le médecin légiste à la barre donne 1 idée très précise de la violence des assauts du #13Novembre2015 en terrasses et au Bataclan : "Lesions cranocérébrales majeures, traumatismes thoraciques, lésions abdominales..." le détails sont frappants.
/261

"Les ceintures explosives utilisées par les assaillants n'ont tué qu'une personne, (Manuel Dias) au stade de France" relève le médecin légiste à la barre. Quand on sait la puissance TATP des gilets explosifs utilisées pour ces ceintures, c'est un miracle...
#proces13novembre /262

Par ailleurs, détaille Bertrand Ludes, "on a retrouvé des projectiles intacts ou préservés (munitions 7.62mm d'AK47) dans 1/3 des corps autopsiés. Par le fait de ricochets ou de balles ayant traversé plusieurs corps...
pas de blessures par arme blanche."
#proces13novembre /262

L'exposé de Bertrand Ludes a été concis, froid, précis. C'est cela, entre autre, qui concourt à la manifestation de la vérité. Cela permet également de se figurer le travail de médecins légistes dans de telles circonstances. Il faut avoir les nerfs solides
#proces13novembre /263

"Rappelez nous dans ces opérations médico légales, le rôle de la radio, le rôle des scanners ?" demande l'avocate générale. Bertrand Ludes répond de façon métronomique, évoque les atteintes lésionnelles internes qui permettent de deviner les organes touchés
#proces13novembre /264

Et précise qu'il s'agit là de l'approche théorique. "Les blessures sur les victimes ont entrainé de telles hémorragies que nous ne distinguions pas toujours les organes touchés." C'est pourquoi radio et scanners ont été utilisés.
#proces13novembre /265

Décrire et décortiquer la nature des blessures de chaque victime... Établir les faits et participer en tout point à la manifestation de la vérité... Indéniablement la machine judiciaire est lancée. Cette étape médico légale est éprouvante, nécessaire...
#proces13novembre /266

Comment ne pas se demander ce qui se passe dans la tête des accusés ? Confrontés à la mécanique du procès, à sa froideur clinique et mortifère, réalisent-ils à l'ampleur de ce qui a été commis le #13Novembre2015, le comprennent-ils ? Ou est-ce trop tôt ?#proces13novembre /267

Côté parties civiles, on imagine facilement l'émotion vécue dans la salle d'audience. Elle a bruisse à plusieurs reprises. Émotion traduite par les Q° posées par les avocats des parties civiles au médecin légiste. Me Bibal et Reinhart sont à l'offensive.
#proces13novembre /268

Il est question ici du temps très bref, très contraint, qui a été accordée aux familles pour identifier presque à la chaine le corps de leurs défunts, se recueillir. "Un traumatisme sur le traumatisme, une douleur sur la douleur" insiste Me Reinhart.
#proces13novembre /269

"Des familles n'ont eu que 5 min pour se recueillir" abonde Me Reinhart. Le médecin légiste s'excuse. "Si ça s'est passé comme ça j'en suis désolé..."
- ça s'est passé comme ça ! tonne et tremble 1 voix féminine dans la salle. Peut-être celle d'une maman...
#proces13novembre /270

Les questions posées à l'ex-patron de l'IML par les expérimentés Me Bibal, Reinhart et Chemla sont bcp + sèches que celles posées les jours précédents aux policiers. Il faut pourtant imaginer dans quelles conditions extrêmes ont travaillé les légistes...
#proces13novembre /271

On est tenté de se demander à quoi cela sert de soumettre le médecin légiste à un tel feu roulant de questions. Sur l'organisation en urgence des identifications et recueillement pour les familles, l'erreur d'identification d'un corps que relève très longuement Me Mouhou... /272

C'est un des enjeux ici. Comment articuler l'émotion légitime des parties civiles, l'impact immense sur les familles qui revivent ces instants douloureux, et la froideur technique des constatations médicales, si le procès #13Novembre2015 est avant tout celui des accusés ? /273

C'est probablement sur cette ligne de crête qu'est nichée la vérité judiciaire, celle qui jaillira à l'issue du procès des attentats du #13Novembre2015, dans 9 mois, en mai prochain.../274

