Thread by @GuillaumeAuda

12ème journée du procès des attentats du #13Novembre2015. À la barre deux experts ce vendredi. Le premier, un expert généticien a présenté ses travaux de relevé d'empreintes, notamment sur la Clio noire conduite par Salah Abdeslam et les armes utilisées par les assaillants /289

On retiendra la Q° posée par Me Martin Vettes, l'un des avocats de Salah #Abdeslam à l'expert en génétique :
- "A-t-on retrouvé l'ADN d'Abdeslam sur les armes et les chargeurs ?"
- "Non, je ne l'identifie pas."
- "C'est bien ce qu'il m'avait semblé, merci."
#proces13Novembre /290

Actuellement à la barre un expert en explosif explique le fonctionnement des 9 ceintures explosives du #13Novembre2015 à base de TATP, un explosif artisanal obtenu en mélangeant de l'acétone, de l'eau oxygénée et un acide (sulfurique).
#proces13novembre /291

Le TATP utilisé dans les ceintures explosives était humide, afin d'en faciliter le transport (de Belgique en France). C'est probablement pour cette raison, indique l'expert, que la puissance explosive des ceintures du #13Novembre2015 n'était pas maximale... /292

Echange entre Me Olivia Ronen, l'avocate de Salah #Abdeslam et l'expert sur le mécanisme de déclenchement des gilets. Un choc, un changement thermique, la chaleur...cela peut-il entrainer l'explosion du TATP ?
Il n'y a pas d'études répond-il.
#proces13Novembre /293

Il poursuit : "la réglementation nous interdit de fabriquer du TATP. On en fabrique des micros-quantité."
Me Ronen : "C'est à dire que manier un produit si instable pourrait exposer les vies de vos agents ?"
- Tout à fait répond-il.
#proces13novembre /294

Un policier de la SDAT est à la barre. Il avait témoigné lundi dernier. Cette fois-ci il expose les revendications des attentats du #13Novembre2015 par l'Etat islamique.
"l'action projeté la plus aboutie hors du califat" souligne-t-il
#proces13novembre /295

Pourquoi l'#EI soigne t-il sa propagande ?
- séduire sa base, renforcement moral de ses sympathisants.
- Ciblage d'objectifs.
- Favoriser le passage à l'acte
Notamment via la publication multilingue Dabiq, et Dar al Islam (en version française)
#proces13novembre /296

"Le djihad médiatique, c'est la moitié du djihad". Le SDAT 99 rappelle cette maxime attribuée à Ayman Al Zawahiri, N°2 d'Al Qaïda. Il présente les productions médiatiques de l'#EI, parle des anasheed, chants a capela notamment produits par les frères Clain.
#proces13novembre /297

L'organigramme "complexe" de la structure médiatique de l'#EI est présenté à la barre.
"l'#EI ne revendique jamais un attentat dont l'auteur est en fuite" expose le SDAT99. Il montre des exemples de revendications.
#proces13novembre /298

Les revendications les plus sophistiquées correspondent à l'apogée militaire de l'#EI, 2014-2015. Celle du #13novembre2015 a été feuilletonnée explique le policier SDAT. Elles ont fournie de précieux indices souligne-t-il.
#proces13novembre /299

La 1ère revendication de l'#EI, intervient le 14 novembre 2015 au matin. Vie telegram, sur support écrit et audio, celle des frères Clain qu'on écoute en ce moment en salle d'audience, elle est intitulée : "l'attaque bénie sur la France croisée"
#proces13novembre /300

La voix des frères Clain est immédiatement reconnue dit l'enquêteur SDAT. Celle de Fabien pour la revendication et celle de Jean-Michel pour l'anasheed.
Il rappelle leur itinéraire djihadiste, évoque Olivier Corel, de son vrai nom Abdel Ilah Al-Dandachi
#proces13novembre /301

Dès leur arrivée en Syrie, 2014 et 2015, les frères Clain s'imposent au sein de l'#EI dit le SDAT99. Mais au delà de leur rôle de propagandiste, les frères Clain avaient 1 rôle de planification d'attentats comme l'enquête le détaillera poursuit l'enquêteur.
#proces13novembre /302

2 éléments interpellent explique l'enquêteur.
L'erreur factuelle sur le bilan (la revendication parle de 200 morts)
Et la localisation d'un attentat dans le 18ème à Paris. "On sait qu'Abdeslam y a abandonné sa Clio noire" détaille le policier SDAT.
#proces13novembre /303

L'enquêteur montre la Une du 19 novembre du magazine Dabiq et le titre "Just Terror" qui présente les attentats du 13 novembre comme une opération parmi d'autres.
Puis la Une du 30 nov. de Dar al Islam (en français) avec le titre "La France à genoux"...
#proces13novembre /304

L'enquêteur SDAT99 explique que la photo du chaos total au Bataclan largement diffusée sur les réseaux sociaux le 14 novembre au matin est également montrée dans ce numéro de Dar al Islam.
#proces13novembre /305

La vidéo de revendication #EI du #13novembre2015, montage très sophistiquée, façon production hollywoodienne est à présent montrée dans la salle d'audience. Salah #Abdeslam ne quitte pas l'écran des yeux.
#proces13novembre /306

Silence de cathédrale dans la salle d'audience. Les images de la nuit du #13novembre2015 montées par l'#EI, où l'on voit et entend notamment Abdelhamid Abaoud, sont toujours aussi glaçantes, 6 ans après.
#proces13novembre /307

La propagande classique, en français, de l'#EI est présentée dans cette vidéo projetée sur le grand écran et sur les 7 autres écrans TV de la salle d'audience... Images d'entrainement militaire en Syrie, d'exécution et de décapitations (expurgées) etc.
#proces13novembre /308

La vidéo a été publiée le 24 janvier 2016. Abaoud s'y exprime pendant 3 minutes 46. Comme dans la vidéo, souligne le SDAT99, Abaoud a répété à bord de sa voiture, juste avant le carnage de la Belle Equipe : "l'#EI est à Paris ce soir pour vous égorger" ...
#proces13novembre /309

Le 24 janvier 2016 est une date importante. La vidéo #EI a été publiée après la dernière identification formelle. Celle d'Akkrouh 10 jours plutôt. Tous les protagonistes du #13Novembre2015 figurent dans cette vidéo de 17 minutes...sauf Salah #Abdeslam.
#proces13novembre /310

L'enquêteur de la SDAT souligne qu'aucune image inédite n'a été tournée le #13novembre2015 par l'#EI, contrairement aux instructions données à d'autres membres par le passé, sur d'autres théâtres (le Thalys par ex). "ça a été un grand soulagement" dit-il
#proces13novembre /311

L'enquêteur SDAT fait référence à la vidéo d'exécution du pilote jordanien brûlé vif (janv 2015) sur laquelle apparaissent plusieurs combattants en uniforme. Dont Ousama Krayem, cheveux longs, actuellement dans le box des accusés.
#proces13novembre /312

Lors de ses interrogatoires, rappelle l'enquêteur SDAT, Osama Krayem avait expliqué que cette uniforme militaire, sable, leur avait été donné pour cette vidéo, puis repris."Ce qui souligne la volonté de l'#EI de soigner sa com" explique-t-il devant la Cour
#proces13novembre /313

L'enquêteur SDAT souligne que "La poursuite du feuilleton revendications démontre la volonté de l'#EI de capitaliser sur son succès. Mais leur exploitation par l'antiterrorisme a été particulièrement utile pour l'enquête."
#proces13novembre /314

"Les nouveaux éléments #EI publiées suite aux attentats du 22 mars 2016 ont été décisifs dans l'avancée de l'enquête" poursuit l'enquêteur SDAT. Les noms de guerre des protagonistes décédés du #13novembre y apparaissent notamment. #proces13novembre /315

"À travers ses revendications feuilletonnées, l'#EI a en réalité livré de nombreux éléments sur la conception du #13novembre2015 explique l'enquêteur SDAT. Il en ressort que la validation la planification et l'exécution à été ordonnée au plus haut niveau.
#proces13novembre /314

Le SDAT99 dit d'Osama Krayem, dans le box, qu'il a bénéficié d'un très haut niveau de confiance au sein de l'#EI. Krayem a rencontré Al Adnani "le ministre des Attentats", a conçu des engins explosifs, fait partie de brigades d'élite, a combattu à Kobané...
#proces13novembre /315