2 exemples pour illustrer ce questionnement. “Pour donner 1 idée à ses clients, leur permettre de se reconstruire” Me Virginie Le Roy demande au médecin de détailler les derniers instants de vie de Thomas Hayad décédé après une tentative de réanimation ... #proces13novembre / 275

On oscille ici entre émotion et manifestation de la vérité. Autre exemple. Me Mouhou très - trop? - longuement revenu sur une erreur d'identification d'un corps, interrompu par le président Périès: “C'est bon Maître, on a compris qu'il y avait eu erreur...”
#proces13novembre /276

À la barre après interruption de séance, une fonctionnaire de la Sous Direction Anti Terroriste (SDAT). La référente "gestion des victimes en cas de tuerie de masse" pour la police judiciaire. Elle a dirigé "l'atelier victimes" du pôle enquête #13Novembre2015. /277

La policière insiste sur l'aspect majeur de l'atelier victimes en cas de tuerie de masse. "Il reflète dit-elle ce que doit être la réaction de l'État face à un tel événement. Le bilan que nous établissons doit être juste, consolidé, scientifique".
#proces13Novembre /278

"Je tiens à prévenir la Cour que mon exposé risque de raviver des souvenirs particulièrement douloureux pour les victimes et familles de victimes. C'est aussi très douloureux pour nous." indique la fonctionR de la SDAT, débit rapide et propos structuré.
#proces13Novembre /279

L'exposé policier d'identification des victimes est éminemment technique. La policière de la SDAT montre de nombreux organigrammes sur grand écran. Sa rigueur scientifique, impressionnante, raconte s'il le fallait à quel point ce travail est essentiel #proces13Novembre /280

En clair, on annonce pas n'importe comment et sans certitude absolue à une famille le décès d'1 proche. Il faut avoir à l'esprit les circonstances exceptionnelles dans lesquelles ont travaillé les policiers de l'atelier victime, en continu du 13 au 23 nov. #proces13Novembre /281

Selon la fonctionnaire de la SDAT, "11 erreurs ont été recensées, parfois malgré une reconnaissance de la famille" Elle ajoute: "Nous avons fait l'objet de nombreuses pressions pour donner un bilan des décès et des blessés..." #proces13Novembre /282

Rappel à ce stade, le bilan des attentats du #13novembre2015 s'élève à 130 décès et 875 blessés dont 675 pour le seul Bataclan. 41 hôpitaux ont été mobilisés relève cette officier SDAT, sur fond de confusion sur les scènes de crime, lors des constatations.
#proces13Novembre /283

La fonctionnaire de la SDAT, si méthodique jusqu'alors, craque à la barre lorsqu'elle évoque les erreurs. Elle ne retient pas ses sanglots. Moment intense. Elle parle d'une famille qui cherchait sa fille au Bataclan, restée si longtemps sans nouvelles...
#proces13Novembre /284

"Les difficultés ont été nbreuses. On a élaboré des retour d'expérience pour améliorer les procédures, on a fait des exercices interdisciplinaires. J'espère que les frustrations des victimes & de ceux qui constatent seront réduites à l'avenir" conclut-elle
#proces13Novembre /285

La commissaire SDAT a terminé. Son récit a été marqué par 1 moment intense, 1 instant suspendu où elle a cherché à étouffer ses sanglots. Elle a d'abord contenu un sourire nerveux, jeté un oeil vers le box des accusés, puis craqué en poursuivant son exposé. #proces13Novembre /286

À ce moment, elle n'a pas pris son temps, comme le lui avait proposé le président de la Cour. La commissaire a poursuivi son propos, digne et méthodique. Son dernier slide sur grand écran: "En hommage à toutes les victimes du terrorisme et à leurs proches." #proces13Novembre /287

Fin de l'audience. Reprise des débats demain à 12:30. Petite info pour conclure. Ça peut apparaître anodin, voire absurde de le relever, mais Salah Abdeslam arbore une nouvelle coiffure. Ses cheveux, qu'il portait mi-longs, sont désormais coupés courts.
#proces13Novembre /288