L'enquêteur SDAT, admettant qu'il n'en a pas la preuve, laisse entendre qu'il est inimaginable que l'#EI n'ait pas réalisé de vidéo mettant en scène Osama Krayem en vue d'un éventuel attentat, présumement prévu aux Pays-Bas. Dans le box c'est le plus gradé de l'#EI. /315

Échange entre Me Nogueras et l'enquêteur SDAT sur les nasheed. L'avocat de M.Amri insiste sur la définition que donne le SDAT99 de ces chants religieux. "Pronent-ils systématiquement la violence ?"demande l'avocat. "J'avoue ne pas savoir" admet le policier
#proces13novembre /316

En réalité, les nasheed sont des chants religieux assez classiques en Islam. Me Nogueras sous entend qu'en trouver chez sont client ne serait pas donc significatif.
C'est important en vue de la Défense à venir de M. Amri qui a convoyé Abdeslam de Paris à BX
#proces13novembre /317

Fin de l'audience et de la 3ème semaine du #proces13novembre.
Merci à toutes et tous pour le suivi.
Et à mardi au palais de justice, où débutent pour 5 semaines les témoignages des parties civiles, victimes du #13Novembre2015. Ce sera très fort. Et poignant. /318

Jusqu'ici nous avions entendu les dépositions des enquêteurs, ponctuées d'acrimonies, celles de Salah Abdeslam...Aujourd'hui ce sont les victimes des attentats qui témoignent à la barre.
Pendant 5 semaines...300 parties civiles ...la chair à vif. #proces13novembre
/319

“À la barre, une partie des victimes auront l'intention de s'adresser directement aux accusés " rapporte à LCI @Arthur_Dvx, rescapé du Bataclan, pdt de @lifeforparis. À ce moment-là, seule une vitre blindée et qques mètres sépareront victimes et accusés...
#proces13Novembre /320

Jour 13. #proces13Novembre. Les débats vont bientôt reprendre. Il y a dans la salle d'audience, au 3/4 pleine, cette rumeur si particulière qui précède les grands moments. Dans qques instants les victimes vont prendre la parole, pour 5 semaines, et dire les larmes, la peine /321

Les accusés ont pris place sur leur banc depuis une 1/2 heure. Certains ont le visage fermé. D'autres n'expriment rien. Tous savent que certaines victimes ont l'intention de se tourner vers eux, à qques mètres à peine, lorsqu'elles témoigneront à la barre. #procès13novembre /322

Parmi les accusés, Salah Abdeslam est très apprêté. Il porte une veste grise sur un pull ras du cou, noir. "C'est son moment, il a besoin d'exister face à la Cour" commente l'1 des avocats. Il aura ce jour face à lui l'Égyptien Walid Youssef, blessé au SDF #proces13Novembre /322

13h08 "l'audience est reprise, veuillez vous assoir" indique le président Périès qui vient de faire son entrée avec la Cour. On commence avec de nvlles constitutions de parties civiles. Elles peuvent en principe se constituer jusqu'au réquisitoire, en avril
#proces13Novembre /323

À l'instant, se constituent parties civiles - via leur avocate Me Claire Josserand-Schmitt - des membres du groupe Eagles of Death Metal : Jesse Hughes, Matt McJunkins, et Shawn London qui jouaient au Bataclan, le soir du #13Novembre2015 .
#proces13Novembre /324

1 controverse agitait ces jours-ci les débats. Des victimes refusent de divulguer l'intégralité de leur identité, exprimant des craintes. Le pdt Périès tranche. Il faudra le faire et "respecter cette règle impérative." La presse s'abstiendra si c'est exigé.
#proces13Novembre /325

Le 1er témoin qui s'avance à la barre est un retraité de la gendarmerie. Il était major au sein d'un régiment de cavalerie de la Garde Républicaine. Le #13Novembre2015 , il patrouillait à dos de cheval, avec 10 cavaliers, aux abords du Stade de France.
#proces13Novembre /326

"L'une des cavalière, rapporte l'ex- gendarme a eu un contacts avec l'un des 3 terroristes. Il lui a demandé où se trouvait le Mc Do, ajoutant qu'elle avait de très beaux yeux...". Il relate la 1ère déflagration, les hurlements entendus "bande d'enculés"...
#proces13Novembre /327

L'ex cavalier entre dans les détails, découvre un corps mutilé au sol. Il s'excuse auprès des victimes concernées dans la salle d'audience ."Il y a une jambe au sol. Qu'est-ce que fabrique un mannequin ici dans la rue ?" se demande-t-il. Puis il réalise.
#proces13Novembre /328

"Le corps dont il s'agissait était celui de Manuel Dias (la seule victime décédée au SDF)" poursuit-il la voix étranglée. Dans la salle d'audience, au fond, une femme éclate en sanglots. Elle est réconfortée par une psychologue et l'une de ses voisines. #proces13Novembre

"Nous étions les 1ers sur la scène, dit l'ex garde républicain, il fallu absorber le choc, comprendre ce qu'il se passait, et enfin appliquer les gestes de 1er secours que nous avions appris. C'est la scène la plus difficile en 35 ans de carrière."
#proces13Novembre /330

L'ex gendarme étouffe difficilement quelques sanglots à la barre. "Je n'ai pas été blessé, ni boulon ni rien" dit-il. Mais il a voulu porter une marque indélébile du #13Novembre2015. "Je me suis fait tatouer pour ne jamais oublier. Je ne parle plus de cela" #proces13Novembre /331

Son souhait : que les Cavaliers de la Garde Républicaine ne soient pas négligés dans le rôle qui a été le leur, ni pour le traumatisme subit. Le président Périès rappelle que toutes les victimes seront traités de la même manière, terrasses, Bataclan et SDF
#proces13Novembre /332

Un 2ème témoin, membre de l'unité de transport de la Garde Républicaine. Il raconte la 1ère explosion au Stade de France, l'extrême sidération. Il a le timbre hésitant, il hache son récit, il a la voix haute et tremblante. Il est post-traumatisé dit-il.
#proces13Novembre /333

L'homme poursuit, abimé "Je garde en moi le souvenir de la 2ème explosion. Le bruit, l'odeur...ce tronc humain, coupé en 2...le sang partout...en rentrant chez moi, je n'ai pas fait face. Ma famille comprend que ça ne va pas. J'ai du mal à manger et dormir"
#proces13Novembre /334

Plus il avance dans le récit plus son intonation est forte et plus sa voix tremble...et il assène son message : "Le terrorisme c'est la terreur, la terreur dans les familles...je voudrais parler de ma femme, de mes enfants...des victimes indirectes."
#proces13Novembre /335

"Moi je suis post-traumatique confesse-t-il...il y a eu un avant et un après #13Novembre2015. Je suis blessé de l'intérieur. Je ne m'en remettrai jamais. ils ont détruit des familles entières. Quel cour le prenne en compte !" supplie l'homme en concluant.
#proces13Novembre /336

Puis un jeune gendarme, en uniforme. Sa voix chavire très vite après le début de son récit au Stade de France. Sanglots, silences, profondes inspirations, lesquels tranchent avec la dignité de l'homme en uniforme.
"prenez votre temps" lui conseille le Pdt.
#proces13Novembre /337

Plus ce Garde Républicain avance dans son récit, plus on sent à quel point il est encore bousculé. Il a cette anecdote."Un jour dans le RER, j'ai fixé intensément un homme de confession musulmane. S'il arrive quelque chose, ce sera lui ..." se rememore-t-il
#proces13Novembre /338

C'est ça un syndrome post traumatique. L'utra-vigilance, la peur irraisonnée, l'ultra méfiance qui s'installe, s'insinue peu à peu. Le gendarme charge sa hiérarchie intermédiaire et supérieure. "Peu se sont souciés de mon état, ont réalisé ce que j'endure."
#proces13Novembre /339

Après le témoin suivant, plutôt remis de son traumatisme, un autre gendarme en uniforme. Il parle de l'onde de choc après la 1ère explosion, "quelque chose qu'on ne connait pas et ça c'est terrible.En rentrant j'avais des bouts de chair dans les cheveux"..
#proces13Novembre /340

Il parle à nouveau du traumatisme indirect que subissent les familles de celles et ceux qui ont vécu de près ou de loin ces attentats..
- ma thérapie c'est de vivre en outre mer" confie-t-il
- Un endroit fort sympathique, convient emphatique le président

#proces13Novembre /341

Répondant à la question d'une des avocates, le gendarme conclut, en larmes, avec ces mots :
"Mon histoire je l'ai écrite. Ce ne sera certainement pas un best-seller. Mais c'est ce qui restera, ce que je léguerai à mes enfants."
C'est puissant.
#proces13Novembre /345

À présent, le chef d'escadron de la Garde Républicaine au Stade de France, le soir du #13novembre2015. Il raconte, la 1ère explosion: "1 souffle, un silence de mort puis un cri, excusez moi des termes : bande d'enculés, bande d'enculés. Un nuage de fumée."
#proces13Novembre /346

"Je découvre le corps de Manuel Dias, agenouillé, les yeux ouverts. Il est mort. Il y a les restes d'un autre corps. Des membres, des fils électriques. Et là je pense Kamikaze, Danger, Explosion" poursuit le chef d'escadron de la Garde Républicaine.
#proces13novembre /347

Incroyable de professionnalisme, ils raconte entrer en mode "Secourir, renseigner, Enquêter. Mes militaires sont perdus mais agissent. On fait effacer des photos de badauds. Nous n'avons pas réussi à toute les faire effacer. Elles justifient ma présence."
#proces13Novembre /348

Puis, la 2ème explosion et ces mots, très forts.
"J'entends les cris, la joie à l'intérieur du SDF. Et deux mondes inconciliables. La vie et la mort, la désolation autour de moi. C'est une image qui me hante encore. À partir de là, j'ai peur de mourir."
#proces13Novembre /349

Sidération absolue, des cris, le chaos. On imagine ce qui traverse l'esprit de ce gendarme à la barre. Ses silences, fréquents, sont éloquents. Ils disent si finement ce qu'il a vécu. Il le formalise ainsi :"mes hommes et moi étions totalement paniqués"
#proces13Novembre /350

Il raconte avoir désobéi à l'ordre donné par un commissaire de police sur les lieux après les explosions.
"Dégagez, dégagez, dégagez ! m'a-t-il dit. J'ai refusé et maintenu mes effectifs considérant que nous n'étions pas assez nombreux à ce moment-là".
#proces13Novembre /351

À la barre, ce chef d'escadron charge lui aussi sa hiérarchie qui a peu accompagné ses hommes post traumatisme dit-il. Sous l'oeil d'ailleurs des gendarmes qui assurent la sécurité de la salle d'audience. Forcément, ses propos ont un écho très particulier.
#proces13Novembre /352

En fait, ce qui se dessine à travers les témoignages des cavaliers de la Garde Républicaine, c'est qu'ils se sont sentis "lâchés" par une hiérarchie "sourde" de la Gendarmerie Nat qui, visiblement, n'a pas mesuré l'intensité de leur stress post traumatique.
#proces13Novembre /353

L'enjeu ici, pour ce chef d'escadron de la Garde Républicaine, a été d'initier un processus de reconstruction personnel, face à une hiérarchie aveugle. Et pousser ses 13 hommes à finalement porter plainte pour que soient reconnus leur statut de blessé...
#proces13Novembre /354

C'est un combat que décrit ce gendarme à la barre. Le combat d'un homme qui s'est battu pour son honneur de blessé psychologique du #13Novembre2015. Incompris par sa hiérarchie jusqu'au refus du port sur l'uniforme de la Médaille des Victimes du Terrorisme. #proces13Novembre /355

Ce gendarme le dit explicitement à la barre. Il ne comprend pas pourquoi le ministère de la Défense refuse aujourd'hui encore que les militaires portent sur leur uniforme cette Médaille de victime du terrorisme. Quelle charge contre sa hiérarchie !
#proces13novembre /356

Il conclut dans un sanglot. Ce nuit du 13 novembre au SDF, 1 victime m'a attrapé la jambe, elle me disait : "Ne m'abandonnez pas, ne m'abandonnez pas, ne m'abandonnez pas...Si j'ai désobéi M. le Pdt c'était pour ne pas l'abandonner."
Interruption de séance.
#proces13novembre /357

Une anecdote avant la reprise. Pendant les auditions le président Périès a tout à coup tempêté: "Mais c'est invraisemblable !" Un avocat a alors quitté la salle d'audience, cherchant à étouffer son téléphone sur lequel retentissait...un appel à la prière.
#proces13novembre /358

Dans ce contexte particulier beaucoup s'en sont étonné dans la salle d'audience. Cet avocat, vraisemblablement Égyptien, est proche de Walid Youssef, Égyptien lui aussi, blessé au Stade de France le #13Novembre, qui va témoigner tout à l'heure à la barre.
#proces13novembre /359

Reprise des débats. À la demande de l'avocate d'une des parties civiles, plusieurs vidéos du Stade de France, versées au dossier, sont montrée. Documentent le chaos après la 1ère et la 2eme explosion. Où l'on voit en effet les gendarmes sur les lieux.
#proces13novembre /360

Sophie Dias, la fille de Manuel Dias, seule victime décédée au SDF, se présente devant la Cour. Elle commence son récit. Le #13novembre2015, elle était au Portugal pour préparer son mariage. Elle savait que son père est au Stade de France.
#proces13novembre /361

Elle découvre, via une chaîne de TV portugaise, que des attentats ont lieu à Paris, au Bataclan. Elle appelle quand même son père, pour se rassurer. Elle insiste une quinzaine de fois, sans réponse. Elle cherche à obtenir des informations, à tout prix.
#proces13novembre /362

Sophie Dias lis un texte qu'elle a rédigé. D'une voix blanche. On lui a annoncé à +sieurs reprises que son père ne figurait pas sur la liste des décédés. Pourtant, elle et sa famille restent sans nouvelles. Elle est perdue. Les infos sont contradictoires.
#proces13novembre /363

Et le "monde s'est effondré" dit-elle lorsque la nouvelle est confirmée. Son père, Manuel Dias, est mort. A commencé alors "le long parcours de combattant". Froideur. La reconnaissance du corps qu'elle refuse à l'IML, ne sachant dans quel état il se trouve.
#proces13novembre /365

"Mon papa était un papa cool souligne sobrement Sophie Dias. Mais le long combat pour faire reconnaître cette perte physique et psychologique continue. Les contacts sont insupportables avec les experts du fonds de garantie . "
#proces13novembre /366

"Ils sont froids. Minimisent nos propos. Avec comme unique objectif de faire appel.C'est éprouvant insiste Sophie Dias. Cela fait 5 ans qu'on est expertisé. C'est inhumain d'exiger autant d'explications 5 ans après. Nous nous sentons abandonnés par l'Etat."
#proces13novembre /367

En substance, Sophie Dias a conclut en exigeant un Devoir de Mémoire. "Au Stade de France, ce n'est pas un passant qui a été tué comme cela a été dit parfois dans la presse. C'est Manuel Dias...mon père."
#proces13novembre /368

Lui s'avance lentement devant la Cour. Le bruit du moteur électrique de son fauteuil roulant emplit la salle.
Il s'agit de Bley Mokono, vigile venu assister au match avec son fils et 1 ami au Stade de France. Il dit que son fils était inquiet ce 13 novembre
#proces13novembre /369

Il détaille sa soirée. Il est au snack, avec son fils cet son ami. Il repère quelqu'un de "bizarre" que lui désigne son fils. Il se le dit aussi. Bley Mokono se souvient d'avoir frôlé le terroriste peu de temps avant qu'il n'actionne sa ceinture explosive.
#proces13novembre /370

"Et puis Boom !" raconte Bley Mokono, là...une énorme explosion. Son récit emporte la salle d'audience. Sa voix monte, elle tremble, elle vacille. Le chaos, des lambeaux de chair et puis la disparition quelques instants de son fils qu'il ne retrouve pas...
#proces13novembre /371

"Pas mon fils, pas mon fils !! se dit-il alors. Qu'est-ce que je vais dire à sa mère ? Que je ne suis même pas capable de défendre mon fils ???" Bley Mokono raconte les attentats qu'il a vécu en Algérie, comment il a pris des balles pour protéger des civils
#proces13novembre /372

Un gaillard à la barre. 1m95, 140 kilos, aujourd'hui en fauteuil roulant. Son récit à nouveau. Un CRS lui demande comment est son fils:"Noir comme moi. Non blanc, en fait il est métisse." Il vient de le retrouver. Pour la 1ère fois il a vu son père pleurer
#proces13novembre /373

Quelle force dans son récit. Il y a de la rage, de l'émotion, des larmes dans la voix de Bley Mokono. "Que les accusés ne croient pas que je pleure pour eux. Je pleure de rage." poursuit-il. Il est Musulman. Et là il assène une leçon d'Islam aux accusés.
#proces13novembre /374

A plusieurs reprises il tourne la tête vers les accusés dans leur box : "le premier devoir d'un Musulman c'est de ne faire de mal à personne, ni aux vieillards, ni aux enfants. On me demande dans mon éducation de pardonner. Mais j'ai du mal, je l'avoue..."
#proces13novembre /375

Bley Mokono raconte comment il a perdu l'usage de ses jambes...ses envies de suicide..."l'un des moyens pour me rebâtir, ça a été l'orgueil, un péché en Islam dit-il tout bas..." Il ne s'accepte pas en fauteuil roulant. Quelle force à la barre. Quelle force
#proces13novembre /376

"On me dit résilience. Quelle résilience ?? Non ! Résistance ! ils m'ont massacré!" Les propos de Bley Mokono chavirent la salle d'audience. Certaines victimes la quittent, aidés par des psychologues...
#proces13novembre /377

Bley Mokono s'interroge, la voix brûlante : "Pourquoi moi je suis vivant, pourquoi alors que Manuel Dias est mort, alors que mon cousin est mort à la Belle Equipe ? Moi j'aurais voulu mourir face à eux !" Il tourne à nouveau la tête vers le box des accusés.
#proces13novembre /378

"Je suis Musulman, noir, issu d'un quartier populaire. J'ai toute les raisons d'être stigmatisé. Mais j'ai jamais cru au racisme, je crois à la compétence ! tonne Bley Mokono. C'est ça que je veux qu'ils voient, qu'ils entendent les accusés..."
#proces13novembre /379

"Toutes ces personnes sont mortes car on leur reprochait de vivre ? Et nous on va aller s'occuper de leurs familles parce qu'ils ont tué les notres ? poursuit-il, la gorge nouée, les yeux rougis. J'attends maintenant qu'ils assument HAUT et FORT !"
#proces13novembre /380

Voilà un homme en fauteuil roulant, Bley Mokono, qui ce mardi 28 septembre 2021, a témoigné Debout face à la Cour, les yeux dans les yeux, face aux accusés, leur a crié son #13Novembre2015 et les jours qui suivirent.
Un témoignage incandescent. Puissant
#proces13novembre /381

Cet homme, Bley Mokono, je le vois tous les jours au procès. Il n'a pas manqué une journée. Il m'a toujours intrigué. Par pudeur, je ne l'ai jamais questionné. Il porte un cordon rouge, ne souhaitant pas parler à la presse. Et là, je découvre son histoire.
#proces13novembre /382

Plusieurs victimes quittent la salle d'audience. Certaines s'arrêtent auprès de Bley Mokono, lui glissent quelques mots, lui prennent la main, le remercient pour ses mots à la barre, qui résonnent encore dans les esprits, resteront longtemps en mémoire.
#proces13novembre /383

Une femme le suit à la barre. Elle ne souhaite pas que son identité soit révélée par la presse. Elle raconte son traumatisme, la voix claire. Et l'écrou de 18mm qu'on a retiré de sa joue. "Je veux bien le verser au dossier mais je souhaite le conserver."...
#proces13decembre /383

Son témoignage est une plongée dans la souffrance sourde, silencieuse, que l'on ressent après un tel traumatisme. La vie change, l'humeur aussi. La sienne. Tout éclate. Et puis ce Stade de France que les gens semblent oublier, écarter du #13Novembre2015... #proces13novembre /384

Elle a ces mots : "Ces kamikazes ont mis un terme à la carrière que j'aurais pu mener, pour sauver des vies, sur des terrains de guerre. Je veux que les accusés l'entendent..." Cette jeune femme est effondrée, au plus profond d'elle-même. C'est troublant.
#proces13septembre /385

"Je participe à des programmes scientifiques d'écoute. Si mes séquelles peuvent faire avancer la science, ce sera ça de gagné dit-elle calmement. Et puis je me demande comment je vais raconter cela à ma fille. "Long silence. "C'était confus pardonnez moi."
#proces13Novembre /386

Et à présent à la barre, un homme âgé. Il était chargé des palpations au Stade de France le #13Novembre2015. Il a la voix forte d'un comédien des années 70/80. Presque celle de Michel Galabru. Son récit est très bref. Très coloré aussi.
#proces13Novembre /387

Il explique:"Je me suis retrouvé à l'hôpital. Le lendemain mon voisin de chambre branche la TV. Je vois Paris en guerre. Et le Stade de France. Et bien ça je connais! Une infirmière court et éteint. C'est comme ça que j'ai su que c'était un attentat !!"
#proces13Novembre /388

Un autre homme à la barre. Il dit "je vais pas pleurer, je suis un combattant." Parfois les silences en disent plus long que les témoignages. Il s'interrompt dans son récit...inspire bruyamment. Silence encore. Puis il quitte brusquement la salle, en larmes
#proces13novembre /389

Les témoins se succèdent. Les récits intimes. Les souffrances silencieuses. Les vies déboussolées, 6 ans après les faits. On mesure ici et maintenant à quel point les 5 prochaines semaines vont être dures. Pour celles et ceux qui racontent, avant tout.
#proces13novembre /390

L'homme qui a quitté la salle est de retour. Il surveillait la billetterie du SDF. Mohamed Amghar tient à finir son récit : "Une fois par semaine, je vais au Père Lachaise. Je regarde les tombes et j'ai l'impression qu'une partie de moi est à l'intérieur".
#proces13novembre /391

À présent, Walid Youssef, Égyptien, blessé au Stade de France le #13Novembre2015, il s'exprime en arabe : "mon seul point commun avec ces hommes dans le box, c'est notre langue. Pour le reste, nous sommes totalement différents." dit-il en préambule.
#proces13novembre /392

Le #13novembre, en visite en France, il avait décidé au dernier moment d'assister au match France Allemagne. Il descend d'abord au Parc des Princes. Puis comprend que la partie a lieu au SDF. Il a acheté son billet à un vendeur clandestin. #proces13novembre /393

Il raconte avoir couru pour ne pas rater le début du match. Se précipite vers la porte H, puis l'explosion brusquement. "Je me suis senti soulevé de terre. Un sifflement intense dans mes oreilles. J'ai cru alors que je perdais la vie."
#proces13novembre /394

"C'est aux équipes de secours que je dois ma présence ici. Ils ne savaient pas quelle était ma nationalité, ni m'a religion. Ils ont juste sauvé la vie d'un homme. C'est la différence entre les gens qui sauvent et les gens qui tuent." raconte Walid Youssef
#proces13novembre /395

"Après 8 jours de coma, j'ai vu ma mère et mon frère, effondrés. J'étais en France pour soutenir mon frère, dans sa maladie. À cause des attaques, je ne pouvais plus l'aider. Mon corps a reçu 8 projectiles, dont 3 que je vais garder à vie. " poursuit-il
#proces13novembre /396

Il raconte sa souffrance physique, les opérations chirurgicales, les 100 jours en soins intensifs, les interventions qui échouent...Walid Youssef s'assoit. Il paraît encore épuisé, 6 ans après. "Mais je souffrais beaucoup plus lorsque je voyais ma mère..."
#proces13novembre /397

"Ma mère alternait les visites entre 2 hôpitaux. Le mien et celui de mon frère. Jusqu'en mai et son décès, de maladie. Moi je souffrais tellement que ma mère est restée avec moi. Elle n'a pas pu assister aux obsèques de mon frère en Egypte." poursuit-il.
#proces13novembre /398

Walid Youssef raconte qu'on l'a soupçonné, via les réseaux sociaux, et des reportages en Egypte, qu'il était l'un des assaillants du #13Novembre2015. "ça m'a profondément choqué. Mais le plus dur a été de ne pas passer plus de temps avec mon frère..."
#proces13novembre /399

"Quand je suis arrivé en France je pensais que j'allais rester une semaine. Je suis resté 2 ans et demi lors de la première période...Depuis, je fais des allers/retours entre l'Egypte et la France." C'est un jeune homme très marqué qui témoigne à la barre.
#proces13novembre /400

Son visage est éteint. Sa voix est claire. Il porte une veste noire sur une chemise blanche. Assis, prostré, les épaules en avant, ses mains liées entre les jambes. Il dit tristement ne plus avoir de projet familial...
#proces13novembre /401

Me Maklouf questionne Walid Youssef sur les récentes déclarations d'Abdeslam. "Ce sont des déclarations d'ignorant, celle d'un Islam qu'ils ont inventé. Chez nous ils entrent dans des mosquées et des églises. Ils tuent et vont recommencer"
Audience levée.
#proces13Novembre /402